Salon de la résilience : Evelyne Deba lance un espace pour transformer la douleur en puissance

Évelyne Deba, commissaire générale du Salon de la résilience. (Ph: Dr)
Évelyne Deba, commissaire générale du Salon de la résilience. (Ph: Dr)
Évelyne Deba, commissaire générale du Salon de la résilience. (Ph: Dr)

Salon de la résilience : Evelyne Deba lance un espace pour transformer la douleur en puissance

Le 25 juillet 2025, la Côte d'Ivoire a accueilli la première édition de Salyence, le Salon de la résilience. Un rendez-vous inédit, pensé comme un espace de libération, d'écoute et de solutions concrètes pour aider chacun à rebondir après les épreuves de la vie. Nous avons rencontré Évelyne Deba, commissaire générale du salon, pour dresser un premier bilan.
Derrière le mot Salyence, il y a une vision. Quel était l’objectif principal de ce salon ?

Salyence, c’est un cri du cœur. C’est un appel à la reconstruction intérieure, à la réappropriation de soi. L’objectif principal était de créer un espace bienveillant où chacun pourrait déposer ses blessures, être écouté sans jugement, et surtout repartir avec des clés concrètes pour aller mieux. La résilience, pour nous, n’est pas une tendance. C’est une nécessité vitale. Ce salon est né d’une conviction profonde : chaque être humain a en lui une force insoupçonnée pour se relever, et il est de sa responsabilité de l’activer. Salyence vient réveiller cette force.

En quoi Salyence répond-il à un besoin profond de notre société aujourd’hui ?

Nous vivons dans une société où la souffrance est souvent tue, camouflée, ignorée. Les hommes comme les femmes portent des douleurs invisibles, faute d’espace pour s’exprimer sans être jugés. Le silence émotionnel est devenu la norme. Et ce silence, parfois, tue. Il plonge certains dans la dépression, d’autres dans des addictions et parfois dans des gestes irréversibles. Salyence est une réponse à ce silence. Il offre un espace d’expression, d’écoute profonde, de libération de la parole... mais aussi d’accompagnement. Parce qu’il ne suffit pas de parler : encore faut-il être accueilli, soutenu, guidé.

Quelle a été l’innovation de ce salon, comparée à d’autres événements similaires ?

Salyence, c’est une combinaison rare : émotion, expertise et action. Nous avons réuni sur une même scène des personnes connues – les Salyentors – qui ont accepté de raconter avec courage leurs blessures et leurs renaissances. Mais aussi des experts – les Salyents – qui ont abordé des sujets concrets : burn-out, finances, rupture amoureuse... Au-delà des interventions, plus de 20 professionnels (psychologues, juristes, coaches, psychiatres, conseillers financiers...) étaient présents pour offrir des consultations gratuites, confidentielles et sur mesure. En une seule journée, plus de 200 personnes ont bénéficié de ces accompagnements. Certains sont repartis soulagés, d’autres ont retrouvé espoir. C’était puissant. C’était inédit. C’était nécessaire.

Quels moments forts ou témoignages vous ont particulièrement marquée durant cette journée ?

Chaque témoignage était un monde. Certains nous ont arraché des larmes, d’autres nous ont redonné foi en l’humain. Ce qui m’a le plus marquée, c’est la sincérité brute. Une femme a parlé de son envie d’en finir, un jeune homme a avoué pour la première fois avoir été victime de violences. Et au milieu de tout cela, des regards ont changé, des liens se sont créés, des vies ont peut-être basculé dans la bonne direction. C’est dans ces instants d’authenticité que Salyence a révélé toute sa raison d’être.

Comment les participants ont-ils accueilli cette première édition ?

Avec une intensité que nous n’avions pas anticipée. Cette première édition a accueilli plus de 500 personnes. Certains nous ont dit : “Enfin un événement qui parle à nos blessures.” Les retours ont été unanimes : Salyence est un besoin. Dès la fin du salon, plusieurs participants ont demandé des éditions régionales. Une véritable communauté de résilients est née. On ne pouvait pas rêver plus belle reconnaissance.

Quelle suite envisagez-vous pour Salyence ?

Notre ambition, c'est faire de Salyence un rendez-vous annuel. Parce que la résilience mérite un espace dédié, chaque année. Mais au-delà du salon lui-même, nous souhaitons organiser des conférences thématiques tout au long de l’année, créer des ressources accessibles en ligne, accompagner durablement les publics les plus vulnérables. Salyence n’est pas un événement ponctuel. C’est un mouvement. Et ce n’est que le début.

Interview réalisée par Didier ASSOUMOU