Côte d’Ivoire : un expert en pharmacie déplore le manque d’unité de fabrication de seringues, coton et compresse

Photo de famille. (DR)
Photo de famille. (DR)
Photo de famille. (DR)

Côte d’Ivoire : un expert en pharmacie déplore le manque d’unité de fabrication de seringues, coton et compresse

Le 03/05/24 à 14:52
modifié 03/05/24 à 18:31
Prenant part à une table ronde, dont le thème est : « Perspectives : L’industrie allemande de la médecine et de la pharmacie en Afrique de l’ouest », Prof. Malan Kla Anglade, Doyen de la Faculté de Pharmacie, a déploré le fait que, bien que la Côte d’Ivoire dispose de matières premières, elle reste tributaire de médicaments et d’équipements médicaux.

Il intervenait au cours de la deuxième édition du Forum Médecine Pharmacie (Med Pharma) qui se tient du jeudi 2 au samedi 4 mai 2024, à Abidjan-Plateau, dans le but de mettre sur pied une plateforme de réseautage, de B to B et de rencontres d’affaires.

C’est un rendez-vous des leaders et entreprises du secteur de la Santé et de la Pharmacie, principalement de l’Allemagne, orienté sur l’Afrique francophone avec pour point focal : la Côte d’Ivoire.

Selon Prof. Malan Anglade, par ailleurs directeur du laboratoire national santé publique (2008-2023), il y a nécessité de créer des partenariats nouveaux entre l’Allemagne et la Côte d’Ivoire pour impacter, au-delà de la distribution, la chaîne de production de produits pharmaceutiques.

« Nous sommes producteurs de beaucoup de matières premières telles que le caoutchouc et le coton, indispensables à la production des dispositifs médicaux et bio-médicaux. Cependant, il n’y a aucune unité de fabrication en Côte d’Ivoire, par exemple, pour produire des seringues, du coton médicalisé, des compresses, etc. Et cela est inadmissible », a relevé Prof. Malan Kla Anglade aux fins d’attirer l’attention des membres de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Allemagne sur le besoin d’opter pour la production locale de ces dispositifs médicaux.

Se prononçant sur l’état des lieux du plateau pharmaceutique ivoirien, le Doyen Malan n’a pas caché son inquiétude face au fait que tous les médicaments consommés en Côte d’Ivoire sont importés (90%) et qu’il n’y a jusque-là pas d’alternative pour remédier à cela.

Il s’agit donc pour lui de créer ou renforcer des partenariats existants avec certains fournisseurs d’équipements étant donné que dans les hôpitaux publics ou privés beaucoup d’équipements utilisés proviennent de l’Allemagne.

Un autre intervenant de ce panel, Jürgen Ratzinger, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Frankfurt (Allemagne), s’est réjoui d’être à ce forum pour parler des opportunités d’affaires qu’offre le secteur de la médecine et la pharmacie entre l’Allemagne et la Côte d’Ivoire.

Il a rappelé, à juste titre que la première édition qui avait eu lieu à Frankfurt (2019) a été marquée par une forte présence d’entreprises ivoiriennes. C'est pourquoi, en retour, des entreprises allemandes dudit secteur l’ont accompagné à Abidjan.

« Je suis là pour représenter les intérêts des partenaires allemands, en tant que représentant de la Chambre de commerce de d’industrie de Frankfurt, qui est très active avec de grandes sociétés qui sont présentes dans le monde entier. Mon rôle, c’est d’amener ces entreprises à s’intéresser encore plus à la destination ivoirienne et à y développer leurs activités », a-t-il assuré.

Son homologue ivoirien, Faman Touré, a, pour sa part, reconnu que malgré les multiples initiatives dans le secteur de la santé, qu’elles soient publiques ou privées, « nous devons reconnaître que des défis restent à relever ». Il a évoqué, entre autres, la production de médicaments à des coûts compétitifs et couvrant toute la gamme de besoin, les équipements et matériels médicaux, les machines et les laboratoires, et l’instauration d’une assurance maladie universelle.

« Je me réjouis de ce que notre forum de ce jour axé sur la souveraineté pharmaceutique en Afrique de l’ouest », souhaite aborder ces défis du secteur de la santé. Il convient de noter que pour assurer un ancrage institutionnel de ce projet qui tend à créer un pont entre les opérateurs allemands et ivoiriens, pour faire de la Côte d’Ivoire le hub de la commercialisation des produits pharmaceutiques ‘’Made in Germany’’, la présence de l’ambassadeur d’Allemagne en Côte d’Ivoire, Mathias Veltin, à l’ouverture de ces assises était indispensable.

Quant à la présidente du comité d’organisation (Pco) du Forum Med Pharma, Dr Bakayoko Mama, elle a soutenu que l’enjeu c’est de permettre que la population ivoirienne et de l’Afrique de l’ouest ait l’opportunité d’avoir des produits de qualité de l’Allemagne.

« Notre ambition, c’est d’aider nos opérateurs économiques du domaine du médicament, dans la production et la distribution de travailler avec des opérateurs économiques allemands qui sont dans ce secteur, pour qu’in fine, la population bénéficie de produits de qualité et surtout à bas prix ».

Membre de la diaspora allemande, elle a révélé que l’initiative de Med Pharma est née de la volonté conjuguée d’experts allemands dont Jürgen Ratzinger, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de Frankfurt et de professionnels ivoiriens d’opérer un transfert de compétences et de technologies en Côte d’Ivoire.

Le président de Med Pharma, Dr Ouoba Souleymane, a souligné qu’en termes de retombées de ce forum, concrètement, il y a eu des intentions d’achat ou vente de médicaments de la part des participants de ce forum, qui constituent déjà un chiffre d’affaires de 1 million d’euro.


Le 03/05/24 à 14:52
modifié 03/05/24 à 18:31