Leurs guerres et nos peines
Le terrorisme, puisqu’il faut bien l’appeler par son nom, quand il se pare des plumes du paon (religion, idéologie, race, délitement des valeurs, etc.) est aussi bruyant que les acouphènes de la volaille prétentieuse. Et on se souvient comme dans un ralenti cruel de la décennie de feu en Algérie.
La mémoire ne tourne pas de films, certes, mais les annales de l’histoire algérienne renferment de nombreux rappels douloureux dont Haï Raïs et Bentalha (en août et septembre 1997), deux banlieues d’Alger, à elles seules suffisent pour faire comprendre que nous sommes en face d’un mal mutant et inhumain. Dans ces deux cités, les survivants racontent : « Vers 10 heures du soir, la tuerie a commencé à coups de hache, de couteaux, d’objets contondants et des «Allahou Akbar » ont été lancé tandis que les balles rattrapaient les fuyards.
Aucune distinction n’a été faite entre les victimes. Les enfants, comme les bébés, les vieillards et les femmes, ont été passés pareillement au fil de la lame.300 morts environ, dont plus de 30 bébés et un terroriste tué par les villageois. » Indifférents aux imprécations des futurs égorgés, les tueurs s’étaient livrés à des actes d’une rare cruauté, destinés à marquer de façon indélébile les esprits.
Au Nigeria aujourd’hui, surtout dans le nord-est, on met le nez dehors pratiquement vêtu de son linceul. La mort violente rode : au marché, à l’église, à la mosquée, au coin de rue, partout… Et partout ils sont présents. D’une omniprésence qui s’étale même sur nos écrans.
Le chef hystérique à la gouaille démente jure, insulte, exulte sous nos yeux. Il crâne car il a des bombes humaines. Ces soldats à lui sont autant de roquettes prêtes à exploser à nos côtés. Le chef de la secte, Abubakar Shekau, jubile d’être le semeur de mort et dans son cerveau malade il rêve d’hymens et de nectar dans… l’au-delà.
Au Mali, Moctar Belmokhtar, après avoir été vaincu par les hommes du Président Bouteflika a trouvé dans le vaste Mali un terrain d’expérimentation de ses talents de tueur en série. À Bamako, il a déjà frappé deux fois et malgré la promptitude des soldats maliens, nul ne sait les autres coups qu’il fomentera.
Partout où la furie djihadiste opère, leurs guerres sont nos peines. Leurs guerres sont nos morts, leurs guerres sont nos blessés de guerre, leurs guerres sont nos stupeurs, leurs guerres sont nos peurs…
Les magasins et les salles de spectacles se vident, les jours de la semaine ont tous des airs dominicaux, la libre circulation est en train de devenir une ronde sur soi, la surenchère législative et sécuritaire est transformée en norme, on fait ce qu’on peut pour résister.
Et on voudrait bien claironner « Même pas peur », à la façon des Français, mais… Mais le combat est trop inégal, trop absurde.
Oumou D.