Sommet des leaders de médias : L’Afrique repense sa vision des médias pour accompagner son développement

Dr Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (Bad). (Ph: Dr)
Dr Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (Bad). (Ph: Dr)
Dr Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (Bad). (Ph: Dr)

Sommet des leaders de médias : L’Afrique repense sa vision des médias pour accompagner son développement

Le 11/05/24 à 08:04
modifié 11/05/24 à 13:10
Plus d'une cinquantaine de leaders des médias se sont donné rendez-vous du 8 au 10 mai 2024, à Nairobi au Kenya, pour repenser la vision des médias et leur apport dans le développement du continent. Ce, à l’initiative du Sommet AllAfrica des leaders de médias d’Afrique sur le thème : « Repenser les médias d’Afrique en cette période de mutations profondes ».

Cette rencontre s’est articulée autour de six piliers essentiels, à savoir "La transformation économique africaine", "L’Intelligence artificielle, la technologie et la numérisation", "L’intégration régionale et la consolidation de la paix", "La désinformation et mésinformation", "La gouvernance (normes et renforcement des capacités)" ainsi que "La création des modèles commerciaux durables".

M. Amadou Mahtar Ba, président du Sommet. (Ph: Dr)
M. Amadou Mahtar Ba, président du Sommet. (Ph: Dr)



Les médias et la technologie, les faces d’une même médaille

Ce sont plus de 300 propriétaires et opérateurs de médias d’Afrique parmi lesquels des responsables gouvernementaux, des chefs d’entreprise, des universitaires, des acteurs majeurs de la société civile et des partenaires au développement qui ont pris part au Sommet AllAfrica des dirigeants de médias 2024.

Sommet AllAfrica des Leaders de Médias d’Afrique : Des prix d’excellence décernés à Nairobi

Selon M. Amadou Mahtar Ba, président du Sommet, à l’ère du numérique, le développement économique et humain, le progrès social, la paix, la sécurité, et une gouvernance responsable et efficace ne peuvent prospérer sans la diffusion d’informations justes, précises et fiables.

« Les défis auxquels les médias sont confrontés sont énormes. Nous sommes à l'origine de grandes idées et nos idées peuvent être adaptées à la direction que nous souhaitons. Notre plus grande victoire et notre plus grande défaite au niveau de l'information, c'est que nous ne pouvons pas dissocier les médias de la technologie », dira-t-il.

L’Intelligence artificielle mal utilisée peut avoir des conséquences néfastes

Du Sommet, il ressort que la transformation digitale étant dominée par l’Intelligence artificielle, il y a lieu d’accompagner son utilisation par une éthique. D’où l’instauration d’une charte dans son utilisation en Afrique.

Aussi, l’on retient de cette rencontre que la survie des médias locaux ne peut venir que de l’utilisation efficiente de la technologie. Leur durabilité réside également dans l’accès des clients à 100% des outils numériques. Pour ce faire, les leaders des médias ont été invités à automatiser leur process.

Les participants au Sommet AllAfrica des leaders de médias d’Afrique instruits sur l’Intelligence artificielle, à travers de nombreuses sessions, se sont aperçus qu’elle n’est pas une mauvaise chose. Cependant, mal utilisée, elle peut avoir des conséquences néfastes.

Il a donc été demandé aux acteurs de l’industrie des médias d’être des champions de la transparence de leur processus de production de l’audience en vérifiant les faits.

« Soyons tous les vuvuzelas de l’Afrique... »

Les médias, a indiqué le Dr Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), sont importants pour le développement inclusif du continent. C'est d'ailleurs pourquoi, il a soutenu la nécessité d'une nouvelle vision de l'Afrique.

A l'en croire, dans le système des audiences, les bonnes et nouvelles informations sur le continent manquent dans les médias internationaux. Et de dénoncer la mauvaise perception de l'Afrique dans ces médias. Pour lui, il faut que les médias revoient leur narratif sur l'Afrique parce que sur le continent, il n'y a pas que des stéréotypes.

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Aussi a-t-il reconnu l'importance de médias libres et indépendants pour la démocratie et le développement en Afrique. Il a souligné les défis auxquels l'industrie des médias est confrontée en raison de la pandémie de Covid-19 et de l'essor des médias sociaux.

M. Adesina a insisté sur la nécessité de faire preuve d'esprit critique et de discernement face à un paysage de l'information en constante évolution.

C’est d’ailleurs pourquoi, il a indiqué que l’industrie des médias doit jouer un rôle essentiel pour façonner l’avenir de l’Afrique. Pour lui, les récits que doivent raconter les médias du continent devraient se distinguer de ceux des médias internationaux.

« Mon travail consiste à faire le marketing des opportunités de l’Afrique. Il faut que nous contrôlons l’histoire de l’Afrique (...) On ne doit pas se borner aux stéréotypes et mauvaises informations sur le continent qui ont des effets négatifs », a-t-il plaidé. Et de lancer : « Racontons des récits positifs et ne nous bornons pas aux choses qui ne marchent pas ».

Un plan stratégique pour financer l’industrie des médias en Afrique

Après avoir souligné que les récits sur l’Afrique sont rédigés par les non-Africains et le manque de financement des médias, il a relevé qu’il faut un plan stratégique pour financer l’industrie des médias en Afrique. C’est aussi à ce prix, a-t-il soutenu, que le continent peut attirer les investissements.

Pour le président de la Bad, Dr Akinwumi Adesina, il faut distinguer les médias en les encourageant à travers l’institution d’un Prix annuel. À cela, il a ajouté que son institution entend mettre en place des bourses pour la formation et le perfectionnement des journalistes africains. Aux journalistes, il dira : « Soyons tous les vuvuzelas de l’Afrique et que cela soit entendu du haut du mont Kilimandjaro ».

Avec le potentiel de jeunes, utilisateurs des technologies dont regorge le continent, il a soutenu qu’il faut plutôt financer leurs projets que d’évoquer leur autonomisation.

Envoyé spécial à Nairobi au Kenya



Le 11/05/24 à 08:04
modifié 11/05/24 à 13:10