Année scolaire 2017-2018 : La rentrée est là, exigeante et avide de renouveau, exhortant
En toute logique, il ne devrait pas en être autrement. Tant il est vrai que les uns reviennent requinqués par quelques jours de vacances et les autres, par plus d’un mois de repos bien mérité. Cette rentrée a deux caractéristiques essentielles. La première est d’ordre politique, marquée par la reprise effective des activités du gouvernement après deux semaines de vacances.
Les décideurs politiques reprennent du service et cela ne manque pas de susciter de l’espoir dans certains cœurs pressés de les voir rouvrir des dossiers qui les intéressent au plus haut point. Dans la même veine, d’autres affichent plutôt des appréhensions diverses par rapport à des décisions pénalisantes qui pourraient être prises à leur égard. Toutefois, dans l’ensemble, les Ivoiriens ont différentes préoccupations dont la satisfaction rentre, très certainement, dans le registre des décisions que devront prendre les pouvoirs publics, quand ils se retrouveront. Au nombre de celles-ci, figure en bonne place la cherté de la vie. Une réalité qui se pérennise, se consolide, pour ne pas dire qu’elle s’aggrave au quotidien. Et cela, en dépit des résolutions et autres dispositions prises pour la contrer.
Les cinq produits que sont le ciment, l’huile, le riz, le sucre, la tomate, dont les prix ont été plafonnés pour une durée de six mois, sont encore achetés à plusieurs endroits à des prix toujours élevés. La répression officiellement engagée depuis le 12 août contre tous les commerçants réfractaires à cette disposition nationale, répression que les populations ne ressentent pas du tout sur le terrain, n’émoussent point l’ardeur de nombre de ceux-ci à continuer de maintenir à la hausse les coûts de ces produits. Réfugiés qu’ils sont continuellement derrière le sempiternel argument selon lequel ils écoulent de vieux stocks acquis avant la prise de la décision portant sur le blocage des prix des produits précités. Ou encore toujours prompts à verser un bakchich aux agents chargés de les épingler, afin que ceux-ci les ignorent pour de bon.
Il y a aussi l’application effective de la limitation proportionnelle du nombre de mois de caution et d’avance sur le loyer des habitations. Lesquels ne doivent plus excéder deux mois chacun. Une décision des pouvoirs publics appréciée de nombre d’Ivoiriens, mais dont la mise en exécution inquiète plus d’un locataire. Ici, l’on attend plus d’assurance et de détermination nécessaires à la faisabilité de la décision. Ils sont du reste légion ceux qui ne croient déjà pas à son efficacité, avant même que le projet de loi dont il fait l’objet vienne à être adopté par le Parlement.
A côté de ses attentes à caractère économique, il y a celles qui n’arrêtent pas d’enflammer les chapelles politiques dans la perspective de la présidentielle de 2020. D’abord au sein même de l’alliance que constitue le Rhdp, singulièrement au niveau de ses deux poids lourds que sont le Rdr et le Pdci où les discours et autres propos sont devenus, depuis quelques mois, plutôt contradictoires, arborant même, par moments, des relents de division… En tout cas, bien loin et différents de ceux pouvant conduire à une quelconque unification des partis qui composent cet attelage. Que devient concrètement cette noble ambition ?
Voilà une question à laquelle la rentrée politique pourrait aider à répondre. Tout comme elle devrait aussi pouvoir nous situer sur les querelles de leadership, règlements de compte et d’appréciation de la gestion et du bilan politique qui minent, depuis quelque temps, le Rdr. Un parti au sein duquel un bon nombre de frustrés n’arrête pas de grogner matin, midi et soir, au fur et à mesure qu’approche la date du troisième congrès du Rassemblement des Républicains qui doit s’ouvrir le 9 septembre. C’est, du reste, ce qui fait le grand intérêt de cette rencontre. Ici aussi, les militants attendent quelques éclairages sur l’état actuel de l’alliance Rdr-Pdci, pour savoir dans quel sens évoluer.
La seconde caractéristique de cette rentrée est, bien évidemment, d’ordre scolaire. Une période bien connue des parents d’élèves, pour le stress, l’angoisse et les multiples difficultés qu’elle engendre. On pourrait dire qu’à chaque rentrée scolaire correspond une autre réalité. Mais ce qui demeure récurrent et surtout redouté de tous est assurément les contraintes financières qui en résultent. Tant il est vrai que la puissance publique n’est toujours pas parvenue à donner la pleine satisfaction aux parents relativement à l’application stricte de l’interdiction des frais fantaisistes qui leur sont imposés chaque année. Et ce, en dehors même de ceux homologués par le ministère de l’Education nationale.
Outre les communiqués et autres interventions médiatisées venant rappeler ladite interdiction, aucune opération de suivi de grande envergure et sérieusement bien menée n’est conduite pour identifier et interpeller les réfractaires dans les établissements. Voilà une réalité qui autorise, de fait, nombre de parents à penser qu’il s’agit tout simplement d’une parodie d’initiatives entreprises contre les chefs d’établissement véreux. Sans plus. Et du coup, des liens de connivence sont légitimement très vite établis entre ceux-là et ceux qui ont la charge de faire appliquer l’interdiction. A quand la fin de tout ceci ?
MOUSSA TOURE