Télévision numérique terrestre (Tnt) en Côte d’Ivoire: Mythe ou réalité en Afrique ?

Mythe ou réalité en Afrique ?
Mythe ou réalité en Afrique ?
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Télévision numérique terrestre (Tnt) en Côte d’Ivoire: Mythe ou réalité en Afrique ?

Télévision numérique terrestre (Tnt) en Côte d’Ivoire: Mythe ou réalité en Afrique ?

La transition  de la télévision analogique à la Télévision numérique terrestre (Tnt) est un passage obligé pour les télévisions africaines pour s’adapter aux nouvelles exigences des technologies modernes de l’information et de la communication. La Tnt est un dispositif de diffusion instantanée de données numérisées par faisceaux hertziens.

Les fréquences hertziennes qu’emprunte la Tnt sont celles déjà allouées à la télévision analogique. La révolution se situe plus au niveau du traitement des données avant la diffusion : les signaux vidéo et audio sont numérisés et compressés selon les normes de (compression) Mp2 pour l’audio et Mpeg-2/dvt-T ou mpeg-4/Dvb-T pour les chaînes payantes ou gratuites.

C’est pourquoi l’Union internationale des télécommunications (Uit) a prescrit depuis quelques années cette option dont l’échéance est fixée au 17 juin 2015. En effet, selon les experts en la matière, la numérisation devrait apporter aux populations plusieurs avantages. On peut citer entre autres, l’accès à un éventail plus large de chaînes, qui peuvent parfois être gratuites.

Dans la mesure où,  par cette pratique, un canal numérique permet de transmettre au moins 20 programmes,  contrairement à l’analogique qui n’en permettait qu’un seul. Par ailleurs, par ce procédé la nouvelle télévision est dotée de meilleure qualité, due à la haute définition, et ce, dans différents formats tels le 4/3 et le 16/9.

De plus, elle comprend des services supplémentaires, comme davantage de pistes sonores, des services pour des personnes malentendantes, des guides de programmes électroniques, la vidéo à la demande, la description audio, le sous-titrage en différentes langues, la possibilité d’enregistrer ou de suspendre  des programmes, etc.

Dans la pratique, la technique de numérisation conduit à un gain important au niveau du spectre de fréquence. La radiodiffusion analogique exploite la bande 470-862 mhz, pendant que la numérisation de la radiodiffusion n’utiliserait que la bande 470-694 Mhz. Par conséquent, le spectre (dans les bandes des 700 Mhz et 800 Mhz) restant peut être affecté par les Etats à d’autres services tels que les services mobiles, internet large bande, etc.

Toutefois, la migration de la télévision analogique à la télévision numérique, qui demeure surtout un sujet de développement est un problème complexe, comportant à la fois des dimensions législatives,  réglementaires et techniques. Sur ce dernier aspect par exemple, on parle de la technologie Dvb-T2 et de la norme Mpg-4Avc), mais aussi de contenus (les programmes auxquels les téléspectateurs auront accès.

Actuellement, Seuls deux pays africains sur 54 sont passés au mode de diffusion numérique

L’exécution de cette tâche recommande que chaque pays africain se dote logiquement d’un plan officiel. C’est la raison pour laquelle, en juillet 2013, au Kenya, lors de la 3e réunion de coordination  générale entre pays africains, 47 pays d’Afrique ont harmonisé leurs plans de fréquences en vue du passage au numérique en 2015. En outre,  selon le Bureau des radiocommunications de l’Uit, des pays d’Afrique subsaharienne ont commencé à soumettre officiellement des modifications à apporter au Plan Ge-06, de l’Uit relatif à la télévision. L’Accord Ge-06 prévoit des plans de fréquences radiodiffusion numérique avec des chronogrammes fixes. Ainsi, le service de diffusion dans la bande Uhf doit être terminé avant le 17 juin 2015 et avant le 17 juin 2020 pour le service de diffusion dans la bande Vhf (very high frequency).

Des experts font remarquer que l’harmonisation du spectre conduit à une réduction des coûts des équipements et de l’infrastructure, ainsi qu’à celle des interférences avec des services adjacents et une meilleure gestion des brouillages transfrontaliers.

Cependant, à la fin de 2013, seuls deux pays sur les 54 pays africains, à savoir, la Tanzanie et l’Ile Maurice, étaient passés au mode de diffusion numérique.   Dans cette optique, 10 pays africains ont lancé la Tnt gratuite : ce sont l’Ile Maurice, la Tanzanie, l’Afrique du sud, l’Ouganda, le Rwanda, la Namibie, le Maroc, le Tunisie, l’Algérie et le Kenya. Enfin, deux pays africains (Nigeria et Ghana) ont lancé la Tnt payante. Sur la question, il ressort que la Tnt payante est la plus repandue actuellement.  En effet, aujourd’hui, près de 3 millions de foyers en Afrique ont accès à des  bouquets de la Tnt. Mais, seulement quelques services Tnt offrent un accès gratuit.

