Discours afro-pessimiste pour un changement de mentalités

Discours afro-pessimiste pour un changement de mentalités

Discours afro-pessimiste pour un changement de mentalités

L’histoire de l’Afrique est indissociable des autres régions du Globe, surtout de celle de l’Occident. En revanche, il ne fait aucun doute que quand les Européens sont arrivés chez nous, on possédait déjà le savoir. L’on pourrait ainsi parler de civilisation afro-africaine. Toutefois, il n’est pas certain que les connaissances que nous avions, auraient fait atteindre ces niveaux de croissance que nos sociétés ont aujourd’hui. Cette érudition pouvait difficilement permettre à l’homme noir de barouder avec les peuples étrangers.

En effet si nos arts étaient aussi consistants, nous aurions de quoi leur répondre et ils ne nous auraient pas dominés durant tous ces siècles. La civilisation typiquement européenne-et celle faite d’un apport des autres, aussi bien que le notre- a réussi à prendre le pas sur la culture africaine. Cela s’explique par le fait que notre savoir primitif fait d’ « incantations sur des bouts de bois » nous a longtemps maintenus dans l’obscurantisme. Nous nous en sommes plus ou moins défaits et c’est tant mieux.

De plus la question de la prééminence se pose. Peut-on certifier avec des techniques poussées telles la datation au carbone 14 que tous les éléments de la civilisation négro-africaine ont prévalu avant celle des Occidentaux ? Certes tout a commencé ici, mais certains éléments de notre épistèmê ont été peaufinés, enjolivés ailleurs puis ré-infusés à l’intérieur de nos territoires. D’où, en partie, ce que nous sommes aujourd’hui. Par exemple nous parlons leurs langues et regardons leurs chaînes de télévision. Ce qui fait que nous leur sommes dans une certaine mesure redevables. Par conséquent ne soyons pas constamment en train de leur jeter la pierre.

En outre, nous n’avons pas pu perfectionner nos sciences et avons élaboré des mécanismes qui conduisent au rejet de l’autre. Toute chose qui a favorisé la mainmise des autres sur nos biens. Pareillement l’assimilation des politiques de création et de redistribution des richesses n’a pas été faite. Notre progrès aurait été boosté, particularisé et nous aurions pu faire évidemment face aux « menaces» extérieurs. On ne pourra pas dès lors récriminer l’Occident parce qu’elle nous maintiendrait dans un état de sous-développement. Ce qu’il faudrait, c’est de trouver des contrepoids à cette « domination ». Tout est ainsi une question d’intégration, de bonne stratégie et de volonté.

Par ailleurs, l’on n’a pas inventé la poudre à canon ni les armes à feu mais le continent africain est celui qui est le plus en proie aux conflits. Peut-on dire que cela est exclusivement de la faute des Européens parce qu’ils nous fourniraient les armes ? Or nous sommes dotés de bon sens. Bref nous nous massacrons et critiquons les autres parce que ceux-ci nous en auraient donné les moyens. C’est injuste. Une telle attitude heurte la morale. Nous sommes tout autant responsables et ne devons-nous en prendre qu’à nous-mêmes pour ce que nous sommes.

De même, il est vrai qu’intellectuellement les Africains excellent. Mais affirmer qu’on « humilierait » les Occidentaux, c’est un pas qu’il ne faudrait pas franchir. En effet il y a tellement de défis que nous n’avons pas encore relevés (par exemple sur le plan politique, sanitaire, économique…) pour prétendre rivaliser avec les « Blancs » sur le plan éducatif. La preuve, l’état scabreux de nos universités publiques. Du coup même si l’école doit être mise au centre des priorités, cela ne peut se faire sans une réorganisation de nos systèmes de gestion de la société, l’amélioration de notre bien-être et un rapatriement de nos richesses puis leur meilleure répartition.

En définitive, certains penseurs allèguent que la religion a été prise pour prétexte en vue de disposer de nos ressources. Mais pour ma part, certains organismes caritatifs agissent de nos jours véritablement avec altruisme. Autrefois la plupart des missionnaires avaient réellement une intention messianique. Dès lors les autres nous ont fait connaitre le vrai Dieu, l’Unique, au moment où nous adorions-et que certaines peuplades continuent toujours d’adorer -nos dieux. Et puis l’Occident a connu un autre dieu. Il a connu une étape cruciale dans son histoire, sans l’aide de personne, dont découle son présent qui est la révolution industrielle avec pour pendant l’innovation, la technologie, la modernité.

Nous, nous aurions pu demander le secours de nos dieux pour concurrencer « celui » des autres sur tous les plans. Ce qui ne s’est pas fait. Toutefois, de la même manière dont les Occidentaux se sont approprié certains de nos savoirs, nous devrions à notre tour puiser dans les leurs pour construire notre devenir. Nous ne devons pas refuser d’apprendre des autres à une ère d’interdépendance, de partage et d’interférence des cultures. Nous devons enfin constamment être en train de chercher pour trouver nos voies.

Par OGOU ASSAHITH PAUL
Juriste