Miss Côte d’Ivoire 2025 : Quand la beauté dérange nos certitudes

Fatim Koné, Miss Côte d'Ivoire 2025
Fatim Koné, Miss Côte d'Ivoire 2025
Fatim Koné, Miss Côte d'Ivoire 2025

Miss Côte d’Ivoire 2025 : Quand la beauté dérange nos certitudes

Le 30/06/25 à 13:29
modifié 30/06/25 à 15:41
L’élection de Fatima Koné comme Miss Côte d’Ivoire 2025 aura eu le mérite de révéler, une fois de plus, le rapport ambigu que nous entretenons avec la beauté, le mérite et la réussite féminine.

Dès l’annonce de son sacre, du 28 au 29 juin 2025, la jeune femme a été la cible de critiques acerbes sur son apparence, ses origines et sa prétendue « inadéquation » aux standards d’une reine de beauté. Certains estiment qu’elle ressemble plus à un mannequin qu’à une Miss. D’autres n’hésitent pas à affirmer, avec violence parfois, qu’elle n’incarne pas la « vraie beauté ivoirienne ». Mais qu’est-ce que la vraie beauté ivoirienne ? Qui la définit ? Et sur quels critères ?

« Il est évident que celles et ceux habitués aux artifices — faux cheveux, faux cils, teint éclairci et diverses chirurgies esthétiques — pourraient ne pas apprécier la nouvelle Miss Côte d'Ivoire, dont la beauté naturelle incarne pleinement les canons esthétiques négro-africains », explique Dr Célestin Koffi-Yao, enseignant-cheur à l'Université Félix Houphouet-Boigny d'Abidjan.

Au fond, cette polémique dit davantage sur nous que sur elle. Elle révèle un profond malaise collectif face à celles qui, par leur seule présence, dérangent nos idéaux figés. Car Fatima Koné n’a pas seulement gagné une couronne. Elle a imposé une autre vision de la beauté : celle qui ne se réduit pas à un visage lisse ou à des mensurations. Celle qui se nourrit de force intérieure, de dignité et de résilience.

Son calme, malgré les huées lors de son sacre, témoigne d’une maturité rare. Sa foi en elle, malgré les critiques, nous rappelle que la vraie beauté n’est pas toujours celle qui frappe au premier regard, mais celle qui, subtilement, finit par rayonner. Comme l’a si bien dit Emmanuel Keita, « quand une personne est portée par autant de voix, elle finit par briller, même si elle ne semblait pas être une évidence ».

Il est temps, peut-être, de réinterroger nos concours de beauté. D’en faire des espaces qui célèbrent aussi l’intelligence, l’histoire et le combat des jeunes femmes. Car si une couronne peut susciter autant de violence verbale, c’est qu’elle porte en elle une charge symbolique qu’il faut assainir.

Fatima Koné, elle, a déjà remporté son premier combat : celui de ne pas céder aux jugements. Et rien que pour cela, elle mérite bien plus que la couronne. Elle mérite notre respect.


Le 30/06/25 à 13:29
modifié 30/06/25 à 15:41