Musique: Le Tohourou entre mutation et renaissance

Musique: Le Tohourou entre mutation et renaissance

Musique: Le Tohourou entre mutation et renaissance

« Tono-hourou », qui se traduit du Niamboua, langue originelle de cet art, par «enseigne-lui la sagesse »
est la tentative lexicologique la plus plausible du Tohourou, lequel est une poésie chantée. Un art de chant et de musique exécuté par les dépositaires de la tradition et de l’histoire du peuple bété. Mieux qu’un simple griot laudateur réduit à des propos flagorneurs, le Tohourou vêtu d’une jupe de raphia exalte les faits historiques, s’autorise -le cas échéant- des remises en question des acteurs politiques au sens de gestionnaires de la cité, qu’il est censé encenser.

Expression manifeste d’une démocratie certaine au cœur de ce peuple. En verve dans le haut-Sassandra, les régions de Daloa et Issia essentiellement, il est visible (à visage découvert) contrairement au masque (Glè), la nuit est son environnement temporel de prédilection. Accompagnent cette voix fondamentale portant un message fort adapté au milieu de production, une deuxième voix qui le guide, lui souffle des mots, bonifie son dire, de même que des chœurs, des bruits blancs et des percussions généralement joués par les mêmes personnes. Il interviendra de deux ordres.

Dans les circonstances festives pour raconter la bravoure, le courage de certaines personnes au point que dans la région de Daloa, certains cadres soient la chasse gardée de certains Tohourou. Tima Gbai et le ministre Lorougnon Guédé. Ou Lago Liadé et Djédjé Mady. Srolou Gabriel et Bissouma Tapé. Il intervient aussi lors des cérémonies funèbres et est chargé tel un pansement affectif de soulager, consoler les proches du défunt dont il ne manque pas de chanter les louanges.

Gouhounou le dernier d’une génération, Blé Wanguy et Tapé Oré Félix pour assurer la relève

Que peuvent Blè Wanguy ou Tapé Oré Félix, les héritiers les plus en vue ? C’est la question que se pose tout le monde après le départ le vendredi 30 septembre dernier de l’octogénaire, Lago Liadé l’un des tout derniers porteurs de cet art. C’est vrai que Gouhounou Patrice son promotionnaire est encore là. Mais il est le dernier de sa génération.

La génération qui suit compte deux figures emblématiques. L’une est Tapé Oré Félix. Né en 1953 à Digbapia de Fallé Tapé Gaston et de Nadjé Bougléi. De 1961 à 1968, il suit un parcours scolaire peu reluisant d’autant plus qu’il veut déjà chanter. Il accompagne son père au champ avant de chercher du travail. Il décline une première offre de la compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) au prétexte justifié qu’il ne connaissait rien au courant. Ce refus lui vaut de quitter le domicile de son beau-frère. C’est ce qui arrive à tous ceux qui nagent à contre-courant.

Cap sur Bouaké où il fait de petits métiers, accepte de travailler comme assistant topographe, puis dans le froid après avoir refusé le courant. Puis il travaille à Gonfreville. En 1976, lors d’une prestation de Tohourou à Bouaké, il découvre Srolou Gabriel, un oncle lointain, qui lui demande de jouer la castagnette dans son groupe. L’opération se réitère plusieurs week-ends de suite au point que Srolou, le Doblé (voix principale ou lead vocal) fait de Tapé Oré Félix son Dokoli (sa deuxième voix). Après le décès de Srolou, il se fait former par Lago Liadé qui rajoute d’autres ficelles à son talent.

Le formateur parti, l’artiste se dit prêt à prendre la relève: «C’est vrai que Lago Liadé était un grand chanteur mais mes amis et moi pouvons assurer la relève. Actuellement nous essayons de former des jeunes pour occuper notre place car nous sommes emmenés à partir nous aussi. Mais il faut avouer que les jeunes préfèrent la vie facile faite d’alcool, de sexes, de sorties nocturnes et sont très impatients de sorte qu’ils ont du mal à attendre leur tour de réussite. Ce que les jeunes ignorent c’est qu’un Tohourou peut gagner sa vie correctement car il ne vit pas que de chants. Il vit aussi de champs, de plantations, de travail ».

Pour Blé Wanguy du village Za: « Cette question de survie du Tohourou est dans les mains de Dieu. Ce dont je suis sûr c’est que le Tohourou ne peut pas mourir. Ce sont les hommes qui meurent. Nous sommes tous de passage. La question réside dans la formation. Si nous sommes là, c’est parce que nous avons été formés. Il nous faut donc former des jeunes. Les gens pensent que le Tohourou c’est de la chanson. Non c’est un principe de vie. Il est interdit à un Tohourou de mourir sans avoir légué son expertise ».

