Sahel : « Un génocide se profile à l’horizon » alerte le Dr Lassina Diarra à Doha

Dr Lassina Diarra, Directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, alerte sur le risque de génocide au Sahel, lors du Forum mondial sur la sécurité à Doha (Qatar), le 29 avril 2025.
Dr Lassina Diarra, Directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, alerte sur le risque de génocide au Sahel, lors du Forum mondial sur la sécurité à Doha (Qatar), le 29 avril 2025.
Dr Lassina Diarra, Directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, alerte sur le risque de génocide au Sahel, lors du Forum mondial sur la sécurité à Doha (Qatar), le 29 avril 2025.

Sahel : « Un génocide se profile à l’horizon » alerte le Dr Lassina Diarra à Doha

Le 09/05/25 à 06:33
modifié 09/05/25 à 06:58
Le constat est glaçant et l’avertissement sans équivoque. Le Sahel, vaste bande géographique s’étendant de l’océan Atlantique à la mer Rouge, est aujourd’hui confronté à un péril extrême : celui d’un génocide latent. C’est l’alerte lancée par le Dr Lassina Diarra, Directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT), lors de sa participation au Forum mondial sur la sécurité organisé par le gouvernement du Qatar du 28 au 30 avril 2025 à Doha.

Intervenant dans un panel consacré à la sécurité au Sahel, le Dr Diarra a dressé un tableau alarmant de la situation sécuritaire dans cette région en proie à une violence croissante. « Le risque de génocide est réel au Sahel. Des groupes ciblent de manière systématique certaines communautés, en les assimilant à des terroristes. Ce schéma rappelle tragiquement les prémices du génocide rwandais de 1994 », a-t-il déclaré, devant une audience composée de décideurs politiques, d’experts en sécurité et de diplomates.

Le panel consacré à la sécurité au Sahel
Le panel consacré à la sécurité au Sahel



Selon lui, le Sahel est aujourd’hui le théâtre d’un paradoxe inquiétant : alors qu’il devrait être une priorité de solidarité internationale, il est devenu le terrain d’expérimentations militaires douteuses, où les armées nationales opèrent parfois aux côtés de milices locales et de sociétés militaires privées venues de l’extérieur du continent. « Ces groupes armés non étatiques, souvent incontrôlés, participent à des actions violentes contre des populations civiles, exacerbant les tensions communautaires déjà existantes », a-t-il souligné.

Le Dr Diarra a également mis en lumière l’incapacité croissante des États sahéliens à contenir la menace terroriste, laquelle remet en cause les fondements même des États-nations. « Le modèle républicain, laïc, est aujourd’hui mis à rude épreuve. Les terroristes gagnent du terrain, étendant leur influence au-delà des zones de conflit traditionnelles. Des pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo ou encore le Sénégal sont aujourd’hui menacés par une contagion sécuritaire », a-t-il prévenu.

Face à cette situation, il estime que le repli nationaliste prôné par certains pays n’est pas une réponse adéquate. « Le terrorisme n’a pas de frontières. Il impose une coopération renforcée entre tous les maillons de la chaîne antiterroriste, tant au niveau bilatéral que régional et international », a-t-il insisté. Et de dénoncer au passage l’isolement stratégique de certains États membres de l’Alliance du Sahel, qui optent pour une gestion solitaire de la crise au détriment d’une coordination sous-régionale.

Dans cette perspective, le Dr Diarra appelle la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à jouer un rôle plus structurant. « La CEDEAO doit faire preuve de leadership, en s’affirmant comme un bloc solide face à la recomposition géopolitique en cours. Le statu quo n’est plus tenable, et seule une action concertée pourra empêcher l’effondrement de plusieurs États dans la région », a-t-il martelé.

En somme, le message du Dr Lassina Diarra, porté à Doha, se veut un cri d’alerte et un appel pressant à la responsabilité collective. Car selon lui, l’Afrique ne peut se permettre de revivre l’horreur du Rwanda sur une autre de ses terres. Le Sahel brûle, et l’heure n’est plus aux demi-mesures.



Le 09/05/25 à 06:33
modifié 09/05/25 à 06:58