Expo Osaka/Industrie chocolatière : Le cacao ivoirien à la conquête du marché japonais
Entre leurs mains, le produit phare de l’agriculture ivoirienne, le cacao. Objectif, trouver au sein des hommes d’affaires du Pays du soleil levant, un terreau fertile pour l’écoulement de l’or brun.
Dialogue direct
L’exercice est bien organisé. Il revient à Laurent Bomisso du Cepici de présenter à ses interlocuteurs, l’avantage que représente la Côte d’Ivoire pour les industriels nippons. Le pays est le premier producteur mondial de cacao, avec plus de deux millions de tonnes de fèves par an, alors que son poursuivant immédiat, le Ghana, ne récolte que 600 000 tonnes. Ce qui garantirait un approvisionnement suffisant.
Le chef de la délégation japonaise, Takashi Ichinomiya, responsable d’entreprise, souligne tout l’intérêt d’avoir ces informations. Car c’est en Ouganda qu’il se rend souvent d’où il importe cette matière première.
C’est alors que l’ambassadeur Gbolié Désiré Wulfran Ipo réagit : « Vous pouvez avoir du cacao en abondance en Côte d’Ivoire. Mais aujourd’hui, le gouvernement encourage la transformation. Il est bon que vous envisagiez, par conséquent, d’installer une usine, ne serait-ce que pour la première transformation ». Et la partie japonaise de livrer sa démarche. Elle entend adopter une approche méthodique.
« Nous voulons aller par étapes. Faire d’abord connaître le cacao ivoirien ici au Japon. De sorte à faire monter sa cote de perception de la qualité. Ainsi, nous importerons des fèves ou du beurre de cacao. Dans une seconde phase, nous pourrons aller à l’usinage sur place en Côte d’Ivoire », embraye le chef d’entreprise Takashi Ichinomiya.

Offensive en ligne
Une observation qui n’inquiète guère la délégation ivoirienne. Le directeur général de Côte d’Ivoire Export, Kaladji Fadiga, revient, dès lors, à la charge. Il précise que les entreprises ivoiriennes ont de l’expertise et ont besoin d’ouverture vers de nouveaux marchés. Et qu’en matière d’exportation, les Japonais peuvent acheter à des coûts préférentiels et ne pas se faire gruger.
La seule condition est de se constituer en société, avec l’appui des compétences locales. Sur le sujet, le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici) est la porte d’entrée. Laurent Bomisso de prendre la parole pour énumérer les conditions pour exercer sur le territoire ivoirien. Entre autres ouvrir un compte séquestre dans une banque sur place et avoir un agrément délivré par le Conseil du café-cacao.
Cet agrément fait de la société constituée, un exportateur régulier. « Le Cepici est à votre disposition. Il est là comme un interface pour vous ouvrir l’accès aux affaires en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, des avantages sont accordés, selon les cas, à ceux qui veulent venir investir en Côte d’Ivoire », déclare Laurent Bomisso.
Et l’ambassadeur de renchérir : « L’ambassade est ouverte. Elle va faciliter le contact avec le Cepici ». Le timing est bon. En effet, c’est maintenant que les dossiers d’agrément sont reçus par le Conseil du café-cacao. Et c’est en fin juillet que la liste des sociétés exportatrices est divulguée. La campagne cacaoyère débutant en octobre. Les Japonais ont le temps de se manifester.
Plus que du cacao à proposer
Le tout est de faire en sorte que le cacao ivoirien soit totalement présent dans le chocolat japonais. C’est que ce produit est très consommé pendant la Saint- Valentin. Si tout se déroule bien, le chocolat d’origine cacaoyère ivoirienne pourra être proposé à cette occasion.
C’est pourquoi le directeur Kalidji Fadiga suggère un test sur les envies des consommateurs nippons. Il y aura, de ce fait, une remontée d’informations qui pourront aider à la décision. Pour ce faire, la ville d’Osaka possède un bon réseau Business to Consumer (B to C ou entreprise à consommateur) qui sera mis à contribution.
Tout ce dispositif fera naître la confiance dans un premier temps. « Nous sommes disponibles pour aller voir les plantations, toucher du doigt les réalités du terrain », indique le chef de la délégation japonaise. L’ambassadeur répond automatiquement dans une ambiance détendue : « Je vous accorde le visa ».
Pour finir, le commissaire du pavillon de la Côte d’Ivoire à l’exposition universelle à Osaka, au Japon, annonce à ses hôtes que la Côte d’Ivoire est aussi première dans bien des spéculations agricoles dont l’anacarde. Les opérateurs japonais pourront ainsi faire d’une pierre deux coups.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba, arrive aujourd’hui à Osaka pour donner une autre allure à la participation du pays à ce rendez-vous du donner et du recevoir, à la faveur du forum économique qui a lieu demain.
Envoyé spécial à Osaka, Japon