Le débrief: "L’enfant des élections" et "le père fondateur"

L'ex-Président ivoirien Laurent Gbagbo
L'ex-Président ivoirien Laurent Gbagbo
L'ex-Pru00e9sident ivoirien Laurent Gbagbo

Le débrief: "L’enfant des élections" et "le père fondateur"

Le débrief: "L’enfant des élections" et "le père fondateur"

Samedi, un homme que j’écoutais parler, a dit ceci: « pourquoi Gbagbo, le père des élections et de la démocratie dépose sa candidature (pour la présidence du Fpi) dans des conditions pareilles. Alors que la loi électorale demande une lettre manuscrite pour faire officiellement acte de candidature, il n’en a pas dans son dossier. Et après la validation des candidatures, c’est un courrier qu’il écrit à tout le monde pour dire qu’il est effectivement candidat. Si ce n’est pas parce qu’il se considère comme le père fondateur (du parti), rien ne peut expliquer cela ».

Si cela était vrai, Gbagbo n’est en tout cas pas le seul à se considérer comme le « père-fondateur » du Fpi. Pour beaucoup de militants, le Fpi, c’est lui. Pour l’instant. Même si cela doit s’exprimer en dehors des textes qu’ils se sont eux-mêmes donnés. Au point où un militant qu’on peut lire encore sur les réseaux sociaux n’hésite pas à écrire: « quand on dit que Gbagbo est candidat, même si c'est une rumeur, je soutiens cela… ». En fait, il dit rapporter les propos d’un jeune leader en meeting. Auparavant, un autre activiste web se demandait pourquoi Gbagbo devait-il lui-même dire qu’il est candidat, à partir du moment où d’autres personnes l’ont déjà annoncé.

La réaction suivante peut paraître plus mitigée. « Gbagbo n’a pas besoin de faire campagne. Personne, je le répète, personne ne peut le battre au Fpi », écrit un autre militant. Mais tous les commentaires ou presque qui découlent de cette réaction sont compris sous un angle où Gbagbo est vu comme un homme au-dessus de la loi… Un candidat qui doit être plébiscité, sans élection. Comme pour dire que quand il est là, il ne doit rien avoir en face.

Pour des observateurs, le courrier attribué à Gbagbo et rendu public samedi prend le contre-pied de tout ce qui a été la philosophie de l’homme. Leurs arguments, les voici: alors que les candidatures ont été validées et publiées, l’ancien Président de la République, qui du reste s’était mis au-dessus des partis politiques du fait de la loi et de ses « convictions propres », n’avait pas à revendiquer la candidature déposée en son nom. D’autant plus que sa principale ligne de défense, dans le procès qui va s’ouvrir l’année prochaine, porte sur la fonction présidentielle, celle de Chef de l’État. De plus, il a écrit à tout le monde (président sortant-candidat, instances et militants), comme s’il demandait que son adversaire, qui n’est autre que le président sortant, s’efface pour qu’il devienne le candidat unique, expliquent nos observateurs. Au demeurant, une telle démarche aurait été souterraine qu’elle aurait été vraiment utile à la démocratie, ajoutent-ils.

Des militants du Fpi s’interrogent eux aussi sur le courrier venu de La Haye. Au point où l’un d’entre eux appelle à la « vigilance ». Sur les réseaux sociaux, il n’a pas manqué de poser ses questions: « dans quelle condition cette lettre a-t-elle été signée? S'il pouvait signer une lettre, pourquoi n'a-t-il pas écrit sa lettre de candidature? Pourquoi est-ce, seulement maintenant, que cette lettre arrive? »

Jusqu’à dimanche matin, Pascal Affi N’Guessan, son adversaire, n’avait pas officiellement réagi. Mais pour ses partisans, il a deux choix. Ou bien, il considère tout simplement que celui qui est son mentor est définitivement candidat et il se retire de la course. Ou il se sent froissé par la manière dont Laurent Gbagbo a fait acte de candidature. En se disant qu’il aurait eu « l’élégance » de lui en parler en privé, avant le dépôt des candidatures; ou qu’après la validation faite par le Comité de contrôle, il aurait pu le saisir directement…Dans ce cas où Affi N’Guessan se sentirait frustré, et « trahi » par un homme qui viole ses propres principes et ceux qu’il a enseignés, il décidera d’ « aller jusqu’au bout ». Une posture qu’il aura apprise chez Laurent Gbagbo, ajoute des observateurs.

Bonne semaine à toutes et à tous !


Barthélemy KOUAME
barthelemy.kouame@fratmat.info