Energie : Matériels électriques contrefaits, attention danger !

La contrefaçon des produits électriques porte un serieux coup à l'économie
La contrefaçon des produits électriques porte un serieux coup à l'économie
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Energie : Matériels électriques contrefaits, attention danger !

Energie : Matériels électriques contrefaits, attention danger !

Depuis ces dernières années, les commerces sont de plus en plus envahis par les produits électriques contrefaits, dont la grande partie, selon des sources bien introduites,  est importée de divers pays d’Asie. Si les  coûts de consommation semblent  moindres, il n’en demeure pas moins qu’ils courent des risques lors de son utilisation.

Mathurin   Koré, nous racontant sa mésaventure, était loin de s’imaginer qu’il n’avait pas fait le bon choix dans l’achat d’une multi prise à Adjamé, à quelques encablures du carrrefour Renault. Après avoir accosté un marchand ambulant d’appareils électriques, il tombe sous le charme d’une multi prise avec un habillage impressionnant. Une fois à  son domicile, cinq minutes après qu’il ait branché son appareil, il sursaute face à un bruit à l’allure de pétard. Et le disjoncteur saute aussitôt. Il constate de la fumée qui sort du nouvel outil qu’il vient, de surcroît, d’acheter. Il ne se fait aucun doute qu’il vient de se faire berner par un vendeur, qui lui a malheureusement vendu un appareil contrefait, qui aurait pu lui créer d’autres désagréments électriques.

A l’instar de Mathurin Koré, de nombreux consommateurs sont de plus en plus confrontés au problème de qualité des produits électriques. Car, ils sont de plus en plus contrefaits. Et leur durée de vie laisse à désirer

Interrupteurs, multiprises, Rallonges, Disjoncteurs etc sont de plus en plus soumis à une concurrence déloyale de la part des commerçants, parce que contrefaits.

Sur ces articles, on peut lire le nom de grandes firmes spécialisées dans l’électricité telles que Schneider Electric, Legrand, Ingelec, ABB et autres, etc. Cela, pour donner de la valeur à leurs produits en laissant croire à des  hauts de gamme. Mais leur durée de vie est souvent de deux voire une heure d’utilisation. « Ces produits ont envahi le marché, mais il faut mettre cela sur le compte de la pauvreté. Moi-même en tant qu’électricien, professionnel, j’ai souvent recours à ces produits » avoue Kaboré Hilaire, mais il précise qu’il fait souvent la substitution des pièces dans ces produits : « Quand j’achète les rallonges, je remplace les fils à l’intérieur par d’autres encore plus épais, parce que, ce qu’on trouve sur le marché chauffe et brûle facilement ».

Raji Muritala, lui, soutient qu’il ne faut pas uniquement jeter la pierre aux produits importés. Il révèle qu’il existe des matériels électriques contrefaits qui portent les noms des entreprises locales, tels que Cogelec, Bernabé. « Le marché est totalement difficile à maîtriser aujourd’hui. Parce que les partenariats économiques avec les pays asiatiques sont à mettre à l’index dans ce phénomène » ajoute-t-il.

Commerçant de matériels électriques et mécaniques, Raji Muritala, assis dans son comptoir, nous fait voir une gamme variée de ses articles, mais avec des marques différentes. « La plupart des matériels électriques chauffent, lorsqu’ils sont en marche, c’est ce qui fait l’une des distinctions » clame-t-il.

Dans l’entrepôt de Soumaïla, à la Siporex, un quartier de Yopougon, les produits sont étiquetés des grandes marques de consommation. Parmi celles-ci, on note Schneider, Legrand, qui sont beaucoup prisées par les clients. « Ce sont les meilleurs qualités actuellement sur le marché » déclare-t-il. Mais il avoue que leur notoriété fait qu’ils sont la plupart de temps l’objet de contrefaçon.

Selon les estimations, l’on note qu’environ 90% de produits consommés  sont en proie aux trafics et seulement 5% sont de bonnes qualités. Aussi, les plus grandes victimes sont-ils particulièrement les compagnies publiques qui louent à des millions de francs des privés pour exécuter les projets.

Les inconvénients enregistrés lors de l’usage de ces engins sont catastrophiques. Court-circuit, incendie, dégradation de l’économie.

Même si de nombreuses personnes soutiennent que ces produis viennent pour la plupart des pays asiatiques et du Nigeria, le président de l’association de protection des consommateurs actifs de Côte d’ivoire (Aproca-ci), Soumahoro Ben Nfaly, Bouaké, lui, apporte d’autres précisions. Il soutient qu’en Côte d’Ivoire, Bouaké et Korhogo sont les principales villes de la Contrefaçon. Car, c’est par ces villes que transitent les produits qui rentrent frauduleusement sur le territoire.

