Coopération Côte d’Ivoire-Liberia : “ L’interconnexion électrique est dans sa phase d’exécution ’’

Kapieletien Soro
Kapieletien Soro
Kapieletien Soro

Coopération Côte d’Ivoire-Liberia : “ L’interconnexion électrique est dans sa phase d’exécution ’’

Excellence, on parle d’interconnexion électrique avec le Liberia. A quelle étape sont les deux pays ? 

Dans le cadre des décisions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour relier les pays au niveau énergétique et créer le pouls énergétique de l’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire a accepté l’interconnexion avec le Liberia. Depuis que la décision a été prise, de l’autre côté, nous nous sommes mis au travail. Et on devait installer des postes de transformation au Sud vers Toulepleu et du côté de Danané. Au moment où je vous parle, une équipe de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) et d’autres structures annexes sont ici en train de travailler à cette interconnexion ; c’est dire que le projet est en exécution. Les poteaux sont placés le long de la frontière et 18 villages libériens seront électrifiés dans un premier temps. Pour l’exploitation, des accords sont en train d’être finalisés pour gérer la commercialisation.

Quel est l’état des relations entre la Côte d’Ivoire et le Liberia en matière d’échanges économiques ?

Au niveau de nos échanges, il faut rappeler que ce sont deux pays qui sortent de crise, surtout le Liberia qui en a connue bien pire que la Côte d’Ivoire. Car la guerre dans ce pays a duré plus longtemps. Sa reconstruction prend, naturellement, plus de temps également, d’autant e sa destruction était encore plus profonde.

Les échanges, proprement dit, sont assez faibles, je dois le confesser. Mais il faut dire aussi qu’il y a beaucoup d’informels ; c’est-à-dire que des commerçants qui font des importations ici mais qui ne sont pas toujours enregistrées. Etant donné qu’ils passent par les frontières terrestres, leurs marchandises échappent, par conséquent, aux contrôles et ne sont pas enregistrées dans les fichiers officiels. Mais pour la plupart, nous savons qu’ils importent des produits cosmétiques des industries ivoiriennes.

Beaucoup font venir du vivrier, comme l’igname, par exemple pour l’écouler sur le marché, à Monrovia. Pour les échanges officiels, en tout cas, cela est assez réduit. Nous travaillons  à ce que cela s’améliore. Parce que dans le cadre de l’Organisation du Fleuve Mano, des dispositions sont en train d’être prises pour faciliter tout cela.

Il faut savoir que le plus grand intérêt que nous avons se situe aux niveaux sécuritaire, politique et régional.

Il y a eu récemment des attaques dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

Les assaillants, selon des sources, viennent des camps de réfugiés du Liberia. Comment se fait le contrôle de ceux-ci ?

Il faut dire que depuis la fin de la crise, cette zone frontalière est demeurée fragile du point de vue sécuritaire et les agressions que notre pays connaît à l’Ouest ont toujours eu un lien avec les réfugiés.

Mais il faut aussi dire que les autorités administratives, politiques et sécuritaires du Liberia en très bonne collaboration avec les nôtres et l’ambassade elle-même, font beaucoup d’efforts pour ramener le calme. Pour les attaques récentes, je ne peux pas vous dire exactement qui en sont les auteurs. Cependant une chose est certaine, ce sont des gens venus des forêts, le long de la frontière  et qui ne sont pas toujours forcement au sein des camps de réfugiés.

Il nous revient que certains sont des refugiés qui s’échappent des camps et qui vont s’associer à d’autres, à l’extérieur pour concocter des plans.

Quel est le système de contrôle d’un camp de réfugiés ?

Le système de contrôle des camps de réfugiés, c’est la méthode de travail international  du Hcr. C’est le Hcr qui contrôle tous les camps de réfugiés ici. Sur sept camp au départ, il reste cinq à présent. Deux ont déjà été fermés puisqu’il a eu une certaine amélioration depuis fin 2012. Les cinq qui restent sont placés sous la gestion exclusive du Hcr en collaboration avec l’organisme libérien chargé des refugiés. L’ambassade n’interfère pas dans cette gestion ; de même que le gouvernement libérien ne les gère pas au quotidien. Une agence déléguée est chargée de cette gestion.

Combien y-a-t-il de réfugiés au Liberia ?

A la fin de l’année 2012, il restait à peu près 65 mille réfugiés. En janvier et février 2013, il y a eu une vague de retour et certains s’étaient même inscrits pour le mois de mars. Quand il y a eu les attaques, le mouvement a été freiné. Mais, les contingents qui ont pu retourner en janvier et février ont ramené le nombre de réfugiés aujourd’hui, à 61 mille 150 dans les camps. Quelques-uns sont encore dans les villages des communautés d’accueil. Mais, nous encourageons tout le monde à rejoindre les camps où il y a une gestion beaucoup plus contrôlée et plus sécurisée.

Y a-t-il des exilés ivoiriens à Monrovia ?

 Officiellement non. Il n’y en a pas. En tout cas, je ne peux pas vous dire qu’il y a un homme politique ivoirien qui soit refugié ici. Le gouvernement libérien ne vous le dira pas non plus, parce que nous n’en connaissons pas. Mais certains réfugiés vous diront qu’ils sont des exilés politiques. Nous pensons que tout le monde doit retourner au pays parce que le calme y est revenu. La Côte d’Ivoire est en marche, la reconstruction est lancée. Nous encourageons tout le monde à rentrer ; c’est cela notre message.

Quel est le nombre d’Ivoiriens vivant au Liberia ?

Il est difficile de le savoir d’autant que beaucoup sont ici depuis longtemps. Ils ne sont pas forcément dans les registres de l’ambassade

Mais, ceux qui sont venus d’eux-mêmes pour se « chercher», comme on le dit dans le langage courant, sont un peu moins de mille. Beaucoup sont dans l’informel. Cependant, nous avons quelques cadres ivoiriens dans les  multinationales. Quelques-uns sont de la Mission des Nations unies pour le Liberia (Minul).

Quel est leur degré d’intégration dans la société libérienne ?

Ils sont assez bien intégrés.  Vers la frontière, nous ne savons pas qui est Ivoirien et qui ne l’est pas. Et ceux qui y vivent depuis longtemps, ici, parlent parfaitement l’anglais du Liberia. C’est un pays accueillant pour nos compatriotes.

Vous êtes également l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire près la Sierra Leone. Avec ce pays, quel est le niveau des relations ?

Nos relations sont très bonnes. Il faut reconnaître que pendant la longue période de guerre, il n’y a pas eu beaucoup de contacts. Mais, tout cela est en train de reprendre. Récemment, nous avons signé, l’accord créant la Grande commission mixte de coopération ivoiro-sierra léonaise. Cet accord est la base juridique de l’évolution future de nos relations. Cela va donner plus de possibilités pour négocier les autres protocoles ; que ce soit au niveau sécuritaire, au niveau commercial, au niveau des échanges scientifiques, culturels ou même politiques. Cela va se faire à la faveur de la 1ère réunion de cette Grande commission mixte de coopération prévue bientôt. Les Ivoiriens vivant dans ce pays ne sont, certes, pas nombreux mais ils sont, déjà organisés. Ils ont élu le responsable de leur association. Tout comme au Liberia, il y  a, en Sierra Leone, quelques hauts cadres ivoiriens dans les organisations internationales.

Étienne Aboua