Mme Peron, vous êtes à la tête du nouveau Sofitel Cotonou. Que représente ce projet pour le développement de l’hôtellerie haut de gamme en Afrique de l’Ouest ?

Le Sofitel Cotonou Marina Hotel & Spa est bien plus qu’un hôtel. C’est un signal fort de confiance dans le potentiel touristique et économique du Bénin. Il marque une nouvelle étape pour l’hôtellerie de luxe en Afrique de l’Ouest, en incarnant la rencontre entre l’excellence du service à la française et les richesses culturelles locales. Avec ses 174 chambres luxury et 24 suites dont 5 suites duplex avec piscine privée ; ses 5 bars et restaurants dont l’AMI, brasserie chic signature dont la carte est signée par Georgiana Viou, 1ère cheffe étoilée Michelin d’origine africaine ; il constitue également un moteur de transformation pour toute une filière, du tourisme d’affaires à la gastronomie, en passant par l’artisanat et l’événementiel.

Comment analysez-vous l’évolution du secteur hôtelier de luxe dans la sous-région ces dernières années ?

Nous observons une transformation profonde du secteur hôtelier de luxe dans la sous-région. L’essor économique, la stabilité politique et la volonté des États d’attirer des investisseurs ont permis un élan de modernisation des infrastructures. Les voyageurs, qu’ils soient d’affaires ou de loisirs, recherchent désormais des établissements qui offrent à la fois excellence de service, sécurité, et immersion culturelle. Les grandes chaînes internationales, en s’implantant dans la région, contribuent à élever les standards et à professionnaliser l’ensemble du secteur.

A votre avis quels sont les facteurs qui expliquent cet essor ?

Une combinaison de facteurs économiques, sociaux et politiques. D’abord, la croissance soutenue de plusieurs économies de la sous-région stimule la demande en infrastructures haut de gamme, notamment pour répondre aux besoins des voyageurs d’affaires, des institutions internationales et d’une clientèle locale de plus en plus exigeante. Ensuite, la montée en puissance d’une classe moyenne aisée, ainsi qu’un intérêt accru pour des expériences de voyage locales et sous-régionales, haut de gamme et authentiques, créent un terrain favorable au développement du secteur.

Mais cet essor ne serait pas possible sans une volonté politique affirmée. Le Bénin en est un exemple remarquable. Le gouvernement béninois a entrepris de grandes initiatives pour positionner le pays comme une destination touristique de référence. Cela passe par le développement d’infrastructures modernes, la rénovation et la valorisation du patrimoine culturel et naturel, ainsi que l’organisation d'évènements d’envergure. Cette vision stratégique crée un environnement attractif pour les investisseurs et permet aux projets hôteliers de luxe, comme le Sofitel Cotonou, de s’inscrire dans une dynamique nationale ambitieuse et porteuse.

Quels rôles jouent les grandes chaînes internationales comme Accor dans la transformation du paysage hôtelier africain ?

Les grandes chaînes internationales, comme Accor, apportent non seulement des normes et standards internationaux en termes de qualité de service, mais aussi un savoir-faire reconnu dans la gestion d’hôtels haut de gamme. Leur présence contribue à structurer l’industrie locale, à stimuler la formation professionnelle et à attirer de nouveaux investisseurs. Cela permet également aux destinations africaines de gagner en visibilité et d’attirer une clientèle internationale exigeante.

En quoi l’implantation d’hôtels de prestige dans des capitales comme Cotonou ou Abidjan participe-t-elle au rayonnement économique et culturel des pays hôtes?

Sur le plan économique, ces établissements favorisent la création d’emplois, dynamisent les secteurs du tourisme et de l’événementiel, et attirent des investissements étrangers. Ces établissements deviennent également des lieux privilégiés pour les rencontres d’affaires, facilitant les échanges internationaux et la coopération régionale.

Sur le plan culturel, ces hôtels servent de vitrines pour le patrimoine local en intégrant l’art, la gastronomie et les traditions dans l’expérience client, contribuant ainsi à renforcer l’image et l’attractivité internationale de ces capitales africaines.

D’ailleurs dans cette optique, nous avons établi un partenariat ambitieux avec l’agence de promotion touristique Bénin Tourisme. Cette collaboration s’inscrit dans notre volonté d’accompagner le développement de la Destination Bénin en valorisant ses atouts auprès de publics variés, qu’ils soient en quête d’expériences culturelles, de rencontres professionnelles, de nature ou de divertissement.

Vous annoncez une session de recrutement à Abidjan. Pourquoi avoir choisi la Côte d’Ivoire comme vivier de talents pour le Sofitel Cotonou ?