Il nous explique que sa structure avait organisé un séminaire à Korhogo. Puisque c’est la porte d’entrée des produits contrefaits. « Le 6 avril 2013, J’ai organisé le séminaire en présence du secrétaire général de la Présidence Amadou Gon Coulibaly. L’objectif du séminaire était de sensibiliser les populations sur les produits, mais aussi sensibiliser les commerçants qui s’adonnent à cette contrefaçon. Le corps préfectoral de Korhogo, et le directeur régional du commerce ont participé à ce séminaire.

 

A l’en croire, la plupart des bâtiments de l’Etat sont meublés de ces produits électriques illicites. Nous faisant visité le Bâtiment qui abrite son siège, sur la voie du Boulevard Nangui Abrogoua à Adjamé, Soumahoro Nfaly indique qu’il était obligé de débourser de l’argent de son propre chef pour refaire l’installation électrique où il tient ses bureaux.

« Quand tu vois un bâtiment de l’Etat qui est inauguré, en moins d’un an, il commence à avoir des défaillances. Ce ne sont pas des choses de qualité. Vous voyez ce bâtiment (nous montre-t-il du doigt), il est vient de finir. Mais actuellement il présente des défaillances électriques. C’est un privé qui avait le marché.

La non maîtrise des produits originaux, manque de formation et d’information des agents de contrôle est l’une des difficultés auxquelles sont confrontées les forces de l’ordre dans la lutte contre le phénomène. Sans oublier le laisser-aller, la complaisance qui ont cours dans ce système de contrôle.

Le président de l’association de protection des consommateurs actifs de Côte d’ivoire (Aproca-ci  propose la mise en place d’un guichet unique regroupant les spécialistes. « Cela pourrait permettre d’analyser les produits entrant par le port, avec la participation des spécialistes. Ce guichet unique devrait certifier ou non tout produit entrant sur le sol ivoirien. Comme le fait Sicosaf, qui fait d’abord un prélèvement d’analyse sur les produits alimentaires, avant commercialisation et consommation. Suite à cela, un certificat sanitaire est délivré pour le dédouanement » explique-t-il.

 

Kamagaté Issouf

issouf.kamagate@fratmat.info 

 

 

 

La loi sur la Contrefaçon : Un comité nationale de lutte mis sur pied

Pour juguler la contrefaçon qui phagocyte l’économie ivoirienne, la Commission des Affaires économiques et financières de l’assemblée nationale a  adopté la loi instituant la mise en place d’un comité national de lutte contre la contrefaçon le 11 novembre 2013.

En attendant sa promulgation par le Chef de l’Etat, le ministre de l’Industrie et des Mines, Jean Claude Brou, qui a présenté cette loi,  a souhaité que la création de ce comité puisse mettre fin  aux contrebandes et ventes illicites de produits sur le territoire ivoirien.

Il a aussi insisté sur le fait que « l'invasion des marchés par les produits de contrefaçon fait peser de grands risques non seulement sur les populations mais également sur le tissu économique des pays surtout ceux qui ne disposent pas de dispositifs de lutte efficace ». Et permettra, dira-t-il, aux forces de l'ordre (police économique, douane, et la gendarmerie), « de mener des actions de lutte contre la contrefaçon à l'intérieur du pays sur la saisine du Comité national de lutte contre la contrefaçon ».
 

Selon les statistiques, les médicaments contrefaits font perdre près de 33 milliards Fcfa par an à l'Etat, dans l’industrie pharmaceutique et la vente illicite des médicaments. Le marché du textile est l’un des plus affectés par ce fléau, avec un taux  de transformation locale (30%) de plus en plus menacé.

« Une telle situation appelle de la part des pouvoirs publics une réaction vigoureuse d'où la présentation de ce projet de loi aux députés » a clamé le ministre jean Claude Brou.

La loi sur la contrefaçon qui vise la protection des droits de propriété intellectuelle dans les opérations d’importation, d’exportation et de commercialisation de biens et services, pourrait certainement éradiquer le trafic illicite de matériels électriques dans le pays, si elle est appliquée à la lettre.

Mais, comme le disait un de nos interlocuteurs, une formation sur ce sujet s’impose aux agents qui seraient commis à la traque des contrebandiers.

Vivement que la loi soit opérationnelle !

 

Kamagaté Issouf

issouf.kamagate@fratmat.info