Foncier urbain/AGBE Jean-Jacques, chef du village d’Akoupé-Zeudji: "Une chefferie sans terrains à gérer, c’est une coquille qui est vide"

AGBE Jean-Jacques, chef du village d’Akoupé-Zeudji, se prononce sur l'Attestation de droit d'usage coutumier. (Ph: T.K.)
AGBE Jean-Jacques, chef du village d’Akoupé-Zeudji, se prononce sur l'Attestation de droit d'usage coutumier. (Ph: T.K.)
AGBE Jean-Jacques, chef du village d’Akoupé-Zeudji, se prononce sur l'Attestation de droit d'usage coutumier. (Ph: T.K.)

Foncier urbain/AGBE Jean-Jacques, chef du village d’Akoupé-Zeudji: "Une chefferie sans terrains à gérer, c’est une coquille qui est vide"

Le 31/05/25 à 10:52
modifié 31/05/25 à 10:55
Pr. AGBE Jean-Jacques, Maître de Conférences à l'Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody et chef du village d'Akoupé-Zeudji, donne sa position sur l'Attestation de droit d'usage coutumier (Adu) initiée par les autorités ivoiriennes pour la gestion du foncier urbain.
Quelle est la différence entre l'Attestation villageoise et l'Attestation de droit d'usage coutumier (Adu) ?

La différence fondamentale que je note, c’est la numérisation, le code QR, la sécurisation et puis ça s’arrête là. Quant à l’Attestation villageoise, elle porte soit les signatures du chef, du propriétaire terrien et/ou du lotisseur et c’est nous qui la produisons, contrairement à l’Adu qui sera produite par la tutelle, l'administration.

Qu’est-ce qui d’après vous justifie l’institution de l’Adu en remplacement de l’Attestation villageoise ?

Ils nous accusent de signer plusieurs attestations villageoises pour un même lot. Ce qui n’est pas totalement faux d’ailleurs. Mais ce n’est pas toujours la faute au chef. S’il n’est pas vigilant, il peut être induit en erreur par l’opérateur lorsque celui-ci n’achève pas son travail. Et cela est, surtout, constaté quand on change de chef de village avec la remise en cause des actes de l'ancien par le nouveau.

Quels sont les avantages de l’Adu dans la gestion du foncier urbain ?

L’Adu a l’avantage d’être numérisée avec un numéro unique. Elle limite les magouilles. Mais nous restons prudent, car c’est une œuvre humaine. Elle cache certainement des faiblesses et des failles.

Lesquelles ?

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a une grande magouille autour de la terre, où les plus forts écrasent les plus faibles. Nous pensons que pour que l’Adu soit efficace, il faudrait que les administrateurs soient eux-mêmes fiables.

Est-ce qu’il y a une crise de confiance entre les chefs traditionnels et l'administration au sujet de l'application de l'Adu ?

Nous ne sommes pas contre l’institution de l’Adu, ni contre son application. Tout comme nous ne pouvons pas dire que nous n'avons pas confiance en l'administration dont nous sommes des auxiliaires. Mais lorsque l'administration prend une décision de façon unilatérale et qu’elle nous l'impose, nous ne sommes pas d’accord. Une chefferie sans terrains à gérer, c’est une coquille qui est vide.

N'est-ce pas mettre les chefs au centre du processus de l'Adu en leur laissant la signature de celle-ci ?

Nous pourrions le penser ainsi, si l'on considère la situation de façon simpliste. Mais nous disons que cette réforme est une façon de nous déposséder de notre seule source de revenu.

Pourquoi ?

Vu qu'après la signature, nous n'avons plus droit de citer dans les autres transactions que l'on veut désormais devant le notaire. Nous sommes maintenus dans un rôle de simples signataires de l'Attestation de droit d'usage coutumier.

Que souhaitez-vous pour une bonne application de l’Adu sur le terrain ?

Nous pouvons dire qu’il ne faut pas être réfractaire à tout ce qui est nouveau. L’objectif étant de sécuriser. Il faut prendre en compte les observations de tous les acteurs. Nous pensons qu’il faut laisser le temps aux chefs de village avant de mettre en application l’Adu parce que c’est complexe. Il faut que cela soit un travail consensuel pour que tout le monde se sente concerné.

Interview réalisée par



Le 31/05/25 à 10:52
modifié 31/05/25 à 10:55