
Diversification des produits agricoles en Côte d’Ivoire: beaucoup de planteurs s’orientent vers la culture de cola
Normal 0 21 false false false FR X-NONE X-NONELes agriculteurs ivoiriens sont conscients que pour limiter la dépendance de l’économie à l’égard du binôme café-café, la diversification des cultures est une l’une des solutions. Aujourd‘hui, La production de cola connait un engouement réel dans les familles villageoises et les résultats sont indéniables. Selon les responsables de coopératives, la Côte d’Ivoire produit plus de 100.000 tonnes produites annuellement pour un chiffre d’affaires de 147 milliards de francs Cfa, ce pays est l’un des grands pays producteurs et exportateurs de noix de cola. Plusieurs pays de la sous-région, d’autres parties de l’Afrique, l’Asie, l’Europe et l’Amérique sont approvisionnés à partir de la Côte d’Ivoire.
La cola a longtemps été considéré comme un produit de cueillette, c’est-à-dire que la plante pousse par hasard dans une plantation de café, de cacao, de palmier à huile, de bananer, etc. Le paysan ne se contente que le ramassage des fruits tombés au moment venu. La seconde phase a été la culture, mais de façon désintéressée de la cola. Ici, le paysan ne lui accorde pas une grande importance. Il met quelques plants de cola dans un champ d’autres cultures. Il était rare voir un cham exclusivement réservé à la cola. Mais, aujourd’hui, les données ont changé. Dans toutes les zones qui lui sont favorables (régions, nord, sud, centre), il existe des plantations uniquement de cette culture. Parfois, la cola se fait en association avec d’autres cultures pérennes. Les raisons de cette nouvelle orientation sont données par Kipré Légré Jean, producteur de cola à Issia : «les conditions naturelles de la côte d’Ivoire sont favorables au développement de plusieurs cultures. Pour limiter la dépendance de notre économie à l’égard du binôme café-cacao, il faut diversifier la production. »
Tout comme ce paysan, beaucoup d’agriculteurs s’orientent de plus en plus vers la production de cola. Pour avoir de bons rendements, certains paysans sollicitent l’assistance technique d’agents d’encadrement. Kouamé Bi Dougoné Paul fait partie de ces agents. En effet, en vue de vulgariser la culture de la cola, la Fédération nationale des professionnels de la filière cola de Côte d’Ivoire (Fenaproco-Ci) s’est attaché les services de ce technicien pour encadrer les membres de cette organisation dans les quatorze régions productrices du pays. Les superficies cultivées vont de 2 à 10 hectares et se trouve dans les zones favorables à la production du café, du cacao de l’hévéa… En effet, le colatier affectionne les sols meubles, profonds et bien drainés. Il tolère les teneurs en argile variable.
Par ailleurs, toujours selon cet agent d’encadrement du monde paysan, on dénombre environ 140 espèces de colatiers. Mais seulement, deux espèces de cette plante sont développées en Afrique. Il s’agit du colatier Acuminata et le colatier Nitida. Cette dernière variété est la plus cultivée en Côte d’Ivoire. On note quatre saisons de production correspondant à la traite de la cola. La petite période de production s’étend d’avril à mai. Vient ensuite la moyenne saison qui part d’août à septembre. La grande période de traite va d’octobre à décembre. Enfin, une saison intermédiaire entre les mois de janvier et février. Ce qui voudrait dire que le colatier produit pratiquement toute l’année.
Le défi de l’encadrement des producteurs et les techniques culturales
Au niveau des techniques culturales, on peut retenir que le colatier est un arbre qui aime le soleil mais, il doit être ombragé dans les premières années par des bananiers ou d’autres cultures dans les interlignes.
Pour la création de la plantation, il est conseillé de faire d’abord des pépinières dans les sachets sur une période de 4 à 6 mois avant le planting ou la mise en terre. Cette étape intervient après le piquetage. A ce niveau, Kouamé Bi recommande la technique du 8/8, c’est-à-dire la distance entre les plants est de 8 mètres soit au total 156 pieds par hectare. Pour entretenir la plantation, un désherbage chaque trois mois est nécessaire tout comme l’apport en fertilisant et produits phytosanitaires au cas où les plants sont attaqués par les phytoparasites et zooparasites.
Une plantation bien entretenue entre en production à partir de la 4ème année. Avant cette étape, les sites à ombrage léger conviennent pendant les trois premières années de croissance. Lorsqu’une cabosse de cola est bien formée, elle tombe. « Il faut laisser les cabosses tomber puis les ramasser. Mais on peut cueillir les follicules ouvertes », conseille le technicien. Après quoi, le paysan peut les décabosser pour en extraire les noix de cola. Elles doivent être fraiches. La production bien conservée peut enfin être vendue sur les marchés.
La production moyenne est de 5 tonnes à l’hectare. La durée de vie d’un plant est de plus de 50 ans.
