Budget de l'armée française : la Défense "proche de l'exaspération"

la Défense "proche de l'exaspération"
la Défense "proche de l'exaspération"

Budget de l'armée française : la Défense "proche de l'exaspération"

Budget de l'armée française : la Défense "proche de l'exaspération"

Les nouvelles restrictions prévues dans le budget de la Défense provoquent la colère de l'armée et de son ministre Jean-Yves Le Drian, qui a fait pression sur Matignon. Des généraux et le chef d’État major des armées menacent de démissionner.

Les nouvelles coupes sèches prévues dans le budget de l’armée - de l’ordre de 355 millions d'euros - provoquent colère et inquiétudes à la Défense. Dans une lettre datée du 9 mai, adressée au Premier ministre Manuel Valls, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian met la pression sur Matignon pour éviter de nouvelles restrictions budgétaires.

"L'armée de terre serait sous-équipée et rapidement dans l'incapacité de satisfaire de nouveaux contrats opérationnels", prévient le ministre, dans cette lettre révélée par "Le Figaro" vendredi 23 mai.

Jean-Yves Le Drian avertit, dans ce courrier, qu’un nouveau coup de rabot aurait des "conséquences très lourdes" sur les plans militaire, industriel et social et alerte sur le "contexte social proche de l'exaspération" au sein des armées. Dans le domaine du renseignement, les engagements seraient quant à eux "décalés, voire annulés".

Afin d'"éviter une dette insoutenable", le ministre anticipe par ailleurs la nécessité d'avoir à reporter, au plus tôt à 2016, des programmes "symboliques" prévus en 2014 et 2015, "soit un total d'environ 7 milliards d'euros de commandes non passées". Pour 2014, il demande la mobilisation de 500 millions d'euros de recettes exceptionnelles prévues par la LPM.

Soutenant leur ministre, les généraux à la tête des trois armées (terre, air, marine) et le chef d’État major des armées, Pierre de Villiers, ont affirmé qu’ils étaient prêts à mettre leur démission sur la table si le budget de la défense était encore rogné.

"Variable d’ajustement"

Une fronde qui s’explique par les difficultés rencontrées ces dernières années par les militaires sur le terrain, explique Matthieu Mabin, journaliste à FRANCE 24, spécialiste des questions de Défense.

"Chaque année, il y a un nouveau théâtre d’intervention. Cette année, c’était la Centrafrique. L’année dernière, c’était le Mali. Avant, il y avait l’Afghanistan, commente-t-il. Les chefs d’État français n’hésitent pas à engager l’armée française dans des opérations longues et coûteuses. Mais parallèlement, il y a en politique française une culture qui consiste à considérer que le budget de la défense est une variable d’ajustement."

Face au mécontentement grandissant, Manuel Valls a assuré en milieu de journée que la loi de programmation militaire serait "totalement préservée" d'efforts budgétaires. "Il est temps de tourner la page de ce débat, de ces rumeurs", a ajouté le Premier ministre.

L'Élysée avait auparavant indiqué que François Hollande, chef des armées, "rendrait ses arbitrages dans les prochaines semaines". 

Avec AFP