Celui qui tient ses propos ne passe pas un seul week-end sans spectacles. Kipré Blè Eloi nait en 1959 à Za de Ziki Kipré Bernard et de Légré Lohoré. Tout petit, il voit Srolou Gabriel chanté à des obsèques. Touché par le message, il veut chanter. Il passe par l’ambiance facile dans les stades de foot, mais est très vite rattrapé par le Tohourou. En 1984, il va à Tchébéguhé rencontrer Tima Gbai de la tribu Gbetibouo. Ce dernier le prend sous sa coupe, lui prodigue des conseils.

Au bout de 4 ans, il monte son propre groupe que vient superviser Tima Gbai qui apporte des corrections idoines.Depuis l’artiste tourne dans le milieu bété et bien au-delà, d’autant plus qu’il a quand même 4 albums à son actif dont un enregistré au Studio séquence de la rue des Jardins.


ALEX KIPRE


Laissons partir Lago Liadé

« C’est injuste qu’un père enterre son fils », nous avait dit le Tohourou, la voix par le chagrin nouée et dans les micros ingrats pâmée. Quand un ordre chronologique se trouve de la sorte perturbé, il faut laisser les choses se remettre en place. Laissons partir Lago Liadé dans la soumission à la volonté des forces supérieures. Émile c’était du blé. Entendons, plus que de l’argent, une richesse, un trésor. Entendons aussi une céréale.

Alors après son fils le 13 août dernier, acceptons qu’il nous quitte un 30 septembre. Laissons-le aller non pas à la mort, mais à la vraie vie en réalité. Comme le blé enfoui dans la terre croit qu’il meurt, en réalité il est en marche vers le bel épi qui, bientôt se balancera. Comme l’autre blé englouti dans une ordonnance, mais qui en vérité opère tel le rachat pour la guérison, la renaissance, le Tohourou ne peut pas être réformé, transformé sans passer par la mort de ses acteurs, les meilleurs. Des voix nouvelles s’élèveront qui se sont déjà levées pour maintenir dit cet art qui comme tous les arts sérieux naît de la douleur.


ALEX KIPRE


Regard: Immortalité-Universalité

Je ne sais pas si l’immortalité du Tohourou peut-être établi par un argument philosophique. En revanche, je sais que ce qui est spirituel est incorruptible. Je dis bien spirituel et non religieux. Pour être un art de l’âme, le Tohourou est de l’ordre du spirituel, de l’incorruptible donc. Toute chose qui fonde son immortalité. C’est ce qui fonde aussi son universalité.

Cette immortalité demeurera et même reformé, cet art spirituel conservera son essence. Et quand on n’est pas de mauvaise foi ou quand on s’abstient de chausser le comportement du varan qui aime à falsifier l’histoire de sa marche, on en voit traces chez le chanteur boréal Soum Bill sur son titre à succès « Président » et dans bien d’autres comme « Gnézé » chanté en Bété. Il ne débite pas seulement le texte mais reconduit le mode avec le rendu des consonnes nasales. Il n’est pas le seul. L’Abbey Pat Sako aussi. De même que la kyrielle d’adeptes du zouglou, l’expression artistique urbaine de Côte d’Ivoire.

Pour mémoire, le Wôyô, ancêtre du Zouglou intervenait au cours des veillées funéraires avant de s’imposer lors des cérémonies de réjouissances. En réalité l’art urbain d’ici tire sa source du Tohourou et il n’est étonnant qu’on salue, son aisance à dire les vérités, à dénoncer les injustices. Choix qui coûte cher à certaines occasions (ostracisme, privation d’avoir) mais qui est originellement propre au Tohourou, cet art rompu à la recherche de l’intelligence populaire, à la polémique assumée, cet art qui est science de la vérité.

Parti du pays Wê, pour arriver chez les Niamboua avec Dyra Gozè, puis chez le peuple Bété avec Kipré Bodou Balou, principal formateur de Lago Liadé, lui-même Tohourou formateur et géniteur de chanteur tradi-moderne, inspirateur de Wôyô, lui-même, du Zouglou, qui a débouché sur le Couper décaler lequel inspire les chanteurs nigérians, camerounais bref toute l’Afrique. Bref que de chemin parcouru et osons noter ou nous souvenir que le Lougboutouweli, triste mélopée en région de Gagnoa a été dompté par un Malien.

A la lumière des notions de mondialisation, de globalisation de village planétaire, il devient une hérésie de croire que certaines communautés ne savent (se) mobiliser que pour le chant et l’art et d’autres pour le travail et la gestion de la cité. Tous les peuples chantent et dansent. Certains mieux que d’autres. Tous les peuples travaillent certains plus mais aucun mieux qu’un d’autre. Tous gèrent leur cité pour en assurer la cohésion sociale, dissiper les malentendus, asseoir des espaces d’harmonisation.


