Mali : Choguel Maïga face à Mahamoud Dicko, tension extrême entre deux anciens compagnons de lutte

L'imam Mahamoud Dicko,  le principal opposant à la junte malienne
L'imam Mahamoud Dicko, le principal opposant à la junte malienne
L'imam Mahamoud Dicko, le principal opposant à la junte malienne

Mali : Choguel Maïga face à Mahamoud Dicko, tension extrême entre deux anciens compagnons de lutte

Le 07/03/24 à 01:25
modifié 07/03/24 à 01:25
L’époque où l’actuel Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga et l’influent imam Mahamoud Dicko ont mutualisé leurs efforts pour faire chuter l’ex-Président, Ibrahima Boubacar Kéita (décédé) est bien loin. Les deux anciens compagnons s'affrontent désormais dans un combat à mort.

Après la destitution du chef du gouvernement par les cadres et militants de son parti, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-Rfp) et le boycott annoncé de sa rencontre du 7 mars 2024, Choguel Kokalla Maïga passe à l’offensive. Il a décidé le 6 mars 2024, de dissoudre la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahamoud Dicko (Cmas), fer de lance de l’opposition politique à la junte malienne et son chef, Assimi Goïta. Surtout que M5-Rfp reste fidèle à son opposition à un pouvoir militaire et dont Choguel Kokalla Maïga était le champion.

Dans son communiqué, le « Conseil des ministres, informé par le ministre d'État, ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l'imam Mahamoud Dicko), conformément à la loi n°04-038 du 05 août 2004 régissant les associations au Mali ».

La raison : « Fondée le 5 décembre 2019, la Cmas s'est écartée de ses objectifs initiaux, se muant. Cette décision fait suite à des actions et déclarations publiques du Coordinateur général jugées subversives et à l'absence de communication des rapports d'activités ou des modifications statutaires à l'administration. En conséquence, la Cmas est officiellement dissoute pour manquements statutaires et atteinte aux intérêts supérieurs du pays ».

D’aucuns se demandent si les jours du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, aux côtés du Colonel Assimi Goïta ne sont pas désormais comptés, l’homme ayant perdu sa base politique, le tremplin qui lui avait permis d’être quasi-incontournable dans le microcosme politique malien.

Bonne ou mauvaise décision?

La décision est évidemment saluée par les partisans du pouvoir, notamment sur les réseaux sociaux. Sur X (Twitter), One Alasco (@one_alasco) salue « une bonne décision du gouvernement ». Tadam (@Tadammajor) est plus dur. « Iman kodjouguou (mauvaise chose en Barbara), il faut en finir avec le mélange religieux & politique pour l'émergence de l’Afrique », écrit-il.

Adama Yoro Diallo (@AdamaYoroDialli) appelle à des actions plus fortes des militaires. « Après la Cmas du sud, il faut dissoudre tous les partis politiques ! », suggère-t-il. Drame_ismael@yahoo.fr (@drameismael) est de cet avis. Il le dit en ces termes : « Le seul reproche que je fais à la transition, elle a trop tardé à dissoudre la Cmas. Maintenant qu'elle a mis les pendules à l'heure, je ne peux que remercier très chaleureusement les autorités de la transition ».

Les anti-juntes se font entendre également. Lazina Sacko (@kourouma_sankara), l’un d'eux pense que l’imam Dicko reste dans le jeu politique malgré tout. « Je pense que dissoudre une association ne peut pas effacer ses militants donc pour moi c'est un non événement », selon elle.

Tous les apposants ne sont aussi sereins qu’elle, vu que les rassemblements qui font la force du guide religieux lui sont désormais interdits. Et Belco Moussa Barry ne cache pas son inquiétude. « Nous virons totalement vers une dictature. Il font tout pour barrer la route à certains pour les élections à venir dans 5 ans », explique-t-il.


Le 07/03/24 à 01:25
modifié 07/03/24 à 01:25