Le Débrief: Devenir ''Roi'' pour ne pas être banni… ?
Le Débrief: Devenir ''Roi'' pour ne pas être banni… ?
Très tôt, en mai 2011, un confrère de Rfi lui demanda s’il renonçait à la vie politique active, en acceptant le poste de président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr). Sans détours, il répondit ceci: « je sais très bien que dans les officines et quelques soi-disant stratèges pensent qu’on lui a donné ça pour l’enterrer. Personne ne peut m’enterrer ».
Charles Konan Banny donnait ainsi sa première interview, depuis sa nomination à la tête de la Cdvr. Samedi, M. Banny a reçu plusieurs dizaines de femmes, allées lui apporter « un soutien » après l’annonce de sa candidature pour l’élection présidentielle prochaine. Charles Konan Banny a donc eu raison de dire que « personne ne peut l’enterrer » ? Ses partisans le pensent ainsi. A peine, des journaux ont-ils rendu public son désir de briguer la magistrature suprême qu’il est « envahi » par les « soutiens », expliquent-ils.
M. Banny lui-même se sent tellement fort qu’il n’envisage pas de reculer. Candidat à l’investiture du Pdci, il affirme avoir prévu de se passer du parrainage de ce parti, au cas où celui n’arrivait pas. « Il y a plusieurs schémas, et même si ma candidature n’est pas retenue, je trouverai les moyens pour aller chercher le trône », a-t-il déclaré en effet devant les femmes. Les propos sont rapportés par un confrère. L’héritier d’Houphouët-Boigny qu’il revendique croit donc son heure arriver pour gouverner.
Mais en face, Charles Konan Banny devra s’expliquer plus qu’il ne le croit. Beaucoup de ses adversaires le prennent pour un homme qui se donne des ambitions démesurées et une importance qu’il n’a pas forcément. Et le fait d’utiliser le thème « trône » dans une réunion publique et dans un contexte de République et de démocratie, achève de convaincre ceux qui ont toujours pensé que Charles Konan Banny, c’est celui qui veut devenir le « Roi ». Celui qui croit que tout le reste des hommes et des femmes, ce ne sont que des « sujets » qui doivent lui obéir. Surtout quand il dit qu’il s’agit d’une mission qui lui a été « confiée ».
De là à croire qu’il pense à une « mission divine », il n’y a qu’un pas que nombreux sont ses détracteurs qui l’ont déjà franchi. D’autant plus que l’ancien premier ministre lui-même évoquait déjà en mai 2011 le caractère divin de sa mission en tant que président de la Cdvr. « C’est une mission divine parce que c’est Dieu qui réconcilie », disait-il.
Justement, c’est parce qu’il croit en la divinité de sa mission qu’il est prêt à briguer la magistrature suprême, pensent encore d’autres détracteurs. Pour eux, M. Banny « a échoué » dans sa mission de réconciliateur et ne devrait, « en principe », solliciter aucun poste supérieur. Aussi, comment un arbitre peut-il subitement se transformer en joueur, sans avoir fait un break, c'est-à-dire, sans renoncer officiellement à sa fonction d’arbitre, se demandent-t-ils.
A 72 ans, Charles Konan Banny n’a qu’une seule chance pour tenter d’occuper la Présidence de la République, celle de 2015. Au-delà, ce sera trop tard, conformément à l’article 35 de la Constitution qui fixe l’âge maximum pour être candidat à 75 ans. Est-ce cela qui l’amène à « brûler des étapes », comme le pensent certains ?
Dans tous les cas, beaucoup sont convaincus qu’il ne supportera pas la pression de la compétition. Lui qui a remis sa démission à Laurent Gbagbo, alors qu’il avait été désigné par la communauté internationale pour être un premier ministre de transition, avec des les « pleins pouvoirs » de l’exécutif. Ceux qui pensent comme cela sont arrivés à la conclusion que la candidature de Charles Konan Banny existe tout juste pour faire grimper les enchères. L’homme craint d’être exclu de la sphère des décideurs ivoiriens, affirment-ils.
Une déclaration du futur candidat est annoncée pour les tout prochains jours. Certainement juste après la remise officielle de son rapport, en tant que patron de la Cdvr. Une remise prévue en ce début de semaine.
Bonne semaine à toutes et à tous !
Barthélemy KOUAME
Barthelemy.kouame@fratmat.info