Notre choix s’est porté sur la Côte d’Ivoire, et plus particulièrement Abidjan, pour cette session de recrutement car la ville s’impose aujourd’hui comme une référence en matière d’hospitalité en Afrique de l’Ouest. Abidjan bénéficie d’un écosystème hôtelier particulièrement mature, avec une forte présence d’hôtels cinq étoiles, dont le Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire, ainsi que de nombreux restaurants gastronomiques, lounges et clubs privés. Cette diversité a permis l’émergence de professionnels aguerris, ouverts à la multiculturalité et formés à des standards de service internationaux.

Au-delà de ces atouts, notre choix s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer les synergies entre deux marchés dynamiques et complémentaires. La circulation des compétences, des savoirs et des expériences entre ces pays voisins favorise l’intégration régionale et enrichit nos équipes, qui deviennent ainsi plus performantes et innovantes.

Recruter à Abidjan, c’est donc encourager cet échange d’expertises au bénéfice du secteur hôtelier ouest-africain, tout en participant activement à son développement durable. Cette approche collaborative nous permet d’offrir une expérience client d’excellence, portée par une dynamique de coopération et de partage mutuel. Notre session de recrutement se tiendra les 22 et 23 mai 2025 au Sofitel Abidjan salle Aboisso, de 9h à 17H.

Quelles sont les qualités et compétences recherchées chez les jeunes candidats ?

Nous recherchons avant tout des jeunes passionnés, curieux, avec un fort sens de l’engagement et de l’hospitalité. L’excellence, la rigueur, la courtoisie et la capacité à travailler en équipe sont des qualités essentielles dans nos métiers. Mais nous ne visons pas uniquement des profils « tout faits » : nous croyons au potentiel. Le Sofitel Cotonou joue également un véritable rôle de formateur ; intégrer nos équipes, c’est accéder à un environnement d’apprentissage permanent. Ce que nous attendons, c’est l’envie d’apprendre, l’ouverture d’esprit, et la volonté de se dépasser chaque jour.

Comment les jeunes talents ivoiriens peuvent-ils tirer parti de l’essor de l’hôtellerie de luxe dans la sous-région ?

La nouvelle dynamique soutenue du secteur de l’hôtellerie de luxe en Afrique offre des perspectives concrètes pour les jeunes talents ivoiriens. Au premier trimestre 2025, 577 établissements étaient en cours de développement sur le continent, dont une part importante dans les segments haut de gamme et luxe, soit une progression de 13,3 % par rapport à 2024 (source : Hotel Chain Development Pipelines in Africa 2025).

Dans ce contexte, les jeunes professionnels n’ont plus besoin de s’expatrier pour évoluer dans des environnements d’excellence. Ils peuvent aujourd’hui intégrer des établissements prestigieux dans la région, bénéficier de programmes de formation continue, et capitaliser sur la mobilité régionale pour enrichir leur parcours. L’essor du secteur leur offre ainsi un terrain d’expression privilégié, propice au développement de carrières solides et ambitieuses, au cœur même du continent.

Existe-t-il aujourd’hui un « savoir-faire ivoirien » qui rayonne au-delà des frontières ?

Absolument comme dans chaque pays. Les professionnels ivoiriens sont très appréciés dans toute la région pour leur sens du service, leur professionnalisme, leur adaptabilité et leur aisance relationnelle. Ces facteurs font des talents ivoiriens des collaborateurs très recherchés dans l’hôtellerie de luxe, aussi bien en Afrique qu’à l’international. Le Directeur Culinaire du Sofitel Cotonou, le franco - ivoirien, Raphaël Kinimo en est un exemple notable. Avec une carrière marquée par des expériences internationales dans des établissements prestigieux, il incarne parfaitement l’excellence et la créativité qui caractérisent le savoir-faire ivoirien. À travers cette campagne de recrutement, nous souhaitons justement mettre en lumière ce savoir-faire et offrir à ces talents de nouvelles perspectives d’évolution..

Quelles perspectives d’évolution de carrière offre votre groupe à ses collaborateurs en Afrique ?

Avec Sofitel comme dans le secteur hôtelier en général, les opportunités de carrière sont nombreuses et diversifiées, permettant à chacun de se développer à la fois professionnellement et personnellement. Ce domaine offre un parcours évolutif, où les collaborateurs peuvent progresser à travers différentes fonctions, de la gestion des opérations à des postes stratégiques au sein de l’entreprise. La richesse de l’hôtellerie réside dans sa capacité à offrir des expériences variées à travers des environnements internationaux et multiculturels, favorisant ainsi l’épanouissement des talents.

Au sein de Sofitel, nous mettons un point d’honneur à accompagner cette évolution en offrant à nos équipes des programmes de formation adaptés et des possibilités de mobilité au sein du groupe. Cela leur permet de découvrir de nouveaux horizons, d’enrichir leur expertise et d’assumer des rôles de leadership à différentes étapes de leur carrière. Nous croyons que le développement des talents est essentiel pour garantir un service de qualité et soutenir la croissance continue du secteur hôtelier, notamment en Afrique.

