Réchauffement climatique: de Kyoto à Paris, le sursaut ?

Réchauffement climatique: de Kyoto à Paris, le sursaut ?

Réchauffement climatique: de Kyoto à Paris, le sursaut ?

Le protocole de Kyoto est un traité international ayant pour objectif de réduire les gaz à effet de serre. Il a été signé en décembre 1997 lors de la troisième conférence annuelle de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc) à Kyoto (Japon). Il pose un principe: les pays s’engagent à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre; et fixe un objectif contraignant pour les pays industrialisés: chacun doit réduire son émission de gaz à effet de serre de 5,2 % en 15 ans par rapport à la situation de 1990.

L’entrée en vigueur du protocole de Kyoto a été entravée de beaucoup de difficultés et si, à l’heure actuelle, 195 « parties » (194 pays et l’Union européenne) ont déposé leurs instruments de ratification, d’accession, d’approbation ou d’acceptation du protocole, il n’engage réellement que 37 pays industrialisés. Les États-Unis, par exemple, ont signé le protocole mais ne l’ont pas ratifié. Bien des scientifiques estiment que Kyoto, à la base, était atteint de « tares congénitales ».

Dans une analyse pertinente (in Centre Du Droit de l’Environnement, Protocole Kyoto, mise en œuvre et implications PU de Strasbourg 2002), Antoine Bonduelle, président du réseau Climat France, énumère les dix défauts du protocole de Kyoto :

- Niveau insuffisant de réduction ;

- Engagements quantitatifs mal repartis ;

- Oublis et échappatoire (ex : soutes marines et kérosène utilisé en aviation) ;

-  Méli-mélo des émissions fossiles et puits de carbone ;

- « Supplémentarité » non quantifiée ;

- Pays du Sud indifférenciés (ex: Chine, Brésil et pays d’Afrique subsaharienne) ;

- Convergence non définie ;

- Clauses d’échappatoires spécifiques à certains pays (ex : Islande, Australie) ;

- Chantage à la ratification (ex: États-Unis qui subordonnent leur ratification à l’engagement volontaire de certains pays émergents, notamment la Chine, l’Inde, ou le Brésil) ;

- Accord non contraignant dans les faits.

Ce dernier défaut nous semble le plus important car il maintient l’observance encore dans les limbes. Dans la pratique, les sanctions consécutives au non-respect du protocole de Kyoto n’ont jamais été clairement définies, posant du même coup la problématique du passage d’engagements « volontaires » des états à celui de « légalement contraignants ».

C’est à cette difficulté que pourrait se heurter la conférence de Paris. Dans l’optique de cette Cop 21, latitude est laissée à chaque état de déterminer à quoi il s’engage. On ne peut nier que des efforts considérables ont été faits dans le sens de la protection de la planète. Ainsi, les États-Unis se sont engagés à une réduction de 26 à 28 % de leurs émissions de gaz à effet de serre entre 2005 et 2025. De même, l’Union européenne a promis une réduction de 40 % en 2030 par rapport à 1990. Même la Chine n’est pas en reste, elle qui, par la voix de son Premier ministre Li Keqiang, a fixé le pic de ses émissions de Co2 autour de 2030.

En l’absence de toutes mesures contraignantes pour accompagner l’accord universel de Paris qui doit prendre le relais du protocole de Kyoto à partir de 2020, l’implication actuelle des grands décideurs à l’échelle mondiale (Hollande, Obama, etc.) et des figures spirituelles marquantes (le Pape François) ne sera pas de trop pour inspirer le sursaut qui doit nous préserver des impacts dévastateurs du réchauffement climatique.

Par CLÉMENT KOUAME BI KALOU
Préfet du département de Kouto
Master 1 en « Francophonie, nouvelle économie et développement durable », de l’Université Jean Moulin Lyon 3