Thomasset : Une communauté divisée réclame le départ de son chef traditionnel

Gestion foncière, absence prolongée, tension communautaire : le chef de Thomasset sur la sellette
Gestion foncière, absence prolongée, tension communautaire : le chef de Thomasset sur la sellette
Gestion foncière, absence prolongée, tension communautaire : le chef de Thomasset sur la sellette

Thomasset : Une communauté divisée réclame le départ de son chef traditionnel

Le 04/06/25 à 11:29
modifié 04/06/25 à 11:34
La localité de Thomasset, située à quelques kilomètres à l’est d’Abidjan, traverse une période de turbulences marquée par une crise de chefferie traditionnelle qui divise la communauté depuis plusieurs mois. Au cœur de cette crise : une lutte de légitimité entre deux camps rivaux, chacun revendiquant le droit de désigner ou de maintenir le chef traditionnel du village.

D’un côté, le chef en fonction, Seri Korahi Bertin, qui dirige depuis 1997. De l’autre, un groupe composé notamment du président des jeunes, du chef adjoint et d’une frange influente de la population locale, réclame son départ et une réforme de la gouvernance coutumière. Un « seeting » a été organisé le vendredi 30 mai dans le village pour exprimer ces revendications.

Zeba Martin, président des jeunes de Thomasset, rencontré sur place, a affirmé que « toute la population, dans son entièreté, demande la démission du chef Seri Korahi Bertin ». Plusieurs griefs sont avancés : « Il avait présenté un premier plan de lotissement comprenant 199 lots. Aujourd’hui, il a introduit un nouveau plan qui en compte plus de 400, sans concertation avec les habitants. En plus, depuis 2011, il vit hors du village, à Abobo Akéïkoi. »

Selon lui, en 2022, des courriers ont été adressés au médiateur de la République, au ministère de l’Intérieur, au préfet d’Abidjan, au sous-préfet d’Anyama, au collectif des chefs d’Anyama et à la mairie d’Anyama pour exposer la situation. Plus récemment, en 2024, une pétition réunissant près de 522 signatures a été lancée pour exiger son départ. Le collectif des chefs, rappelle-t-il, recommande d’ailleurs qu’un chef ne reste pas en fonction plus de 15 ans.

Au-delà de cette opposition autour d’un individu, certains observateurs estiment que la crise révèle un malaise plus profond lié à la gouvernance locale, à la gestion foncière et à l’avenir des chefferies dans une société en mutation. Des tensions, notamment entre jeunes et anciens, ont éclaté lors des manifestations, parfois jusqu’à l’affrontement verbal.

Les autorités appelées à la rescousse

Face à cette situation préoccupante, des appels au calme et à la médiation se multiplient. L’administration préfectorale a entamé des discussions avec les différentes parties, mais aucune solution durable n’a encore été trouvée.

Pendant ce temps, la population de Thomasset reste dans l’expectative. Tandis que certains prônent une réconciliation par la voie coutumière, d'autres appellent à une réforme en profondeur des institutions traditionnelles pour les adapter aux réalités actuelles.

En attendant, la chefferie de Thomasset demeure divisée, et l’unité de la communauté est fragilisée. Un nouveau chef aurait même été installé par le comité des sages, accentuant les dissensions.

Siani Dieudonné, vice-président des jeunes, interpelle le ministère de la Construction sur les conséquences du nouveau plan de lotissement : « Depuis son introduction, plus aucun propriétaire ne peut faire une demande d’ACD, alors que l’ancien plan avait permis l’électrification du village. »

Il faut également souligner que depuis près de 10 ans, le chef en place ne réside plus à Thomasset. Son initiative d’introduire un nouveau plan de lotissement au cadastre est perçue par certains comme entachée d’« irrégularités, de pressions politiques et d’ingérence extérieure ».

Joint par téléphone, le chef Seri Korahi Bertin a indiqué ne pas souhaiter s’exprimer sans l’autorisation préalable du sous-préfet d’Anyama.



Le 04/06/25 à 11:29
modifié 04/06/25 à 11:34