La Tnt nécessite d’importants investissements techniques. Par exemple,  en Namibie et au Nigeria, ce sont respectivement plus de 20 et 210 milliards de francs Cfa qui ont été investis.

Pour les prévisions, Jean-Philippe Kaboré, secrétaire exécutif de la commission de migration de la Côte d’Ivoire vers la Tnt (Cnm-Tnt) indique que la technologie numérique donne une nouvelle trajectoire pour le secteur de l’audiovisuel africain. « Nous allons assister à une croissance de ventes de décodeurs Sd et Hdtv et de téléviseurs Tnt intégrés. En outre, 10 sociétés africaines produisent des smartphones et tablettes abordables « made in Africa », s’inscrivant dans la tendance majeure de la migration des contenus audiovisuels vers les nouveaux supports numériques », indique-t-il.

Au niveau de la concurrence des plateformes extérieures et du cadre législatif,  il soutient qu’avec la Tnt, le potentiel de création de chaînes de télévision au service bouquets Tnt africains existe. Ainsi,  des bouquets de nouvelles chaînes Tv et radio apparaitront hors de l’Afrique pour l’Afrique.  Cela constitue un vrai challenge qu’il faudra relever pour le modèle économique de l’écosystème audiovisuel, la législation et de la règlementation des pays africains.

Adoption des spécifications minimums des récepteurs dans la Cedeao et de l’Uemoa.

Les ministres en charge des Tic ont adopté à Banjul le 30 septembre 2013, des spécifications minimums pour les décodeurs et des téléviseurs Tnt intégrés qui seront vendus dans la sous-région. La norme de  ces postes récepteurs est  le Dvb-T2/Mpeg-4Avc.

Ainsi, dès le 1er juillet 2014, la mesure d’interdiction de l’importation des téléviseurs non conforme aux normes devrait en principe entrer  en vigueur. De plus,  le 1er octobre 2014, il est prévu  interdiction de la vente des postes téléviseurs analogiques et ceux non conformes aux normes.

L’état des lieux en Côte d’Ivoire.

La mise en place de la numérisation comprend  quatre séquences opérationnelles : à savoir la préparation de la mise en œuvre de l’opération, les actions avant le démarrage, le démarrage effectif de la diffusion numérique et la fin de la diffusion analogique.

La première phase a consisté la création du Comité national de migration vers la télévision numérique de terre (Cnm-tnt). Les normes et spécificités techniques de diffusion et de réception ont été déterminées au niveau régional. Il reste à les mettre en œuvre. Les analyses des différents modèles de migration ont également été effectuées.

Par ailleurs,  la compagnie Tdf, spécialisée dans la Tnt a été choisie à l’issue d’un appel d’offres pour être l’Assistante à maîtrise d’ouvrage (Amoa) au Cnm-Tnt. L’identité visuelle et la carte graphique du Cnm-Tnt sont conçues. Pour mener à terme cette migration, la méthode proposée par Tdf tiendra compte du caractère stratégique et de la transversalité organisée autour du Cnm-Tnt.

L’objectif est de conduire tout le processus de transition en veillant à la meilleure péréquation qualité-délais-performance. Il s’agit également de mener les réflexions stratégiques au plus près des réalités ivoiriennes et de suivre leurs mises en œuvre pour un alignement exemplaire de l’ensemble des activités. La phase 2 est essentiellement basée sur le processus de la modification du cadre juridique et réglementaire.

L’étape suivante porte sur le démarrage effectif de la diffusion numérique sur la période mars 2014 à mars 2016. Elle comprend le déploiement du réseau de transmission et de diffusion, l’opération pilote de diffusion et de réception, le déploiement et la commercialisation des kits de réception, la diffusion en simulcast (analogie et numérique). Le tout, appuyé par une campagne de communication et d’accompagnement des ménages. 

 La dernière phase prévoit la fin de la diffusion analogique, donc la fin de toute l’opération. Elle va de mars à juin 2016. Les actions à entreprendre sont entre autres, la mise en œuvre du plan d’extinction de la diffusion en analogie, la réalisation d’une étude bilan de perception et de l’opération au niveau des foyers. Sans oublier de faire l’audit global de l’opération.

Le coût total de cette opération est évalué à 57 milliards de francs Cfa.

ALFRED KOUAME

SOURCE : JOURNAL DU SALON DES TECHNOLOGIES

DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION