Bonoua: La filière ananas disparait de la localité

Bonoua: La filière ananas disparait de la localité
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Bonoua: La filière ananas disparait de la localité

M. Vonan Séraphin producteur d'ananas a, lui, cédé à la séduction de l'hévéaculture. Des 7 hectares et demi qu'il exploitait annuellement dans le périmètre forestier de Djimini et de Alohoré, l'hévéa règne désormais en maître. Cinq hectares de cette superficie ont été affectés à la culture hévéicole. Les deux autres et demi sont loués annuellement aux producteurs de manioc à saison de 50.000 F l'hectare. A moins d'une lisibilité nette du marché qui se traduisait par une montée des cours, M. Vonan n'envisage point un retour à la culture de l'ananas.

A l'inverse, le secteur de l'hévéicole, à travers les coopératives locales enregistre au cours de ces derniers mois une augmentation régulière des productions et des producteurs. Au sein de la coopérative ivoirienne des planteurs d'hévéa (CIPH) de Bonoua la courbe indicative du niveau des activités va sans cesse croissant.
Ce désintérêt des planteurs pour la culture de l'ananas a abouti tout logiquement à une chute de la livraison nationale.
Ceux qui par manque de moyens ou de terrain consentent à planter encore de l'ananas ont considérablement réduit leurs superficies. Dans le lot figure M. Brahima D., qui estime "qu'il ne sert à rien d'engager de grosses dépenses pour ne rien recevoir en retour si ce sont des dettes".
A côté du fort contingent abidjanais qui chaque week-end investit les forêts de Bonoua pour créer ou entretenir des plantations d'hévéa, une nouvelle race est désormais à l'oeuvre. Ce sont, les reconvertis de la filière ananas. Au rythme où ils créent les nouvelles plantations, ces derniers impulseront dans quelques années un nouveau dynamique à la culture hévéicole à Bonoua.

Parce qu'à moins d'un revirement notable qui viendrait inverser la tendance à la chute, la filière court droit à sa perte. Depuis la dernière campagne qui, au dire des producteurs ne fut pas des plus positives, les choses sont allées de mal en pis. L'ananas se vend mal pour le planteur. Et comme toute spéculation dont la réalité du marché échappe aux producteurs, l'ananas, enrichit en aval.

Les gros profits réalisé pas l'importateur, le commissionnaire ou les grandes surfaces en Europe, laissent le petit producteur éternellement pris dans l'engrenage de l'endettement et partant de la pauvreté. Jamais, ni les structures professionnelles, ni l'organisation centrale des producteurs encore moins les paysans n'ont eu une emprise sur la politique des prix.

La réalité du marché de l'ananas reste pour ceux-là un véritable trou noir. Une fois son ananas récolté, conditionné et embarqué sur le bateau, le paysan n'a plus qu'à confier son sort au destin ou à la divine providence. Et ce destin là se joue dans le pays importateur.

Au mieux son compte de vente lui reviendra avec une bien modique marge bénéficiaire. Au pire comme c'est souvent le cas, devra-t-il de l'argent à la coopérative.

Une structure qui lui aura fourni à crédit les intrants et cartons nécessaires à l'entretien et à l'emballage de ses fruits pour l'exportation. Du temps où les exportateurs d'ananas de par le monde, n'étaient pas aussi nombreux, les uns et les autres s'en tiraient relativement à bon compte. Aujourd'hui les données du marché ont évolué.

De nouvelles variétés dont le MD2, ont fait irruption sur le marché. L'exiguïté du marché qui en a résulte met à mal la réputation de la Cayenne lisse cultivée au plan local. La réalité d'un marché de plus en plus concurrentiel, la morosité économique généralisée, le comportement de consommateurs de plus en plus exigeant de l'application des normes de qualité. Voici répertoriées, certaines des raisons qui ont concouru à faire le lit de la faillite dans la filière.

ARSÈNE KANGA
Correspondant Régional