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Sarah Bayoh: La petite Mahouka qui distribue des milliards
Sarah Bayoh rêve de devenir… une femme de village. Celle qui vit sa tradition, cultivant la terre, entretenant sa ferme. Rien que ça. Quand tu vis à Genève…
La dernière fois qu’elle était à Abidjan, la native du Bafing transportait naturellement pas littéralement, quelque 500 milliards de F Cfa.
C’est-à-dire cinq cent mille millions.
Ces calculs, Sarah ne les a jamais effectués. Elle qui est focus sur les investissements. Elle qui est friande de garba que de souris d’agneau, une forme de choucouya dans les restaurants feutrés. Elle préfère aussi les œufs bouillis de poulet à œufs de poisson appelés caviars et chèrement vendus dans les restaurants huppés.
Les 500 milliards de F Cfa, elle est arrivée à Abidjan pour les investir dans la construction du chemin de fer San Pedro - Man -Touba -Odienné. Son job, convaincre les autorités à travailler avec elle.
Alors que le rêve de bien d’Ivoiriens est de se bâtir une grosse villa, avec de préférence, une interminable clôture, la petite fille de Touba veut construire le chemin de fer qui transformera l’économie de l’Ouest de la Côte d’Ivoire.
Vivant et travaillant en Suisse, Sarah, en réalité, bosse pour une agence de financement. Elle a un portefeuille de financiers, banques et fonds d’investissement qui lui font aveuglement confiance par rapport à la destination de leur argent.
Nantis, Américains et Suisses lui ont donné carte blanche pour identifier les grands projets d’infrastructures, d’énergies fossiles et renouvelables ou en agriculture. Elle finance déjà des projets à Sinématiali et à Touba. Lors de son dernier voyage, elle a échangé avec les conseils régionaux de La Mé et de l’Indénié-Djuablin.
Dans La Mé, le projet porte sur un gigantesque studio de production cinématographique.
De Genève, elle sillonne de nombreux pays d’Afrique pour vendre l’argent de grands projets. « Je crois en une Afrique qui n’a pas à s’expliquer, mais à s’épanouir. Une Afrique où les ancêtres de demain sont préparés, formés, alignés. Une Afrique que j’ai envie d’aimer, d’honorer et de faire rayonner, partout où je passe », dit-elle. Mais son sang Mahouka, la ramène toujours en Côte d’Ivoire. C’est ici qu’elle a appris à grouiller.
Et d’ajouter: « Je suis née dans une famille de commerçants et grandi avec l’âme d’entrepreneur, forgée dans les traditions de commerce transmises par ma grand-mère et ma mère. Chez nous, entreprendre, ce n’est pas une ambition, c’est une manière d’exister. J’ai grandi avec l’idée que chaque problème peut être transformé en opportunité, pour soi, mais surtout pour les autres».
Tout n’a pas été rose dans sa vie.
« D’Abidjan à Genève, en passant par Paris, j’ai ouvert un salon de couture à 14 ans, lancé une marque de produits cosmétiques, j’ai surmonté des échecs personnels, expérimenté le monde de l’entreprise et fait un burn out. À chaque étape, mon instinct m’a ramenée à l’essentiel : créer, transmettre et faire grandir », poursuit-elle.
A longueur de journée, elle scrute deux mondes. Ceux qui ont des financements et là où il y a un besoin d’investir. Elle participe à de nombreux forums. L’avion, elle l’emprunte comme un taxi pour aller au marché. Les projets allant de 5 à 100 millions de dollars, c’est-à-dire entre trois milliards et soixante milliards de F Cfa l’interessent mais pas trop. Et pour cause, on lui fait de meilleurs yeux doux. « J'ai des partenaires qui financent les infrastructures avec des montants jusqu'à 5 milliards de dollars. » Cinq milliards de dollars, c’est 3 000 milliards de F Cfa.
Pour elle, tout est passion. La vie, les projets aux coûts faramineux, les enjeux mondiaux de demain. Toujours chiffrés en milliards de F Cfa.
Je l’ai aussi écoutée avec passion. À la fin, c’est moi qui ai payé le café...
Le problème avec ceux qui vivent dans les milliards, c’est qu’ils n’ont jamais d’argent sur eux.