Mort du PDG de Total, Christophe de Margerie, dans un accident d’avion

Christophe de Margerie, patron de Total, le 7 juillet 2014.
Christophe de Margerie, patron de Total, le 7 juillet 2014.
Christophe de Margerie, patron de Total, le 7 juillet 2014.

Mort du PDG de Total, Christophe de Margerie, dans un accident d’avion

Mort du PDG de Total, Christophe de Margerie, dans un accident d’avion

Le PDG du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, ainsi que trois membres d'équipage, sont morts dans le crash d'un jet privé à l'aéroport Vnoukovo de Moscou. L'avion a heurté une déneigeuse avant de s'écraser sur le tarmac. Selon les premiers éléments de l'enquête, le conducteur du chasse-neige était en état d'ivresse.

L'accident a eu lieu peu avant minuit, à l'aéroport de Vnukovo, au sud de Moscou. Le falcon 50 du président-directeur général de Total était en train de décoller quand il a heurté un engin de déneigement qui se trouvait sur la piste. L'avion a pris feu et a semble-t-il explosé, explique notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne, puisque l'on a retrouvé des débris à environ 200 mètres du lieu de l'accident. Les quatre occupants de l'avion sont morts. Il y avait trois membres d'équipage de nationalité française et le PDG de Total Christophe de Margerie.

« Le groupe Total confirme avec une grande émotion et une profonde tristesse que son président-directeur général Christophe de Margerie est décédé cette nuit peu après 22h (heure de Paris) dans un accident d'avion, à l'aéroport de Vnukovo de Moscou, à la suite d'une collision avec un engin de déneigement », a indiqué Total dans un communiqué, informations confirmées par la porte-parole de l'aéroport moscovite mardi tôt dans la matinée.

Erreur humaine

Les boîtes noires ont été retrouvées, et une enquête a été ouverte, menée par les agences nationales et intergouvernementales de l'aviation. Des enquêteurs français doivent se rendre à Moscou pour y participer. Ce que l'on sait déjà, c'est que la météo était très mauvaise, avec un fort brouillard et une visibilité réduite à 350 mètres. Mais surtout, selon la commission d'enquête russe, le conducteur de la déneigeuse était ivre au moment de l'accident.

Christophe de Margerie était à Moscou à l'invitation du Premier ministre russe Dmitri Medvedev, pour participer à une réunion sur les investissements étrangers. Le groupe Total est notamment partenaire de la société russe Novatek sur un projet dans le grand nord russe. Le conseil d'administration du géant français a annoncé qu'il se réunira dans les plus brefs délais.

Christophe de Margerie, quarante ans chez Total

En 1974, fraîchement diplômé de l'Ecole supérieure de commerce de Paris, Christophe Jaquin de Margerie fait son entrée à la direction financière de la société qui s'appelle encore à l'époque, la Compagnie française des Pétroles.

Un par un, ce fils de diplomates et de dirigeants d'entreprises gravit les échelons de groupe pétrolier : comité directeur, direction générale Moyen-Orient, direction Exploration et Production du groupe. Christophe de Margerie suit la voie tracée par son prédécesseur à la tête du géant pétrolier Thierry Desmarest dont il prendra la place en 2007 à la direction générale.

Mis en cause dans plusieurs affaires notamment pour violation du programme « Pétrole contre nourriture » avec l'Irak de Saddam Hussein, Christophe de Margerie traverse huit ans d'instruction, puis un mois de procès. Il est finalement relaxé, comme tous les autres prévenus, dans un jugement aussi spectaculaire qu'inattendu.

Surnommé « Big Moustache » par ses collaborateurs, le PDG de Total briguait un nouveau mandat en mai prochain. Il avait fêté cette année sa quarantième année passée dans le groupe pétrolier. Christophe de Margerie était âgé de 63 ans. Il était le père de trois enfants.

« Un grand capitaine d'industrie »

Ni de droite, ni de gauche, disait-il. Christophe de Margerie avait des amis partout, et d'abord, à l'Elysée. Le PDG de Total était un proche de François Hollande, un de ces grands patrons reçus régulièrement au Château. Il était de tous les voyages que le chef de l'Etat accomplissait à l'étranger, au nom de la diplomatie économique, pour défendre les parts de marché françaises.

Ce matin, François Hollande salue « le talent » de Christophe de Margerie, qui « avait consacré sa vie à l'industrie française », et qui défendait « la réussite de la technologie française à l'étranger ». Le patron de Total militait pour un assouplissement de la législation, en France, sur les gaz de schsite, sans être entendu. Sans dogmatisme.

Le Premier ministre Manuel Valls souligne que « ce grand capitaine d'industrie [...] avait préparé l'avenir de Total en l'orientant vers les énergies renouvelables ». « On pouvait parler avec lui sans tabou », explique de son côté Séglène Royal, la ministre de l'Environnement. A droite, l'ancien Premier ministre Alain Juppé évoque « une grande perte pour la France ». Mais le ministre de l'Economie Emmanuel Macron se veut rassurant : « Il n'y a pas d'inquiétudes à avoir pour l'avenir de Total ».

RFI