Au total, des techniciens assistent certains producteurs. Cet appui porte sur le matériel végétal, les soins et l’entretien des plants, le choix du site à planter, le dispositif et la densité de la plantation, la fertilisation, la protection de la culture, la récolte, les activités post récolte, l’écabossage, le dépulpage et enfin la conservation du produit.
Des champs semenciers de nouvelles variétés améliorées pour booster la production.
Le Centre national pour la recherche agronomique ( Cnra) et le Fonds interprofessionnel pour le conseil et la recherche agricole (Firca) ont mis en place en 2009 un champ semencier à Yakassé-Mé ( Adzopé) soit l’équivalent 21 hectares de champ de cola. ce projet s’est étendu à Diapleu( Danané) avec 20 hectares, San Pédro ( 8 hectares), Sikensi (3 hectares) et Tinikossokora ( Odiénné) avec un hectare. Cependant ces champs semenciers, ont connu quelques difficultés avec la crise postélectorale de 2011. Ce qui fait qu’aujourd’hui , les paysans sont obligés de se rendre à Divo où le Cnra continue de leur procurer les pépinières de variétés améliorées de cola.
L’autre innovation de taille concerne surtout la conservation de la production de cola. le Centre de recherche de l’Université NanguiAbogoua d’Abidjan, a lancé en 2012 une expérimentation sur la conservation de la noix de cola après la récolte à Anyama. Cette opération est financée par le Firca. Il s’agit, selon les chercheurs, de mettre sur le marché des produits homologués conformes aux normes indiquées par les services qualité des ministères techniques. On a pu noter 2 types de températures : à savoir la température ambiante (25 à 30 degré pour le District d’Abidjan), et la température conditionnée inférieure à zéro degrés Celsius. L’hypothèse consiste à trouver la température qui conviendrait mieux à conserver la noix de cola. Le matériel d’emballage faisait aussi partie des variables aléatoires. A ce niveau, les chercheurs ont utilisé les sachets en plastique, les sacs à filets, les barquettes en plastique ou en carton, les paniers avec des feuilles de « tomato corus danielli » communément appelé, feuilles d’attiéké dont l’avantage est d’apporter l’humidité à la noix de cola pendant tout le processus de conservation.
Les résultats de cette recherche permettront aux opérateurs économiques de promouvoir la vente de la noix de cola dans les supermarchés afin que ce produit soit accessible à toutes les couches de la société.
Mais en réalité, l’Etat n’intervient pas dans la commercialisation extérieure de la noix de cola.
Selon le ministère de l’Agriculture, la Côte d’Ivoire est le premier producteur et exportateur de noix de cola au monde avec 35 tonnes par an. En 1995, la production était estimée à 74 tonnes. Ce ministère note que les recettes d’exportation provenant de la cola ont connu une forte baisse depuis 1986 puisqu’elles sont passées de 3,2 milliards de Fcfa en 1991 à 515 millions en 1995. Mais en réalité, l’Etat n’intervient pas dans la commercialisation extérieure de la noix de cola. Par conséquent, il ne maîtrise pas le mécanisme de fixation des prix encore moins les données sur la production réelle.
Pour combler ce déficit, les acteurs mis sur pied sur pied la filière cola. Cela se traduit par la création, le 27 octobre 2011, de la Fenacopro-Ci. Qui regroupe aussi bien les producteurs et commerçants, et les transporteurs, acteurs potentiels de cette filière. Ainsi, à la fin de 2013, cette organisation a enregistré 86.242 tonnes de cola produites dans quatorze régions de la Côte d’Ivoire. Les producteurs sont repartis entre Soubré, San pédro, Tabou, Sansandra, Divo, Lakota, Gagnoa, Adzopé, Sikensi, Agoville Abengourou, Oumé, Danané, Grand-Lahou….sans oublier les autres producteurs qui ne font pas déclarer leurs marchandises à cette coopérative. C’est pourquoi les responsables des faîtières de cette filière estiment la production ivoirienne actuelle à 100.000 tonnes. Soit l’équivalent d’un chiffre d’affaires de 147 milliards de Fcfa.
Des difficultés liées à la commercialisation de la production.
Des petits exploitants qui vivent uniquement des activités agricoles éprouvent des difficultés pour vendre leurs productions. Ces derniers sont soumis aux lois du marché dictées par de grands commerçants parfois véreux qui ont investi dans la production afin de mieux contrôler la filière. Ceux-ci imposent des prix dérisoires. « Parfois, on nous dit que le prix du kilogramme de cola est à 500 ou 700 Fcfa, mais les pisteurs viennent nous imposer 150 F la même quantité de marchandise », dénonce Cissé Abdoulaye producteur à Tabou.
Pour mettre de l’ordre dans le mécanisme des prix de cola les producteurs souhaite la fixation d’un prix minimum garanti comme cela se fait au niveau des autres filières agricoles.
