Le simple curieux, l’invité, VIP ou pas, ou encore l’amoureux des arts qui foule la salle principale du Jacobleu Art Gallery ce jeudi 5 juin 2025, aux II Plateaux Las Palmas, à Abidjan, est tout de suite bluffé par la blancheur immaculée des lieux. Celle-ci se fige en une sorte de toile de fond sur laquelle se dépeint une mosaïque de couleurs, de techniques, de tableaux qui narrent l’histoire lointaine ou récente de la Côte d’Ivoire.

Quand, à ce décor, s’ajoutent des effluves musicaux de tubes tels Forever in love de Kenny G, ou killing me softly des Fugees, ou encore C’est la vie de Henri Dikongué, le spectateur est transporté dans une atmosphère irréelle où finesse, beauté et fragrance se la disputent. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que pour le vernissage de son trentenaire artistique, Jacobleu n’a pas fait dans la dentelle.

Un vernissage VIP la veille, le mercredi 4 juin, avec en Guest-stars l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Christophe Belliard, et le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remark, puis celui officiel dédié au grand public. Ce qui a fait dire au Docteur Paul Hervé Agoubli, enseignant-chercheur à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, et critique d’art, que quand on écrira l'histoire de la Côte d'Ivoire des 10, 50 voire 100 prochaines années, le nom de Jacobleu ne manquera pas dans l'Encyclopédie ivoirienne ; son apport dans la construction des carrières et dans la production iconographique voir symbolique, étant considérable.

C’est pourquoi, selon lui, « certes, la grande foule manque au témoignage, dans un contexte social où la musique et la culture populaire dominent les débats. Mais la renommée, comme le cas s’est vu d’innombrables fois dans l'histoire de notre humanité, n’est pas figée dans les geôles du présent ».

Pour le critique d’art, invité à prononcer le discours d’ouverture, la célébration des trente années de carrière de Jacobleu est un moment important de la vie culturelle ivoirienne. « Ces 30 années prennent sens, au-delà de la culture, dans l'histoire nationale elle-même, car il s'agit de reconnaître le mérite de l'acteur social dont la personne, comme l’œuvre, signifie le destin national d’une singularité telle que les hagiographes, mais aussi la postérité, ne manqueront pas, à coup sûr, de relever », s’est-il convaincu.

Le critique a indiqué que Jacobleu est un artiste de son époque ; un galeriste, un promoteur culturel dont le nom résonne dans les milieux politique, d’affaires et du showbiz. « Jacobleu est, sans conteste, une figure connue, appréciée et respectée. Une figure, disons-nous, par la stature d'autant que par le statut d’icône dans un secteur social dont les promoteurs sont rares », a-t-il assuré. Il a conclu, jetant un regard critique sur l’œuvre du formateur d’Aboudia : « Tout est questionnement et projection, l'actuel pour le futur, le signe pour le symbole, la vie pour l’outre-tombe, la matière pour la transcendance et la danse pour la transe ».

Les œuvres d’art, une grosse opportunité d’investissement

L’artiste à l’honneur a rappelé que les œuvres d’art, notamment les tableaux d’artistes de renom sont des trésors financiers immenses. C’est pourquoi, il a invité les Ivoiriens à investir dans l’achat des tableaux des grands noms de l’art en Côte d’Ivoire. « Les tableaux achetés il y a 10, 15, 20 ans, à 100 000, 200 000 ou 500 000 FCFA coûtent aujourd’hui plusieurs millions de francs dans les opérations de vente aux enchères », a-t-il situé d’entrée.

Selon lui, les entreprises, les banques, les maisons d’assurance, les sachants, etc., placent les œuvres d’art à prix d’or. En effet, a-t-il rappelé, pour évaluer les biens d’un homme, d’une institution, les œuvres d’art des artistes dont les noms font autorité occupent une place de choix. Le créateur a poursuivi : « Il y a 10 ans, on ne parlait pas de nous dans les grands évènements internationaux. Mais aujourd’hui, un artiste ivoirien peut vendre son tableau à 100, 200 voire 500 millions FCFA », a-t-il précisé.

Avant d’exhorter l’auditoire à investir sans hésiter dans l’achat des œuvres des artistes nationaux. « Même si vous ne voulez pas garder, achetez aujourd’hui et des années après, vous pourriez vendre aux enchères. Les tableaux artistiques sont un gros business dans lequel je vous invite à y investir », a dit le fils adoptif de Guy Nairay.

Hommage à Guy Nairay, Mel Théodore, Zadi Zaourou, Memel Kassy, Françoise Remark, l’Unesco, l’Ue...Jacobleu, accompagné, pour la circonstance, de son épouse et de leur fille, a trouvé les mots justes pour rendre un vibrant hommages aux personnalités ivoiriennes et étrangères qui soutiennent son travail depuis des lustres.

Ce soutien, selon lui, se traduit par une participation active à ses différentes expositions, mais aussi dans l’achat de ses œuvres dont la valeur sur le marché ne fait que gagner en importance. Ces hommages ont commencé par le ministre Guy Joseph Emile Nairay, « l’inamovible directeur de cabinet du président Houphouet Boigny ».

Selon Jacobleu, le très discret collaborateur du père de la Côte d’Ivoire moderne l’a adopté comme fils et a été sinon le plus grand du moins l’un des plus grands consommateurs de ses œuvres. C’est pourquoi, il a longuement rendu hommage à ce féru d’art « qui pouvait passer plus de 30 minutes devant un tableau ». Mel Théodore, ancien maire de la commune de Cocody, et ministre de la Ville, a été aussi célébré par l’artiste.

Ce dernier a longuement contribué à son éclosion artistique. En plus de ces personnalités de premier plan, le fondateur de la Jacobleu art Gallery a tenu à remercier les ambassadeurs de France, de Turquie, d’Allemagne, d’Autriche, Grande Bretagne, etc., ainsi que les représentants des organismes internationaux qui ont été de toutes ses aventures jusqu’à la célébration de son trentenaire ce 5 juin 2025.

La célébration de ces noces de perle s’achève le 5 juillet 2025. Faut-il le rappeler, la Jacobleu art Gallery comprend six salles d’exposition, une salle de conférence de 50 places, une salle de spectacles, une boutique d’art, un co-working space et un café-bar.

Firmin NDri Bonfils