
Laurent Tchagba à Cape Town : « En Côte d’Ivoire, l’eau se gère désormais en équipe »
Parmi les réalisations majeures : l’augmentation des capacités de stockage d’Abidjan, l’amélioration de la production dans vingt chefs-lieux de région et département, l’équipement de 200 sous-préfectures dépourvues de systèmes d’adduction, 450 000 branchements sociaux en trois ans et la réhabilitation des pompes à motricité humaine.
Laurent Tchagba a insisté sur la coopération interministérielle comme clé de succès, citant le Comité national de l’eau, le Comité interministériel de l’eau et l’Agence nationale des ressources en eau comme piliers de cette gouvernance partagée.
Il a également présenté neuf projets prioritaires, totalisant 210 millions USD d’investissements potentiels, appelant les investisseurs à saisir les opportunités offertes par un secteur stratégique inscrit parmi les « super accélérateurs » du Plan national de développement 2021-2025.

Quel est, selon vous, le plus grand projet déjà réalisé dans le secteur de l’eau en Côte d’Ivoire ? Quels en ont été les éléments clés ?
C’est un honneur et un réel plaisir de prendre la parole au nom de la République de Côte d’Ivoire à l’occasion de cette table ronde ministérielle organisée dans le cadre du Sommet africain sur les investissements dans le secteur de l’eau.
Je tiens à exprimer, au nom de Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara, Président de la République, du Gouvernement et du peuple ivoirien, nos sincères remerciements à la Commission de l’Union africaine ainsi qu’au Gouvernement sud-africain pour l’invitation adressée à notre pays. Nos remerciements vont également aux organisateurs pour les excellentes dispositions prises afin d’assurer le succès de ce sommet.
Le plus grand projet dans le secteur de l’eau en Côte d’Ivoire est, sans conteste, le programme « Eau pour tous », d’un coût global de 1 320 milliards de FCFA (environ 2,3 milliards USD). Ce programme structurant vise à garantir un accès équitable et durable à l’eau potable pour l’ensemble des populations, aussi bien en milieu rural qu’urbain, tout en intégrant la gestion des ressources hydriques dans un contexte de changement climatique.
Les réalisations majeures de sa première phase incluent le renforcement de la capacité de stockage dans le District Autonome d’Abidjan ; l’augmentation de la production d’eau potable dans vingt chefs-lieux de région et de département ; l’équipement de 200 chefs-lieux de sous-préfecture jusque-là dépourvus de systèmes d’adduction d’eau ; la réalisation de 450 000 branchements sociaux sur trois ans, facilitant l’accès à l’eau pour les populations les plus démunies ; la réhabilitation et la maintenance des pompes à motricité humaine entre 2017 et 2020.
Dans le domaine des ressources en eau, il convient également de souligner la mise en œuvre du Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique dans le bassin du fleuve Niger, financé par un consortium de bailleurs et piloté par la Banque africaine de développement (BAD). Ce programme couvre huit régions et un district autonome, principalement dans les zones nord et centre du pays, et illustre notre engagement à faire de l’eau un levier de développement durable, d’inclusion sociale et de résilience climatique.
Comment construire une coopération interministérielle solide pour permettre des projets d’eau multisectoriels ?
L’approche de Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), qui favorise la coopération, la participation et le partenariat entre acteurs, constitue la base de notre vision de gouvernance dans le secteur de l’eau.
La loi portant Code de l’eau confère au Ministère des Eaux et Forêts le rôle de gestionnaire des ressources hydriques, ce qui implique un engagement fort dans la coordination et la concertation entre tous les départements ministériels.
Pour cela, un dispositif institutionnel structuré a été mis en place, comprenant le Comité national de l’eau et de l’assainissement : organe décisionnel chargé des grandes orientations de la politique nationale ; le Comité interministériel de l’eau et de l’assainissement : instance de coordination des politiques sectorielles ; l’Agence nationale des ressources en eau : organe d’exécution de la politique nationale.
Le Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique est un exemple concret de coopération interministérielle réussie, avec la création d’une plateforme de dialogue interministériel (comité de pilotage national et comités techniques régionaux) ; le partage d’une vision et d’objectifs communs ; la désignation de points focaux dédiés dans chaque ministère ; des mécanismes de suivi et d’évaluation communs.
Que souhaiteriez-vous que les investisseurs potentiels sachent sur le secteur de l’eau en Côte d’Ivoire ?
L’eau est une priorité nationale et figure parmi les sept « super accélérateurs » du Plan national de développement 2021–2025. Bien que riche en ressources hydriques, la Côte d’Ivoire fait face à une situation d’insécurité hydrique qui nécessite des investissements massifs et ciblés.
La mise en œuvre de la GIRE est considérée comme essentielle pour améliorer la gouvernance et la gestion durable de l’eau. Dans ce cadre, nous présentons à ce sommet un portefeuille de neuf projets à fort potentiel, totalisant un investissement estimé à 210 millions USD, prêts à être déployés.
Ces initiatives offrent des opportunités concrètes de partenariat et de financement. Nous sommes à la recherche d’investisseurs stratégiques pour accompagner leur réalisation et générer un impact durable au bénéfice des populations et du développement économique du pays.
Source : Dircom ministère des Eaux et Forêts