Décès de Muhammadu Buhari : L’ancien président nigérian s’éteint à 83 ans

Le Général Muhammadu Buhari
Le Général Muhammadu Buhari
Le Général Muhammadu Buhari

Décès de Muhammadu Buhari : L’ancien président nigérian s’éteint à 83 ans

Le 13/07/25 à 17:27
modifié 13/07/25 à 17:45
Ancien chef militaire puis président démocratiquement élu, Muhammadu Buhari est décédé le 13 juillet 2025 à l’âge de 82 ans. Il restera dans l’histoire du Nigeria comme le 7ᵉ président (de 1983 à 1985) puis le 15ᵉ (de 2015 à 2023), incarnant à la fois une figure autoritaire et un symbole de lutte contre la corruption.

Né en 1942, Buhari accède au pouvoir pour la première fois à l’âge de 41 ans à la faveur d’un coup d’État militaire en décembre 1983. Son régime se distingue par une politique de rigueur morale sans précédent, baptisée « Guerre contre l’indiscipline » (War Against Indiscipline – WAI), lancée le 20 mars 1984. Cette campagne visait à rétablir la discipline civique dans une société perçue comme minée par l’incivisme et la corruption. Files d’attente forcées sous la surveillance de soldats armés, humiliation publique des fonctionnaires en retard, peines exemplaires pour les délits mineurs : la méthode Buhari choque autant qu’elle fascine.

Durant cette première présidence, il adopte plusieurs décrets marquants :

• Le décret bancaire (1984), autorisant le gel des comptes bancaires de toute personne suspectée de fraude ;

• Le décret sur le recouvrement des biens publics, instaurant des tribunaux militaires pour juger les fonctionnaires accusés de corruption ;

• Le décret sur le contrôle des changes, visant les contrevenants à la législation monétaire ;

• La loi anti-drogue, prévoyant notamment la peine de mort par exécution pour consommation ou vente de substances telles que la cocaïne.

Farouchement opposé aux diktats extérieurs, Buhari avait refusé de céder à la pression du FMI, notamment sur la dévaluation du naira de 60 %.

Renversé en août 1985 par un coup d’État mené par le général Ibrahim Babangida, il s’efface temporairement de la scène politique. Ironie de l’histoire : ses successeurs immédiats, notamment Babangida et plus tard Sani Abacha, seront accusés d’avoir dilapidé les ressources de l’État à des niveaux jamais égalés.

Mais en 2015, après trois tentatives infructueuses, Buhari revient au pouvoir par les urnes, porté par une image de probité forgée dans les années 1980. Son second passage à la tête du pays (2015-2023) sera marqué par de nombreux défis, notamment sécuritaires et économiques.

Le Nigeria perd, avec la disparition de Muhammadu Buhari, une figure controversée mais incontournable de son histoire contemporaine, symbole d’un pouvoir à poigne et d’un combat tenace contre les dérives de l’État.



Le 13/07/25 à 17:27
modifié 13/07/25 à 17:45