Selon vous, comment l’hôtellerie de luxe peut-elle devenir un véritable moteur de développement inclusif dans nos économies ?

R : L’hôtellerie de luxe, lorsqu’elle est pensée de manière responsable, a un effet multiplicateur. Elle crée des emplois directs et indirects, soutient les filières locales et favorise l’inclusion sociale en offrant des parcours d’insertion et de montée en compétence. Notre responsabilité, en tant qu’acteurs du secteur, est d’agir comme catalyseurs de croissance durable et inclusive.

Quels efforts sont entrepris pour favoriser la formation continue, l’égalité des chances, et la promotion des femmes dans ce secteur ?

Ces enjeux sont aujourd’hui au cœur des politiques RH du secteur hôtelier, car nous sommes convaincus qu’un secteur durable et performant repose sur la formation, l’inclusion et la valorisation des talents sans distinction à tous les niveaux. Dans l’ensemble de la profession, on observe une volonté croissante de structurer et de garantir l’égalité des chances et de promouvoir la diversité, notamment à travers des initiatives portées par les grandes chaînes internationales comme Accor, mais aussi par des acteurs locaux.

Au Sofitel Cotonou, nous avons mis en place des programmes de formation réguliers, adaptés aux besoins de chacun et orientés vers l’excellence du service. Ces formations couvrent aussi bien les compétences techniques que managériales, avec une attention particulière portée à la transmission des valeurs du groupe Accor telles que l’hospitalité, le respect et la culture de la qualité.

L’égalité des chances est un principe fondamental que nous veillons à traduire concrètement dans nos pratiques de recrutement, d’évaluation et d’évolution de carrière. Nous nous assurons que chaque talent, quel que soit son parcours ou son origine, puisse bénéficier des mêmes opportunités de développement.

La promotion des femmes est également un axe prioritaire, à l’échelle du secteur comme au sein de notre établissement. Je suis fière de compter aujourd’hui plusieurs femmes dans notre comité de direction et dans le management, preuve que l’hôtellerie de luxe en Afrique de l’Ouest évolue vers plus d’équité et d’ouverture. Nous accompagnons activement nos collaboratrices dans leur progression professionnelle en créant un environnement de travail respectueux, bienveillant et inspirant.

C’est pour nous un engagement de fond, au service d’une hôtellerie plus juste, plus inclusive et résolument tournée vers l’excellence.

Quelles synergies espérez-vous créer entre les marchés hôteliers ivoirien et béninois à travers ce recrutement croisé ?

R : Ce recrutement vise à encourager une dynamique régionale, où les talents circulent, apprennent les uns des autres et construisent ensemble une hôtellerie africaine d’excellence. Les marchés béninois et ivoiriens ont beaucoup à s’apporter mutuellement. Pour cela, au sein de la marque Sofitel, des passerelles concrètes existent déjà entre les équipes d’Abidjan et de Cotonou. Ces échanges réguliers, qu’ils soient opérationnels ou formatifs, favorisent un transfert efficace de savoir-faire, renforcent la cohésion des collaborateurs et contribuent à harmoniser nos standards de qualité à l’échelle régionale. En unissant nos forces, nous participons à faire émerger un réseau de compétences panafricaines et de professionnels engagés, capables de porter une vision commune de l’excellence hôtelière en Afrique de l’Ouest.

Quelle est votre vision à long terme pour le Sofitel Cotonou, et plus largement pour la présence du groupe Accor en Afrique de l’Ouest ?

Notre vision à long terme pour le Sofitel Cotonou Marina est de positionner l’établissement comme l’adresse de référence au Bénin, et à terme, comme l’une des destinations iconiques de l’hôtellerie haut de gamme en Afrique de l’Ouest. Le Sofitel Cotonou Marina a vocation à offrir une expérience à la fois internationale et profondément enracinée dans la culture béninoise. En conjuguant art de vivre à la française et richesse des patrimoines locaux, nous voulons proposer une diversité d’expériences qui séduira aussi bien les voyageurs d’affaires que les visiteurs en quête d’authenticité.

Cet établissement s’inscrit dans une dynamique de contribution active à l’économie locale, à travers la création d’emplois qualifiés, la valorisation des talents béninois et le soutien aux filières locales. C’est une vision de l’hôtellerie comme levier de développement durable et de rayonnement culturel.

À l’échelle régionale, cette ambition reflète l’engagement du groupe Accor à faire de l’Afrique de l’Ouest un pilier stratégique de son développement sur le continent.

Interview réalisée par Salif D. CHEICKNA