Banque africaine de développement : Les 4 points cardinaux de Sidi Ould Tah

Dr Sidi Ould Tah, après son élection
Dr Sidi Ould Tah, après son élection
Dr Sidi Ould Tah, après son élection

Banque africaine de développement : Les 4 points cardinaux de Sidi Ould Tah

Le 29/05/25 à 14:58
modifié 29/05/25 à 16:23
On a connu le flamboyant Akinwumi Adesina et ses cinq priorités pour l'Afrique popularisées sous la formule "High Five". Il faudra désormais compter avec les 4 points cardinaux du Dr Sidi Ould Tah. Lors d'une rencontre à Nouakchott, début mai, il les déclinait comme suit:

"Ma vision est basée sur le diagnostic de la situation de notre continent, sur une multitude d’études et de recherches produites sur l’Afrique. Cette vision a été enrichie par des échanges avec des personnalités importantes en Afrique et ailleurs.

C’est fort de tout cela que nous avons bâti une vision axée sur quatre points cardinaux, qui reflètent l’étendue des changements attendus en Afrique avec l’action centrale de cet outil qu’est la BAD.

Le premier point, c’est le volume des financements. Si l’Afrique n’arrive pas à réaliser ses objectifs de développement plus de 60 ans après les indépendances, c’est en grande partie le résultat d’un réel problème de financements, de disponibilité de ressources. Chaque année, la Bad comptabilise environ 10 milliards de dollars d’approbations et décaisse autour de 5 milliards de dollars. C’est largement insuffisant quand on sait que les besoins de financement des pays africains, seulement en termes d’infrastructures représentent selon les études, entre 100 et 170 milliards de dollars par an. Quant aux besoins financiers à mobiliser pour lutter contre les effets des changements climatiques sur le continent, ils sont évalués à plus de 400 milliards de dollars par an.

C’est vrai, la BAD n’est pas l’unique acteur du financement des économies africaines, mais on est très en deçà des sommes à mobiliser pour financer le développement en Afrique. Il y a donc urgence ! C’est la raison pour laquelle, nous visons à multiplier par 10 le montant annuel des approbations et des décaissements de la BAD.

Le deuxième axe de notre vision, c’est la réforme de l’architecture financière africaine. La Bad est un peu déconnectée d’autres institutions de financement existant sur le continent (Afreximbank, AFC, Africa Ré...) dont certaines ont été créées par elle ! La Bad doit fédérer toutes ces institutions dans le cadre d’une stratégie unique pour accroître l’impact.

Prenons le cas des outils mis en place pour assurer des garanties au financement des PME : Fonds de solidarité africain, Fagace, AGF, ATIDI...Ils sont sous-capitalisés, et certains sont en duplication. Nous devons recapitaliser de ces institutions et assurer une meilleure couverture de l’Afrique par celles-ci.

Le troisième point cardinal, c’est la démographie et le dividende à en tirer. En 2050, 1 personne sur 4 dans le monde sera africaine. Le continent africain sera pratiquement la seule région du monde en croissance là où d’autres seront en décroissance. C’est un atout important mais aussi un risque si rien n’est fait. Nous entendons transformer cette croissance démographique en dividende. Ce qui passe notamment par des investissements accrus dans la formation des jeunes, dans la santé, dans la création d’emplois décents.

Notre quatrième point cardinal, c’est le développement d’infrastructures résilientes et capables d’impulser la création de valeur. L’Afrique a pendant longtemps exporté ses matières premières qui sont transformées ailleurs où elles créent de la richesse. L’Afrique doit désormais se transformer en une grande usine pour le reste du monde.

Ces quatre points que je viens d’énumérer vont avoir des axes transversaux. Le premier, c’est la question du changement climatique qui est transversale et va être présente à tous les niveaux. Le deuxième, c’est la problématique des technologies, de l’Intelligence artificielle qui représente des opportunités nouvelles pour l’Afrique, pour faire des sauts importants."



Le 29/05/25 à 14:58
modifié 29/05/25 à 16:23