
Dr Adama Traoré DG par intérim, AfricaRice: "les changements climatiques risquent d’affecter les rendements agricoles en Afrique subsaharienne"
Pourquoi un séminaire sur les changements climatiques pour les journalistes ?
Nous sommes de plus en plus conscients que l’agriculture est extrêmement sensible aux changements climatiques. C’est très important de mieux outiller les journalistes dans la compréhension des défis des changements climatiques, afin qu’ils puissent mieux informer les agriculteurs et le grand public pour les sensibiliser et leur permettre de s’adapter aux effets des changements climatiques.
L'Afrique est particulièrement vulnérable aux changements climatiques à cause de son dépendance excessive à l'égard de l'agriculture pluviale. Selon une étude de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), les changements climatiques risquent d’affecter substantiellement les rendements agricoles en Afrique subsaharienne : diminution de 15 % pour le riz, 34 % pour le blé et 10 % pour le maïs.
Quelle a été le rôle d’Africa Rice à cet atelier de formation ?
Les chercheurs d’AfricaRice ont présenté au cours de ce séminaire certaines réalisations qui vont permettre aux riziculteurs de faire face au défi du changement climatique.
Lesquelles ?
Les chercheurs ont exposé une approche simple de l’aménagement des bas-fonds qui contribue à l’atténuation des effets négatifs des changements climatiques sur la production du riz. La recherche sur l’aspect genre dans le cadre des changements climatiques a aussi été soulignée.
Il faut noter que la source alimentaire qui croît le plus rapidement à travers le continent, c’est le riz qui est devenu un aliment de base stratégique, car il joue un rôle important dans la sécurité alimentaire de la région et l’économie locale. Il est aussi très présent à l’agenda politique dans plusieurs pays de l’Afrique sub-saharienne.
Que prévoit le plan le plan stratégique d’AfricaRice pour les années avenirs ?
Le plan stratégique d’AfricaRice (2011-2020) tient compte des conséquences attendues du changement climatique. Dans ce plan, il est prévu que de nouveaux systèmes de production rizicole « prêts pour l’avenir » seront développés avec les agriculteurs pour faire face au défi du changement climatique et à la raréfaction accrue de l’eau à travers les écologies rizicoles.
Pouvez-vous nous faire le point des recherches sur le riz ces dernières années ?
AfricaRice et ses partenaires ont mis au point dans les années 1990s et début des années 2000 des variétés NERICA (Nouveaux riz pour l’Afrique) en croisant les espèces du riz africaine et asiatique. Ces variétés associent les caractéristiques telles que la tolérance à la sécheresse et la tolérance aux maladies et produisant des rendements élevés. L’institut a aussi développé de nouvelles variétés de riz tolérantes aux stress pour l’Afrique sous la marque ARICA (le riz avancé pour l’Afrique).
Quels sont les partenaires de votre structure ?
Les trois centres internationaux de recherche du Consortium du CGIAR basés ici au Benin – tels qu’AfricaRice, IITA et Bioversity International – travaillent actuellement sur des méthodes qui permettraient de rendre les cultures vivrières plus résistantes aux changements dans leur environnement.
AfricaRice est l’un des 15 Centres internationaux de recherche agricole qui sont membres du Consortium du CGIAR. AfricaRice est aussi une association intergouvernementale composée de pays membres africains.
Depuis combien de temps le centre existe-t-il ?
Le Centre a été créé en 1971 par 11 États africains. À ce jour, il compte 25 pays membres couvrant les régions de l’Afrique de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Nord, notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, le Gabon, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée Bissau, le Liberia, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, l’Ouganda, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République du Congo, le Rwanda, le Sénégal, la Sierra Leone, le Tchad et le Togo.
Par Théodore Kouadio
Theodore.kouadio@fratmat.info