ALEX KIPRE


Séry Bailly indique un chemin vers la sagesse

Aux fins de contribuer à la constitution d’un fonds culturel, l’essayiste-intellectuel, offre à la postérité recherchant ses paradigmes, le portrait de cinq hautes figures rompues au Tohourou, un art iniquement voilé.« Le Tohourou, un chemin vers la sagesse » écrit en blanc sur un mont de terre est le titre du dernier cru de Séry Bailly.

Des fabriques de Nouvelles éditions balafons (Neb) sorti, le livre de 130 pages synthétise les vies biologiques et artistiques de 5 artistes pratiquant cet art Tohourou. Au départ, comme le fait n’est pas rare dans bien de projets d’écriture, ce sont des prises de notes isolées, des communications éparses, pour aboutir tout compte fait à un ouvrage. Celui de Séry Bailly résulte d’hommages rendus du vivant- le cas heureux et à envisager de plus en plus- ou lors des obsèques de grands chanteurs.

Grands chanteurs frappés par un alarmant anonymat qui a imposé à l’auteur de monter la pièce de leur vie parce qu’: « Isolés les uns des autres, ces textes seraient demeurés invisibles et donc inaccessibles aux jeunes et à tous ceux qui veulent faire des recherches sur ce genre musical et toute la culture qu’il porte et nous apporte. En les mettant ensemble, ils acquièrent une force de résistance et de persuasion plus grande » p23.

Mu par une noble obsession, celle de laisser des traces, Séry Bailly dresse à grands traits des portraits qui prennent ancrage dans leur vie personnelle, leur apport artistique et dans l’à propos du Tohourou demain.

Tima Gbai est le premier artiste qu’il présente sur 12 pages (25 à 36). Sous intitulé ‘‘le refus de l’aliénation et de la mort’’, ce chapitre premier met en exergue un artiste au charisme indéniable.  Et les couleurs sont annoncées par ses noms Tima (bille de bois) et Gbai (fagots) « qui renvoient au bois du point de vue d’une part de la puissance, forme massive de la bille et d’autre part de sa capacité à produire de la chaleur comme à faire passer de l’ordre du cru à celui du cuit, c’est-à-dire de la nature à la culture ». p.27.

Tima Gbai apparaît comme un artiste de la renaissance, de la venue au monde après la mort. Une chanson baptisée Babo Naki illustre ce propos. C’est l’histoire d’un patriarche dont le décès en brousse contraint les enfants à mutualiser leurs compétences et expertises afin de le ramener à la vie. Pour  ramener le géniteur les sept (chiffre de l’équilibre) enfants, un géographe, un ostéologue, un dermatologue, un traumatologue, pneumologue, un orthopédiste  un kinésithérapeute conjuguent leurs efforts et le père est sauvé.

Une dispute les oppose quand vient l’heure de savoir qui a joué le rôle le plus déterminant dans la résurrection du père. Texte mythique, Babo Naki se politise quand Tima Gbai fait allusion aux fils de la région qui se disputent Daloa (législatives, municipalités, leadership) par la ruse d’Houphouët-Boigny qui savait diviser pour mieux régner. On découvre dans cet ouvrage que Tima Gbai Ernest était un chanteur politique, eu égard à ses autres compositions sur l’Organisation de l’unité africaine (Oua) notamment.

Hommage à Gnapô Bernard décédé le 24 août 2009, le deuxième chapitre est un baptisé « Gnapô et Kency ». Il ne comprend que quatre pages (37 à 40). Deux écrites en juillet 2007, à l’occasion de la sortie d’un travail produit par le Tohourou Gnapô Bernard, originaire du centre-ouest de la Côte d’Ivoire et le musicien moderne François Kency, basé en Belgique. Et deux autres rédigées en septembre 2015. L’auteur qui a cru au mariage des violons et des bruits blancs nègres, à l’harmonie du modernisme et de la tradition, à la force de la différence, y croit toujours mais avoue avec humilité, avoir été candide, et la proie de la duplicité du discours politique. Encore une fois.

Le troisième chapitre écrit en 2006, à la mort de Bhiahi Séry lui est consacré. Il est plus volumineux et part de la page 41 à 67. Artiste paysan, Bhiahi Séry était respecté pour son talent et par un autre maitre de la né oralité, à savoir Amédée Pierre, le Dopé national. Si Amédée respectait Bhiahi Séry c’était en partie pour la subtilité de son discours politique. Dans « Gbli Djra », il invite à redoubler de vigilance. On eut dit « Zakwato » dans le poème au long cours d’Azo Vauguy qui demande de s’arracher les paupières pour ne plus que s’affaisse nos consciences, ni que par l’ennemi ont soit attaqué.

