Mode : Liberté de ton, liberté de style, c'était Sonia Rykiel

Mode : Liberté de ton, liberté de style, c'était Sonia Rykiel

 Mode : Liberté de ton, liberté de style, c'était Sonia Rykiel

La couturière est morte jeudi matin à 86 ans des suites de la maladie de Parkinson.

La couturière Sonia Rykiel est morte à 86 ans a annoncé sobrement sa famille en milieu de matinée. «Ma mère est décédée cette nuit à Paris, chez elle, à 5 heures du matin, des suites de la maladie de Parkinson», a ainsi déclaré Nathalie Rykiel, elle aussi femme de mode. Avec l’annonce de cette disparition, c’est comme si un bout de 68 s’envolait à nouveau, tant son style sentait le souffle de la libération de la femme et un certain esprit rive gauche.

Cheveux foufous roux quasi rouges dans le vent, frange rideau, look androgyne, Sonia Rykiel a façonné des silhouettes décontractées – mais chic — sans soutien-gorge, sorti le tricot du rayon mémère, le béret du stand «franchouillard», ôté à la rayure son côté bagnard, et réussi à rendre présentables les joggings qu’elle fabriqua en velours éponge dans les années 90.

Sonia Flis, de son nom de jeune fille, naît à Paris le 25 mai 1930. Aînée de cinq filles d’une famille d’origine juive roumaine et russe, elle grandit dans un milieu bourgeois, sans vraiment penser à flirter avec la mode. Mais la voilà mariée à Sam Rykiel qui possède une boutique de prêt-à-porter à Paris, et en quête de pulls moulants très fins, de préférence rayés, d’une robe de grossesse à son goût et à son aise (en jersey): elle va les créer. Très vite le petit pull devient le best-seller de la boutique de son époux. Audrey Hepburn, Françoise Hardy en font un «must have».

 

 

Portrait Sonya Rykiel, l’impératrice rousse

 

En 1968, Sonia Rykiel qui a divorcé, ouvre sa première boutique à Saint-Germain-des-Prés et lance sa première collection de prêt-à-porter. Elle décoiffe autant qu’elle est décoiffée. La liberté de ton et de style de celle qui prône la «démode» (comprendre à bas les diktats») enchantent. En 1970, elle est intronisée – sans ironie aucune — «reine du tricot» par le magazine américain Women’s Wear Daily alors qu’elle ne sait même pas tricoter…

 

A l’approche des années 80, Sonia Rykiel épaulée par sa fille aînée Nathalie Rykiel, diversifie son entreprise. Elle crée une ligne bis, puis une ligne enfant et homme, des accessoires… Amie proche de la romancière Régine Desforges et de la dessinatrice Claire Brétecher, Sonia Rykiel a côtoyé toute sa vie des artistes, comme en atteste le célèbre portrait qu’a fait d’elle Andy Warhol en 1985.

Mais en 2012, Sonia Rykiel, révèle dans un livre coécrit avec la journaliste Judith Perrignon, N’oubliez pas que je joue, qu’elle est atteinte depuis 15 ans de la maladie de Parkinson. Sa fille Nathalie, mannequin pour la marque en 1976 et intimement associée à l’entreprise de sa mère depuis des années, prend alors le relais comme PDG (le fils de Sonia Rykiel fait une grande carrière de pianiste malgré sa cécité) avant que la maison soit cédée à un fond hongkongais..

 

Catherine Mallaval

Source:next.liberation.fr