Loi anti-tabac : Des parlementaires passent la Sitab au scanner

Loi anti-tabac : Des parlementaires passent la Sitab au scanner

Loi anti-tabac : Des parlementaires passent la Sitab au scanner

La Société ivoirienne de tabac a  organisé, dans la première semaine du mois de juillet, une visite de ses installations de la capitale de la région de (Gbêkê) à l’intention des parlementaires ivoiriens.

La visite d’usines par les députés organisée par le manufacturier ivoirien de tabac, leader ouest-africain de cette industrie, s’inscrit en marge de la table ronde qu’a organisée l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, du 22 au 24 mai, à Grand-Bassam, avec toutes les parties concernées par l’adoption en cours d’un projet de loi anti-tabac pour le pays. Inscrit, en tout cas, à l’ordre du jour de la session prochaine.

Bien avant et dans cette perspective, faut-il le noter, le Président Alassane Ouattara, plaçant l’année 2013 sous le sceau de la santé et dans l’optique de lutter contre le tabagisme passif, avait pris, en Conseil des ministres,  le décret  n° 2012-980 du 10 octobre 2012 portant interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun.

La ministre de la Santé et de la Lutte contre le Sida, Dr Raymonde Goudou Coffie, avait procédé au lancement de la campagne de sensibilisation à cette  nouvelle mesure au Centre hospitalier universitaire de Treichville le 12 avril 2013.

En écho donc aux actions croisées de l’exécutif et du législatif, l’industriel ivoirien du tabac a décidé de jouer la carte de la transparence et d’indiquer, notamment par la voix de son Pca, Pierre Magne, que «la Sitab n’a rien à cacher et s’inscrira toujours dans le cadre du respect de la loi, quelles qu’en  soient les contraintes».

Toute chose qui devrait aider la Côte d’Ivoire à remplir ses obligations internationales vis-à-vis de la Convention-cadre de lutte anti-tabac avec l’Oms (Cclat). Rappelons que la Côte d’Ivoire a ratifié, en août 2010, ce traité international juridiquement contraignant, entré en vigueur en novembre de la même année.

La loi sur laquelle travailleront les députés devra donc être le fruit d’une collaboration  en connaissance de cause de tous les tenants et aboutissants de la question du tabac, du tabagisme et de questions sanitaires et économiques connexes. La  trentaine des députés membres de la Commission des affaires sociales et culturelles, ainsi que des membres des services législatifs de l’Assemblée nationale ont pris part à cette visite de terrain à Bouaké. Au terme de laquelle des échanges ont pu situer les uns et les autres sur les enjeux de la loi à venir.


Une affaire de gros sous !

Les conséquences du tabagisme en Côte d’Ivoire sont importantes, selon plusieurs études. En plus d’être à l’origine de plus de 30 maladies chroniques selon l’Oms, le tabagisme coûterait 28,6 milliards de FCfa par an à l’Etat pour la prise en charge effective des frais médicaux liés à son addition. De surcroît, une enquête réalisée en 2005 par le ministère en charge de la Santé relève une prévalence tabagique de 13% dans la population en générale, avec une tendance importante chez les jeunes. Une autre étude datant de 2009 révèle un taux de 5,6% et de 23,4% respectivement chez les jeunes filles et les jeunes garçons scolarisés de 13 à 15 ans.

A contrario, rappelle le Dg, Rémi Spriet,  ce sont plus de 61 milliards de Fcfa que l’industrie du tabac, la Sitab spécifiquement,  a injecté au budget 2014 de l’Etat de Côte d’Ivoire. Sans compter avec les quelque 200 employés qu’emploie la Sitab de façon directe, aussi bien à l’usine de Bouaké que dans ses filiales abidjanaises, avec en sus, plusieurs milliers d’emplois indirects.

Le tout depuis bientôt 60 ans d’existence. Or, s’il y a une plaie qui gangrène le secteur et sur laquelle les parlementaires doivent se  pencher, c’est la fraude et la contrebande dans le secteur. Un cri du cœur pour préserver la santé des consommateurs et soutenir les actions sociales menées par la Sitab, au-delà des conditions professionnelles et sociales d’exercice de ses employés.

Ainsi, avec différentes certifications et des statistiques affichant près de 1000 jours sans accident ni maladie professionnelle, l’usine de Bouaké fait partie du top  en la matière en Afrique de l’ouest et voire au-delà.   Avec plus 5,7 milliards de FCfa d’investissements sur l’année 2015/2016.

Les députés ont été édifiés par le processus de fabrication de la cigarette, mais surtout instruits sur le fait qu’il n’y a pas une volonté manifeste ou masquée d’inclure dans la cigarette des produits supplémentaires pour accroître l’addiction, autre que la nicotine. Pour les manufacturiers, le plus important, c’est d’éviter que le pays soit envahi par des produits frauduleux, quand on sait que dans certains pays limitrophes, tous les degrés de sûreté sanitaire (taux de nicotine ou de goudron) ne sont pas respectés autant qu’en Côte d’Ivoire. Etant entendu que la Sitab, optant pour le respect des lois, mise sur la responsabilité des fumeurs adultes exclusivement.

En tout état de cause, les députés et le staff dirigeant de la Sitab se sont engagés à instruire le gouvernement à accélérer la signature, par le Président de la République, du protocole sur le commerce illicite des produits du tabac et l’achèvement de l’élaboration de l’avant-projet de loi anti-tabac qui se trouve encore au niveau du gouvernement et qui devrait être transmis au parlement dans les jours à venir.


REMI COULIBALY

Envoyé spécial