France: Les confidences de Nicolas Sarkozy
C’est la rentrée médiatique pour Nicolas Sarkozy. Pour la première fois depuis sa défaite à la primaire de la droite, l’ancien président s’exprime. Pour ce faire, il a choisi Émile, le magazine de l’association des écoles Sciences po, dans un numéro à paraître fin août et dont le JDD a pu lire quelques extraits. L’ex-chef de l’État y évoque notamment Emmanuel Macron, dont il loue la transgression.
« Sans rupture des habitudes, sans pensées libres, il n’y a pas de progrès. [...] Macron y est arrivé, c’est vrai, et ce n’est pas si facile », reconnaît- il.
Nicolas Sarkozy en profite pour lui prodiguer quelques conseils, alors que la popularité d’Emmanuel Macron est en chute libre. « Le président français doit être un grand Européen. Il faut proposer un nouveau traité.
C’est très important, insiste-t- il. Ensuite, le calendrier du président de la république est simple : c’est tout de suite. Tout ce que vous ne faites pas en juillet, vous ne le ferez pas en septembre, et tout ce que vous ne faites pas en septembre, vous ne le ferez pas en décembre.
Voilà pourquoi le calendrier n’attend pas. C’est notamment vrai pour la baisse des impôts. Troisièmement, la question de la réforme de la justice. La justice est un pouvoir indépendant, il ne peut pas exister de pouvoir sans contre-pouvoir, sans équilibre des pouvoirs. Quel contre-pouvoir ? C’est une question très difficile. »
On renaît d’un échec professionnel.
Dans le sillage de son retour à la tête de l’UMp en 2014, Nicolas Sarkozy s’imaginait un nouveau destin présidentiel. La gifle reçue lors de la primaire de la droite, où il a été éliminé dès le premier tour, l’a néanmoins transfiguré.
« L’échec n’est jamais décevant, assure l’ex-président. Le succès l’est souvent, ne serait-ce que parce qu’il passe très vite. En plus, les gens ne vous regardent pas, ils regardent le soleil, la lumière. Dans l’échec, c’est vous qu’ils regardent. Je ne garde aucun souvenir de mes succès, je garde un souvenir très précis de mes échecs. Il n’y a pas de noblesse si on ne sait pas perdre. »
Nicolas Sarkozy parle aussi de renaissance et se voit « comme le héros de Dostoïevski dans Crime et Châtiment : la renaissance lente mais certaine. » « On renaît d’un échec professionnel, d’un échec familial, explique l’ancien président, qui se fait philosophe. Il n’y a pas un après, il y a une vie qui continue. J’ai vécu, j’ai respiré, j’ai aimé, je me suis battu avant d’être président, donc j’ai continué tout ça après. C’est de l’extérieur qu’on met une césure. Vous croyez que la vie commence quand on entre à l’Élysée et qu’elle s’arrête quand on en sort ? » Une réflexion à méditer pour François Hollande ?.
B M
Source Lepoint.fr