Par ailleurs, sur le plan international, bien que produit en Côte d’Ivoire, l’exportation de cola échappe aux commerçants ivoiriens. Ceux-ci éprouvent de réelles difficultés pour avoir accès à certains marchés notamment des pays de la sous-région, d’Asie et d’Europe. En effet, selon Diarrassouba Aboudramane, porte-parole de la filière cola, seuls les grossistes des pays tels que le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, le Nigéria, le Niger, le Sénégal… ont le monopole du marché. « Nous sommes obligés de passer par ces exportateurs pour accéder à l’Arabie Saoudite qui constitue un grand marché », révèle-t-il
Transformer pour mieux vendre
La cola est utilisée dans l’industrie moderne, notamment en pharmacie pour la fabrication des médicaments, dans le textile pour la confection de la teinture, dans la cosmétologie pour la fabrication des produits cosmétiques. Enfin, ce produit est la matière première qui intervient dans la fabrication de boissons tonifiantes, des vins et des liqueurs. C’est pourquoi il est préconisé sa transformation sur place avant l’exportation afin de lui apporter une plus-value et mieux vendre cette matière première.
Des innovations pour promouvoir la colaculture et la conservation des noix
Le Centre national de recherche agronomique (Cnra) se préoccupe de l’amélioration de la qualité de la cola produite en Côte d’Ivoire. Il a initié, depuis quelques années, des variétés améliorées en vue d’aider les paysans à développer cette culture. Cela a consisté à installer dans certaines régions de production des pépinières. Ainsi, ce centre a lancé, en 2009, l’opération pépinière qui s’est traduite par la mise en place d’un champ semencier à Yakassé-Mé, dans le département d’Adzopé. Ce projet, en partenariat avec l’Association professionnelle des producteurs et exportateurs de cola de Côte d’Ivoire (Appexco-Ci), a permis d’obtenir des semences qui peuvent couvrir 21 hectares. « Cela été une très bonne opération, car les paysans qui voulaient cultiver la cola ont eu non seulement des pépinières de bonne qualité et à haut rendement à portée de main, mais ils ont aussi bénéficié de l’encadrement technique », soutient Fondio Dramane, Pca de ladite structure. Cette expérience qui a véritablement poussé les producteurs à développer cette culture s’est également étendue à Diapleu ( Danané) avec 20 hectares, San Pedro ( 8 hectares), Sikensi (3 hectares) et Tinikossokora ( Odienné) avec un hectare. Cependant, ces champs semenciers ont connu quelques difficultés avec la crise post-électorale de 2011. Ce qui fait qu’aujourd’hui , les paysans sont obligés de se rendre à Divo où le Cnra continue de leur procurer les pépinières de variétés améliorées de cola.
Par ailleurs, les techniciens de ce centre ont mis à la disposition des producteurs des informations sur les techniques pour les assister dans les activités de production de la cola de la plantation à la conservation en passant par la récolte. « On ne travaille plus au hasard, on sait à quelle période mener telle ou telle activité dans nos champs », révèle un paysan. Ces conseils et assistance portent sur le matériel végétal, les soins et l’entretien des plants, le choix du site à planter, le dispositif et la densité de la plantation, le fertilisation, la protection de la culture, la récolte, les activités post récolte, l’écabossage, le dépulpage et enfin la conservation du produit.
L’autre innovation de taille concerne surtout la conservation de la production de cola. En effet, comme la plupart des produits périssables, les producteurs éprouvent d’énormes difficultés pour conserver sur une longue période. Faut-il le rappeler, la cola ne supporte pas la forte chaleur. Selon les spécialistes, la noix aime l’humidité, mais il ne faudrait pas qu’elle soit gorgée d’eau. Si ces dispositions ne sont pas respectées, le taux de moisissure augmente. Ce qui fait que de la récolte à la conservation, on note une importante quantité de rebus de cola presque inutilisable. Pour résoudre cette question, l’Association nationale des professionnelles de la filière cola de Côte d’Ivoire et le Centre de recherche de l’université Nangui Abogoua d’Abidjan viennent de lancer une expérimentation sur la conservation de cette noix après la récolte. Une salle du siège de cette organisation basée à Anyama abrite cette expérimentation financée par le Firca. Il s’agit, selon les chercheurs, de mettre sur le marché des produits conformes aux normes indiquées par les services qualité des ministères techniques. Dans cette salle, on a pu noter 2 types de températures : à savoir la température ambiante (25 à 30 degrés pour le District d’Abidjan) et la température conditionnée inférieure à 20 degrés Celsius. L’hypothèse consiste à trouver la température qui conviendrait mieux pour conserver le produit. Le matériel d’emballage faisait aussi partie des variables aléatoires. A ce niveau, les chercheurs ont utilisé les sachets en plastique, les sacs à filet, les barquettes en plastique ou en carton, les paniers avec des feuilles de « tomato corus danielli », communément appelées, feuilles d’attiéké dont l’avantage est d’apporter l’humidité à la noix de cola pendant tout le processus de conservation.
Les résultats de cette recherche lancée depuis 8 mois seront bientôt disponibles. Mais, en attendant, des opérateurs économiques veulent promouvoir la vente de la noix de cola dans les supermarchés afin qu’elle soit accessible à toutes les couches de la société.
ALFRED KOUAME
CORRESPONDANT