Education nationale: Ces perturbations de cours "institutionnalisées"

Education nationale: Ces perturbations de cours " institutionnalisées" préjudiciables
Education nationale: Ces perturbations de cours " institutionnalisées" préjudiciables

Education nationale: Ces perturbations de cours "institutionnalisées"

Éducation nationale: Ces perturbations de cours "institutionnalisées"

Les vacances de Noël approchent. Des élèves indélicats, comme chaque année, s’apprêtent à anticiper les congés en perturbant les cours.

Le ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique a publié le découpage de l’année scolaire 2014-2015. Elle se subdivise en trois trimestres. Le premier va du 15 septembre au 6 décembre. Le second du 8 décembre au 6 mars 2015. Enfin, le troisième s’étend du 9 mars au 29 mai 2015. Soit un total de 31 semaines conformes aux normes de l’Unesco.

Seulement voilà, les années précédentes, le bon déroulement des activités pédagogiques a été parfois interrompu dans certains établissements scolaires  publics et privés à Abidjan et à l’intérieur du pays. Conséquence: des heures  perdues n’ont malheureusement pas été  rattrapées en fin d’année. Les administrations scolaires et les enseignants étant plutôt préoccupés à mettre tout en œuvre pour « sauver l’année scolaire » en privilégiant les élèves des classes d’examen.

Les congés anticipés

Les perturbations de cours sont récurrentes et les autorités éducatives n’ont jamais pu trouver de solutions efficaces. Elles s’imposent de fait aux administrations. Elles ont lieu généralement à l’approche des deux dernières semaines précédant les congés de Noël.

Le mouvement d’humeur commence par un groupuscule d’élèves qui passe d’un établissement à un autre pour déloger leurs camarades qui continuent de recevoir les enseignements. Avec des sifflets, « ces manifestants » parviennent  facilement à mettre tout le monde en congé, non sans bénéficier de la complicité d’autres élèves qui n’attendent que les premiers coups de sifflets pour rallier ce mouvement. Ainsi postés à l’arrière des classes, ces élèves mènent des opérations de « délogement ».

Ou encore, ils lancent des projectiles dans la cour de l’école et n’hésitent surtout pas à escalader les clôtures pour accéder à l’intérieur des écoles. Si la police arrive à arrêter l’un d’entre eux, alors le motif d’arrêt de cours est tout trouvé. Les manifestants se déportent tous au commissariat pour exiger la libération de leur ami.

« Ce phénomène a commencé il y a quelques années. A l’approche des congés, des élèves créent un climat malsain peu propice à l’apprentissage. Parfois le mouvement provient de l’extérieur mais bénéficie de la complicité à l’intérieur de l’établissement. Avec des sifflets et des pétards (malgré l'interdiction), ils font beaucoup de bruits pour vider les salles de classe », explique A. T. Louis, éducateur au lycée moderne de Koumassi. Il ajoute que cette violence  finit par faire plier les administrations qui sont obligées de fermer les classes et anticiper les  congés pour éviter des incidents fâcheux.

Par ailleurs, poursuit-il, souvent l'on fait appel à la police nationale pour maintenir l’ordre. Mais très vite elle est débordée. Dans ces conditions, l’usage des grenades lacrymogènes ne fait qu’envenimer un climat déjà délétère.

Selon les informations recueillies, l’année dernière aux lycées moderne1 et 2 d’Abobo, la dernière semaine avant les congés de Noël avait été consacrée aux travaux de fin du premier trimestre (calcul et vérifications de moyennes trimestrielles par matière, vérification de moyennes générales, conseils de classes…).

Mais ces tâches n’ont pu se faire en présence des élèves, car ils se sont mis  en congés prématurément. L’administration avait alors donné des instructions fermes pour faire ce travail (en l’absence des élèves) en vue de pouvoir respecter le calendrier scolaire.

La violence se généralise  lorsque les élèves des établissements visités s’organisent pour résister à l’invasion. On assiste alors à une lutte entre deux camps, quelquefois  armés de barres de fer, de couteaux, machettes, bâtons, gourdins, ceinturons, de pierres, etc.  Ces bandes s’affrontent violemment.

 « C’est regrettable, on se prépare à donner des cours et ceux à qui on dispense ce savoir, troublent l’ordre. Cela perturbe non seulement les progressions que nous devons absolument ajuster mais crée surtout un climat d’insécurité. Je souhaite que l’administration se donne les moyens nécessaires pour prévenir ces situations », préconise M. Kouassi, enseignant au lycée moderne 2 d’Abobo.

Ces mêmes violences se produisent également lors des épreuves physiques et sportives (Eps) comptant pour les examens du Baccalauréat et du Bepc dans certaines écoles. « Il y a eu des agressions  l’année dernière aux lycées 1 et 2 d’Abobo qui étaient de grands centres d’examen. Des bandes armées se sont battues. Cela a perturbé les cours », a révélé un professeur d’Eps.

Face à cette situation, les responsables d’établissements scolaires ne baissent  pas les bras. Ils sensibilisent les élèves à  abandonner ces pratiques.

D’autres chefs d’établissements, avec le soutien des autorités administratives et policières arrivent à identifier les meneurs. 

A ce niveau, il faut saluer la fermeté des autorités administratives et policières de Zuénoula qui,  pour mettre fin et prévenir pareille situation dans les écoles du département,  ont recherché et mis la main sur deux instigateurs des troubles d’avant congés. Ils ont été mis à la disposition de la justice pour répondre de leurs actes.

De graves conséquences

Voici un extrait du bilan de l’exercice 2013-2014, présenté par Tchi Yacouba, président du Conseil d’administration du collège le Savoir de Zuénoula à la suite de ces troubles scolaires. « Les perturbations des cours survenues à la veille des congés de Noël ont eu de graves conséquences au plan moral, matériel et humain ».

En effet poursuit ce rapport, au  niveau moral, les élèves des classes de 6ème qui, il faut noter, sont de plus en plus jeunes (10 ans), ont été traumatisés par la violence perpétrée par les vandales à leur encontre lorsque les apprenants studieux refusaient de sortir des salles de classe pour rallier le rang des fauteurs de troubles.

Dans les autres établissements où ces violences ont été observées, il ressort que des bandes armées s’affrontent violemment sous les cris assourdissants et le regard apeuré des enseignants et du personnel d’encadrement totalement impuissants. Ils se réfugient dans les salles des professeurs ou dans les bureaux administratifs.

Au niveau matériel,  les établissements qui reçoivent ces visiteurs enregistrent parfois d’importants dégâts. Des toitures perforées par des jets de pierres, des vitres de bâtiments qui volent en éclats,  des  véhicules et autres engins du personnel administratif et des enseignants endommagés.

Au plan humain, il arrive que ces fauteurs de troubles s’en prennent aux enseignants quand ces derniers refusent de laisser les élèves sortir. Pire les élèves courent dans tous les sens pour se mettre à l’abri, ils s’affolent et se dispersent dans toute la cour de l’école. Dans un tel climat, il y a toujours des blessés.

Enfin, au plan pédagogique, les enseignants sont obligés de rattraper les activités qui ont été prévues pendant ces moments, en particulier pour les élèves des classes d’examen. Conséquence: cette pratique peut surcharger l’apprenant.

ALFRED KOUAME
Correspondant