De quoi conduire le propos de l’auteur vers une répartition qui présente le chanteur comme un intellectuel du milieu traditionnel qu’outre Amédée, le professeur Lorougnon honorera pour son savoir pharmacopée et dans une multitude de langues. Ensuite l’on présente les ascendance et descendance de l’artiste qui a baigné dans un environnement musical. Preuve que le Tohourou ne devient pas mais advient. Le troisième point est l’art globalisant de Séry qui rassemble la perçu, la danse et le chant. Le dernier point fait état des signes de la grandeur de l’artiste annoncé depuis son patronyme chargé de sens.

Le chapitre IV (page 69 à 90) est un hommage à Nouguhé Lago, originaire de Gbéguhé, décédé le 30 septembre 2012 dans le dénuement comme un certain Mozart par exemple mais riche des productions créées, laissées. Riche aussi de son pouvoir de transmission. Il aura formé Toualy Sébastien de Gbéguhé et Lago Guinan de Koréa II à titre d’exemple. Il aura échoué financièrement mais réussit artistiquement. « Il est des situations dans lesquelles la défaite ne compte pas. Seul le combat est exemplaire ». p89

Le dernier portrait est celui de Lago Liadé Emile (Zigréga Zadjè: le maître de la scène). Homme sans histoire, il est précoce et chante à 7 ans, touche à multiples arts venus de Soubré, du peuple Yacouba, de Gagnoa avant de choisir d’apprendre le Tohourou auprès du premier Tohourou Bété, Kipré Balou. Puis le professeur Séry Bailly aidé dans sa tâche par des bénévoles, analyse l’œuvre de l’artiste dont la progéniture est composée d’une dizaine d’artistes dont Dickael Liadé inhumé le 13 aout 2016. Et dont la réputation a amplement franchi les frontières de l’espace du haut Sassandra.


ALEX KIPRE 


Repères

PREMONITION.
Très mélodieux, Srolou Gabriel dans une chanson évoque qu’il a rêvé d’un être qui est décédé des suites d’une morsure de serpent au champ. Piqué par un serpent, il a rencontré lui-même la mort dans les mêmes circonstances que son personnage de songe.

14 JUILLET. Après le départ de Lago Liadé, Blé Gouhounou Patrice est le dernier survivant des anciens Tohourou. Fils de Gnizako Blè originaire de Saioua et de Gougoua Goussi de Gagnoa, il découvre le Tohourou un jour de fête, un 14 juillet 1954 en écoutant Kipré Balou qui finit par le prendre sous sa coupe. Il est auteur de deux albums.

GODO SABLA. Né le 2 octobre 1962, Goualé Gnoleba Bruno, dit Loua de Lagoguhé, percussionniste ayant  fait ses classes au ballet national, auprès de Sax Zadi puis de Blé Marcel Dibaga, a choisi de créer un art voisin du Tohourou mais essentiellement axé sur la percussion et la castagnette. Voici 18 ans qu’il fait du Godo Sabla, un art ancien de percussion (Godo : ancêtres ; sabla : percussion)

KOREA II. La tribu Dépié et le village deKoria 2 ont leur tohourou en la personne de Lago Guinan Félix, né en 1966, puis élève jusqu’à la fin du premier cycle du secondaire.

GUEI. Toualy Guéi Sébastien né en 1965 à Gbiéguhé a été formé par Nouguhé Lago avant de fonder son groupe de 7 personnes qui a une moyenne de 4 spectacles par mois.

LAGOGUHE. Deux villages portent ce nom de Lagoguhé. L’un est à Daloa et l’autre à Issia anciennement appelé Borotapia, d’où viennent les artistes Emile Lago Liadé et son fils Dickael et dont le chef de village est une femme en la personne de Tazéré Célestine, par ailleurs députée d’Issia.

GARDIEN DE BUT. Parce qu’il trouvait le football viril et l’exposant aux blessures, Guéi kanon Maxime né en 1952 à Bissaguhé (Issia) et anciennement gardien de but du club de football d’Issia en 1979 y renonce pour danser le masque avant finalement d’arriver au Tohourou. Il commence par accompagner Srolou Gabriel, Séry Lohoury pour ensuite monter son propre groupe.

FESTIVAL. Un festival baptisé ‘‘La nuit du Tohourou’’ réunissant la dizaine d’artistes, tente de se tenir, mais selon un calendrier fluctuant. La troisième édition devrait se tenir au mois de mars 2017.

DEUXIEME VOIX. C’est le plus important de tout le dispositif d’un orchestre Tohourou. Il maintient le tempo, garde une phrase béquille, rappelle à l’ordre le Tohourou lorsqu’il s’évade, corrige les percussionnistes et les chœurs.Le nom de Gbailly Nahounou Célestin dit Nanlo ou Torres revient souvent comme référence en la matière, dans le milieu.

OUVRAGE. « La chanson populaire en Côte d’Ivoire » est un ouvrage datant de 1986, rédigé sous la direction du distingué historien Wondji Christophe et qui garde plus jamais son intérêt documentaire.

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