Développement durable: Les risques d'une pollution agricole sont réels à Bonoua

Développement durable: Les risques d'une pollution agricole sont réels à Bonoua
Développement durable: Les risques d'une pollution agricole sont réels à Bonoua
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Développement durable: Les risques d'une pollution agricole sont réels à Bonoua

Développement durable: Les risques d'une pollution agricole sont réels à Bonoua

Zone prospère à la culture de l'ananas, Bonoua a au fil du temps réuni les conditions d'une pollution agricole de grande envergure. De fait, la culture intensive de ce fruit fait appel à l'utilisation d'une panoplie de produits phytosanitaires. Ce sont, pour les plus utilisés, les engrais, les pesticides et les herbicides.

Ces pratiques culturales dont l'objectif premier reste l'amélioration des rendements sur des terres surexploitées présentent aujourd'hui des dangers certains pour l'homme et l'environnement. Enrichir le sol en oligo-éléments met en péril le milieu végétal, animal et humain.

Cette pollution dite agricole est due à la présence de déchets liquides ou solides produits par l'agriculture, à l'écoulement et l'infiltration d'engrais, de pesticides ou d'herbicides, à l'érosion et aux résidus des récoltes. L'épandage ou l'application des produits phytosanitaires a abouti à une phyto-toxicité du sol qui ne saurait être passée sous silence.

Simplement parce que la contamination des terres aux produits ci-dessous cités a dépassé le seuil du tolérable. S'il était fait, l'inventaire, a dit un technicien d'une structure d'encadrement dans la zone, révèlerait de grandes surprises.

Elles porteraient, a-t-il confirmé, sur la pléthore et la diversité des substances chimiques toxiques produits et rejetées dans l'environnement. De fait, des quantités non négligeables d'engrais restent enfouies dans le sol

Lorsque la plante en a absorbé les quantités qui lui sont nécessaires. Le même phénomène s'observe avec l'usage des pesticides, herbicides ou fongicides qui ne disparaissent pas entièrement dans le sol après épandage.

Dès lors, sur le long terme, avec les pluies, par infiltration, écoulement ou ruissellement s'opère une contamination de la nappe aquifère. Il s'agit de cette nappe d'eau moins profonde que la phréatique qui alimente les puits et sources d'eau. Inutile de dire que cela constitue un danger réel pour tous ceux qui s'approvisionnent à ces points d'eau.

A petites doses et de façon régulière, les abonnés à ces puits s'exposent ainsi à une intoxication. Quand on sait qu'à la première coupure d'eau, ce sont ces puits qui alimentent en eau toute la population il y a lieu de s'inquiéter.

A Côté, la mauvaise gestion des emballages vides de produits phytosanitaires constitue elle aussi un autre danger à la fois pour le règne aquatique et les utilisateurs de ces ruts.

En l'absence d'incinérateurs au sein des structures d'encadrement des planteurs affectés à l'élimination des emballages vides de produits, ce sont très souvent les rivières qui accueillent pots vides et résidus chimiques.

Lorsqu'ils deviennent encombrants pour l'utilisateur, les ruts vides et restes de produits chimiques sont abandonnés dans la nature avec toutes les conséquences liées à la contamination du milieu ambiant.

Pour les besoins d'un usage secondaire, on lave sommairement dans les rivières les emballages et bidons vides de produits pour par la suite les exposer à la vente sur le marché.

La conséquence directe d'une telle imprudence reste la contamination directe du consommateur de cette eau en aval et celle de l'usager de ce bidon. Les poissons eux s'ils ne meurent dans les instants qui suivent ingurgitent le produit pour le transmettre indirectement à l'homme par leur consommation.

Dans bien des cas, ces bidons et ruts vides se trouvent dans la cuisine de la ménagère qui les utilise pour conserver son sel, son huile ou sa poudre de piment.

Ils font aussi l’affaire du vendeur de bandji, de koutoukou ou du tradithérapeute du quartier ou du village qui y conserve ses potions: raccourci idéal pour aller à la tombe. Ces déchets dangereux, parce que toxiques, explosifs corrosifs ou inflammables sont de véritables bombes à retardement jetées dans la nature ou enfouis dans le sol.

Les paysans qui pour la plupart, ignorent tout de l'usage adéquat de ces produits qu'ils manipulent à longueur de saisons constituent pour eux-mêmes un danger réel. Le non respect des prescriptions et des précautions minimales de sécurité, liées à l'utilisation des produits phyto demeure pour eux une source de danger.

Très peu de structures engagées dans la culture de l'ananas disposant d'équipes d'encadrement des planteurs. En outre, de nombreux producteurs individuels non affiliés à une coopérative sont des adeptes des pratiques agricoles en déphasage avec les normes de sécurité et de qualité requises dans la filière.

Combien parmi les planteurs utilisent un cache-nez, des gants et même  de simples bottes pour effectuer les travaux ordinaires de planting, d'épandage d'engrais ou pour ceux hautement à risques tels l’hormonale et le traitement des plants aux produits phyto ?

La machette du planteur, la même qui a servi à ouvrir la boîte du produit phyto, servira les minutes d'après à tailler, trancher et découper l'ananas ou l'orange pour étancher sa soif.

Une autre imprudence qui est la porte ouverte à l'inévitable contamination. Dans une société africaine où tout se conserve, c'est très souvent que les ruts vides de produits phytosanitaires se retrouvent dans le salon du planteur. Une cohabitation qui n'est pas sans conséquence néfaste sur la santé de la maisonnée.

Car l'exposition partielle ou permanente par l'inhalation régulière de ces produits est source de maladies respiratoires, pulmonaires, voire cardio-vasculaires. Du champ à son milieu de vie en ville ou au village, les risques de pollution et d'intoxication liés à la non-observance des bonnes pratiques agricoles représentent ici chaque jour un réel danger pour le planteur ou l’ouvrier agricole.

Dès lors, la prise de conscience du danger et la mise en route d'un train de mesures élémentaires de sécurité devraient réduire jusqu'au minium les risques de pollution agricole et de contamination des hommes.

Sensibiliser et former les paysans majoritairement analphabètes, à l'usage efficient des produits et au respect des bonnes pratiques agricoles surtout dans le domaine de l'ananas, doit être une priorité pour tous les intervenants de la filière.          

Enfin, l'adhésion de tout paysan à un groupement coopératif pour bénéficier d’un encadrement adéquat doit être un souci pour une protection et une meilleure gestion de l'environnement compte.

Arsène Kanga

(Correspondant Régional)