André Kuyo, Expert-Consultant à l’Insertion professionnelle : "Les diplômés doivent se reconvertir"

André Kuyo, l'expert en insertion professionnelle. (Ph: Dr)
André Kuyo, l'expert en insertion professionnelle. (Ph: Dr)
André Kuyo, l'expert en insertion professionnelle. (Ph: Dr)

André Kuyo, Expert-Consultant à l’Insertion professionnelle : "Les diplômés doivent se reconvertir"

Le 07/05/25 à 13:10
modifié 09/05/25 à 09:50
L'expert porte un regard sur la problématique de l'insertion professionnelle et propose des solutions pour l'employabilité des jeunes
Quel regard portez-vous sur la problématique de l’insertion socio-professionnelle en Côte d’Ivoire ?

Selon les statistiques, et sauf erreur de ma part, il y aura plus de 500 000 nouveaux diplômés chaque année pour à peu près 50 000 emplois. En Afrique, il me semble qu’il y a 10 à 14 millions de diplômés chaque année pour 3 à 4 millions d’emplois. Revenons en Côte d’Ivoire où il y a plus de 500 universités privées et 9 publiques qui produisent chaque année de nouveaux diplômés. Cela veut dire que nous avons un gap de 450 000 emplois à trouver sur les 500 000 nouveaux diplômés qui sortent. Quels que soient les efforts que fournira l’Etat ivoirien, il sera difficile de trouver du travail à tous ces diplômés qui sortent de nos universités. Toutefois, comparativement aux Etats africains francophones que je connais, nous sommes meilleurs. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de sacrifices à faire.

Pour la question de l’employabilité des jeunes, quelles solutions proposeriez-vous ?

Demander aux jeunes de se reconvertir. Que les jeunes acceptent de se reconvertir. Sur le terrain de l’emploi ou de stage école, ce n’est pas facile. Souvent il y a des entreprises pour un stage demandent une batterie de tests aux étudiants. Aujourd’hui, nos diplômés qui sortent trient et ne veulent pas se reconvertir.

La question de l’inadéquation formation-emploi est toujours d’actualité. Quels conseils pouvez-vous donner à un jeune qui pourraient l’aider à s’insérer dans la vie active ?

C’est bien d’être diplômé que de ne pas avoir de diplôme. Donc un étudiant qui a un master 2 en droit et se reconvertit en plombier, il aurait dû au départ choisir donc la plomberie, il aurait gagné un an d’expérience après un an de formation. Mais il faut noter qu’il est bien d’aller à l’école. Nous allons à l’école pour travailler. Il va falloir que les universités réforment leurs formations. Que chaque étudiant s’informe avant de s’orienter. Car une formation est une orientation pour la vie.

Avec la problématique de l’emploi, le gouvernement propose l’entrepreneuriat. Pensez-vous que c’est une porte pour les jeunes de s’insérer ?

Il faut l’encourager. Dire aux jeunes, avec un master 2, il n’est pas forcément censé travailler dans un bureau. Il faut leur dire cela. Parce que quand ils obtiennent le doctorat, ils se disent qu’ils doivent forcément enseigner. Et ce sont des grèves à n'en point finir. Il faut leur indiquer autre chose. Les orienter vers l’entrepreneuriat qui pour moi est la vraie solution. Nos pays ont intérêt à encourager l’entrepreneuriat. En Côte d’Ivoire, il y a l’Agence universitaire de la Francophonie (Auf) qui forme les étudiants. Cette agence a même initié le statut de l’étudiant entrepreneur validé par l’Etat et dont le projet pilote est implémenté à l’Université Félix Houphouët-Boigny. Il faut également que les étudiants s’y intéressent. En réalité, il y a des structures qui existent. Il y a des structures privées qui existent mais il faut que l’Etat donne l'option aux cabinets d’expertises de former les jeunes à des coûts très préférentiels. L’Etat a dégagé des moyens qui sont disponibles pour les jeunes. Mais, il y a un goulot. Les jeunes manquent d’informations et de formation entrepreneuriale. Peut-être aussi créer un compte de garantie pour encourager les banques à donner de l’argent aux jeunes pour entreprendre.


Le 07/05/25 à 13:10
modifié 09/05/25 à 09:50