Litige foncier: Les déguerpis de la cité olympique d’Ebimpé réclament un nouveau site

Litige foncier: Les déguerpis de la cité olympique d’Ebimpé réclament un nouveau site

Litige foncier: Les déguerpis de la cité olympique d’Ebimpé réclament un nouveau site

Chassés de la parcelle devant abriter le complexe olympique, les acquéreurs revendiquent un site de recasement en guise de dédommagement.  De fait, le gouvernement ivoirien,  à travers le ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, a procédé à la démolition des habitations construites sur le site prévu pour la réalisation du complexe olympique d’Ebimpé (commune d’Anyama).

La mise en demeure de démolition a été  exécutée, en partie, en décembre et janvier dernier. Puis, une nouvelle opération de démolition a eu lieu, le 26 mai. « Ils sont venus avec 15 engins lourds et plusieurs agents des forces de l’ordre pour casser nos maisons. Cette opération a duré une semaine », révèle Samaké Vassiriki, l’une des victimes rencontrées sur les ruines de ces logements.

Tout a été détruit. Habitations, garages, boutiques…L’ombrage d’un jeune palmier épargné par les bulldozers sert d’abri et de bureau provisoire afin de recevoir tous ceux qui sont concernés par cette situation. Plus loin, Touré Baladji ne sait à quel saint se vouer après la démolition de sa maison. « C’est très dur. Voyez, je suis âgé et c’est mon seul bien. Aujourd’hui, toutes les années de dur labeur ont été réduites à néant. Comment pourrai-je m’en sortir ? », s’interroge-t-il.

« Le recensement n’est pas encore achevé, mais pour le moment, nous avons enregistré plus de 875 bâtiments détruits sur environ 65 hectares. Certaines maisons sont achevées et habitées, d’autres étaient en construction », déclare Kpan Tiémoko, porte-parole du Collectif des acquéreurs et résidents de Blankro extension, commune d’Anyama.

Les acquéreurs souhaitent être recasés sur un autre site en attendant. Certains détiennent des lettres d’attribution et des attestations villageoises.

Quelques jours après la démolition de leurs habitations, une délégation des populations déguerpies et Dogbo Mathurin, signataire des attestations villageoises, ont été reçus par Isaac Dé, ministre de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, à son cabinet. « Rien de concret au sortir de cette rencontre. Seulement le ministre nous a demandé de nous entendre avec les propriétaires terriens », fait remarquer Touré Mohammed, présent à cette réunion.

Comme on le dit souvent, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ces chantiers abandonnés sont devenus la chasse gardée des revendeurs de matériaux de récupération. Ils récupèrent quotidiennement les fers à béton, tôles, tuyaux pour protéger les fils électriques, planches, chevrons,pointes… enfouis sous les décombres.

Dans un tel contexte, les acquéreurs les plus chanceux sont ceux qui n’avaient pas encore démarré les travaux de construction sur leurs terrains. Des propriétaires viennent également ramasser sur place des briques dans des camions pour quitter le site à problème.

Comment en est-on arrivé là ?

Pour rappel, tout est parti de la note de mise en demeure de démolition adressée aux occupants du site, le 31 octobre 2016,  par Mohamed Dosso, chef de service des affaires juridiques et du contentieux du ministère de la Construction et de l’Urbanisme.

En effet, depuis 1974, ce terrain de  288 hectares est frappé de servitude. C’est-à-dire qu’en accord avec les propriétaires terriens, cette parcelle a été réservée par l’État, en vue de grands projets. À ce titre, personne n’a le droit de le vendre ni de le mettre en valeur. Ce principe a été respecté jusqu’à ces dernières années où l’on a vu des maisons sortir de terre, avec l’accord des autorités administratives locales qui ont délivré des documents aux acquéreurs de lots.

En décembre 2016, le gouvernement lance les travaux de construction du stade olympique. Entre-temps,  la même parcelle est occupée par des personnes qui peuvent se prévaloir de leurs droits d’antériorité. La suite, on la connaît.

ALFRED KOUAME

CORRESPONDANT