Présidentielle 2025 : Vincent Toh Bi Irié alerte sur les dangers du parrainage électoral

Vincent Toh Bi Irié, candidat déclaré à l’élection présidentielle d'octobre 2025. (Ph: Dr)
Vincent Toh Bi Irié, candidat déclaré à l’élection présidentielle d'octobre 2025. (Ph: Dr)
Vincent Toh Bi Irié, candidat déclaré à l’élection présidentielle d'octobre 2025. (Ph: Dr)

Présidentielle 2025 : Vincent Toh Bi Irié alerte sur les dangers du parrainage électoral

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Le 20/06/25 à 14:38
modifié 20/06/25 à 14:51
Lors d’une conférence de presse tenue à Abidjan le jeudi 19 juin 2025, Vincent Toh Bi Irié, ancien préfet et candidat déclaré à l’élection présidentielle d'octobre 2025, a dénoncé le dispositif de parrainage exigé pour se présenter à cette échéance électorale. Selon lui, ce mécanisme constitue « un obstacle majeur à la participation démocratique en Côte d’Ivoire ».

Dans une déclaration argumentée intitulée « Les 5 raisons qui font du parrainage un obstacle à la participation démocratique », le candidat est revenu en détail sur les difficultés posées par cette mesure introduite dans la loi électorale depuis 2020, et renforcée en mai 2025.

Pour Toh Bi Irié, le parrainage dans sa forme actuelle est techniquement inadapté à l’environnement électoral ivoirien. Il dénonce un processus manuel, long, source d’erreurs et difficilement contrôlable par les candidats eux-mêmes. « Ce sont des dizaines de milliers de fiches remplies manuellement... Le croisement des données est uniquement du ressort de la Cei. En cas de contestation, que peut faire un candidat ? », s'est-il interrogé.

Il évoque aussi un décalage avec les standards internationaux : « Au Kenya ou en RDC, les mécanismes d’inclusion portent sur les résultats et non sur les conditions d’entrée en compétition ». Sur le plan politique, le faible taux de participation historique en Côte d’Ivoire rend, selon lui, irréaliste l’idée que plusieurs candidats puissent rassembler chacun des milliers de signatures :« Dans une population peu mobilisée politiquement, cela revient à forcer une forme de pré-vote, sans garantie de transparence ».

L’ancien préfet met également en garde contre les tensions communautaires et les réalités sociologiques du pays. Il estime que dans certaines régions, des mots d’ordre empêchent des candidats d’accéder aux populations. Dans des zones marquées par les appartenances ethniques, le parrainage devient un enjeu de confrontation. Il n’a pas manqué de souligner les précédents douloureux du pays en matière de violences électorales, et l’effet dissuasif qu’ils continuent de produire : « Demander à des citoyens de remettre leur parrainage nominatif à la Cei, dans un pays traumatisé par les violences post-électorales, est une exigence à haut risque. »

Au-delà de l’aspect technique ou logistique, Vincent Toh Bi Irié insiste sur une problématique de fond : la légitimité démocratique. Selon lui, le parrainage couplé au cautionnement financier de 50 millions de Fcfa restreint délibérément le champ des candidats et nuit au principe d’inclusion : « L’élection est censée être un moment d’ouverture et de participation. Or, tout est fait pour filtrer, écarter, exclure », ajoute-t-il. Il a également critiqué les propos du président de la Commission électorale indépendante (Cei), selon lesquels « une élection ne peut jamais être inclusive par essence ».

Des déclarations jugées « graves » et contraires aux principes universels de démocratie. Dans son plaidoyer, Toh Bi Irié appelle la Cei à être un acteur de facilitation et non une simple structure technique : « La Cei ne peut pas se réfugier derrière les textes. Elle a un devoir d’alerte, de conseil, d’équité. Une élection n’est pas un acte administratif : c’est un moment de paix ou de péril. » Il cite plusieurs exemples africains, du Best Loser System mauricien à la proportionnelle sénégalaise, qui montrent que des systèmes électoraux peuvent et doivent être conçus comme des outils d’inclusion et de stabilité.

Vincent Toh Bi Irié appelle enfin à une réforme immédiate du dispositif électoral : « Pour garantir une élection libre, juste et apaisée, le parrainage doit être retiré. L’exclusion n’a jamais été un chemin vers la stabilité. »

Didier ASSOUMOU


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Le 20/06/25 à 14:38
modifié 20/06/25 à 14:51