Sahara occidental : Vers la fin du rêve des indépendantistes ?

Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali (au premier plan), est de plus en sous pression face à la vague de soutien à Rabat. (Ph: Dr)
Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali (au premier plan), est de plus en sous pression face à la vague de soutien à Rabat. (Ph: Dr)
Le chef du Front Polisario, Brahim Ghali (au premier plan), est de plus en sous pression face à la vague de soutien à Rabat. (Ph: Dr)

Sahara occidental : Vers la fin du rêve des indépendantistes ?

Le 09/06/25 à 14:36
modifié 09/06/25 à 15:16
« Le Ghana fait évoluer sa position sur le Sahara occidental. Finie la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Accra soutient désormais le plan d’autonomie marocain. L’annonce a été faite le jeudi 5 juin, à Rabat par Samuel Okudzeto Ablakwa, le chef de la diplomatie ghanéenne ».

Cette information relayée par RFI fait suite à une autre dont s’est fait écho Le Monde quatre jours plus tôt. «
Le Royaume-Uni a apporté le dimanche 1er juin, son soutien au plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental afin de parvenir à une solution pour ce territoire disputé, rompant avec sa position traditionnelle et rejoignant d’autres soutiens européens à la proposition marocaine », pouvait-on lire sur le site du quotidien français.

En mai 2025, plusieurs pays dont le Salvador, le Rwanda et le Ghana ont ouvert un consulat à Laâyoune, la capitale du Sahara occidental. Ce, après qu’en 2024, 27 pays ont ouvert un consulat général à Laâyoune ou à Dakhla, marquant ainsi leur reconnaissance de l’autorité du Maroc sur ce territoire occupé suite au retrait du colonisateur espagnol en 1975.

En face, le Royaume chérifien fait face aux indépendantistes du Front Polisario qui se battent pour l’existence de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) soutenus par le voisin algérien.

D’aucuns pensent que cette accélération dans le dossier sahraoui est la conséquence de la convergence de vue des États africains décidés – c’est le moins qu’on puisse dire – à changer de narratif sur le continent. Désormais, les dirigeants sont de plus en plus en faveur « d’une Afrique développée par et pour les Africains à partir des ressources humaines et naturelles du continent ».

La victoire écrasante du Mauritanien, Dr Mohamed Sidi Ould Tah – dit candidat des Africains – à la présidence du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) le 29 juin 2025, face au candidat Zambien, illustre ce qui semble être le début d’un changement de paradigme dans le positionnement de l’Afrique sur l’échiquier international.

Les regards sont désormais tournés vers Pretoria où Brahim Ghali a encore ses entrées. Mais encore pour combien de temps ? (Ph: Dr)
Les regards sont désormais tournés vers Pretoria où Brahim Ghali a encore ses entrées. Mais encore pour combien de temps ? (Ph: Dr)



Tout porte à croire que c’est la pertinence du plan d’autonomisation de l’Afrique qui a départagé les candidats. Surtout que la question était au centre des travaux des Assemblées annuelles de la Bad à Abidjan, du 26 au 30 mai 2025. Idem pour l’édition 2025 de l'Africa Ceo Forum dans la capitale économique ivoirienne, les 23 et 24 mai.

Il faut également rappeler que la Bad et a Banque africaine d’import-expor (Afreximbank) ont été en point dans l’éclosion de cette nouvelle tendance. Dr Akinwumi Adesina, qui cèdera son fauteuil à fin août à Dr Mohamed Sidi Ould Tah, et le président d’Afreximbank, Pr. Benedict Oramah, s’en sont faits le fer de lance durant la dernière décennie.

Cette nouvelle unité africaine s’exprime aussi sur les grandes questions internationales. Notamment les crises politico-militaires à travers le monde. Même la position de l’Afrique est globalement en faveur du dialogue et du dépôt des armes.

Les Africains dénoncent de plus en plus les deux poids deux mesures dans la lecture et le traitement des crises ukrainienne et palestinienne. Autrement dit, si le discours occidental est de qualifier la crise ukrainienne « d’invasion », l’intervention israélienne dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie doit être considérée comme « une occupation » conformément au narratif des arabes et de leurs alliés en faveur de la cause palestinienne.


Des observateurs attendent de voir dans quelle direction évoluera la position sud-africaine dans le dossier sahraoui. Parce que le Président de la Nation Arc-en-ciel avait reçu Brahim Ghali, Président de la Rasd et secrétaire général du Front Polisario respectivement en visite de travail en 2018, puis en visite d’État en 2022. Surtout que Pretoria se positionne désormais comme le chef de file d’un renouveau de l’unité africaine face aux contingences internationales.

La volonté d’occuper le siège permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Onu nourrit certainement cet engagement sud-africain.


Toutefois, la position sud-africaine est d’autant plus instable que la question divise à l’intérieur du Congrès national africain (Anc). En 2024, Obed Bapela, l’un de ses cadres, a effectué un déplacement auprès des responsables marocains. Même s’il avait été rappelé à l’ordre, son action avait montré les divergences internes sur le Sahara occidental.

L’évolution de la situation au Sahara occidental est peut-être due aussi à la volonté de l’administration Trump de donner un coup d’accélérateur à ce dossier. Cela, au grand désarroi de l’Algérie.

C’est en cela qu’Alger
a exprimé ses regrets le 9 avril 2025, après la "réaffirmation" de l'appui par les États-Unis de la position marocaine concernant le Sahara occidental. C’est d’ailleurs l’un des sujets qui fâchent dans la coopération franco-algérienne fortement mise à mal ces derniers temps.



Le 09/06/25 à 14:36
modifié 09/06/25 à 15:16