Rentrée solennelle de l’Académie catholique: Les académiciens pour un développement qui prend en compte les valeurs de l’Afrique !

Les membres de l'académie catholique et leurs hôtes à la fin de la cérémonie. (Poro Dagnodo)
Les membres de l'académie catholique et leurs hôtes à la fin de la cérémonie. (Poro Dagnodo)
Les membres de l'académie catholique et leurs hôtes à la fin de la cérémonie. (Poro Dagnodo)

Rentrée solennelle de l’Académie catholique: Les académiciens pour un développement qui prend en compte les valeurs de l’Afrique !

Le 19/02/24 à 19:08
modifié 19/02/24 à 19:08
L’Académie catholique de Côte d’Ivoire (Acaci) a fait sa rentrée solennelle académique 2023-2024, le jeudi 15 février, au siège de la Conférence des évêques catholiques à la Riviéra III (Cocody).
Cet organe qui se donne pour finalité la réflexion et la production intellectuelles attachées à la foi catholique, à la dignité humaine et aux valeurs des peuples, a marqué ce jour, par une leçon inaugurale. Donnée par le père Paulin Congo Degni, enseignant de Bible au Grand séminaire d’Anyama, elle a porté sur le thème : « Quelle spiritualité pour l’homme aujourd’hui, sans Dieu ? »
Son enseignement s'est adossé sur une relecture de "Le Pédagogue" de Clément d’Alexandrie, les volumes II et III, qui s’attardent sur des questions de morale à bon marché.
Citant le Pape François, le père Congo Degni s’est posé deux questions : « Et si nous Africains, on refusait que l’économie détermine toute notre vie. Et de fait, peut-on concevoir un type de développement qui n’est pas qu’économique, mais qui est capable de prendre en compte les valeurs fondamentales de l’Africain, le respect du sacré et de la nature, le respect de la vie, la quête de l’harmonie avec le cosmos, l’enjeu des initiations qui donnent le sens d’appartenance à une communauté qui nous fait ? »
Mais avant, le père a évoqué le chapitre de "Le pédagogue" sur la vraie beauté qu'il résume dans le fait de se connaitre et de connaitre Dieu. De cette manière, l'on sera selon lui, semblable à Lui : « sans vêtement brodé d’or ni robe tombant jusqu’aux pieds, il fait le bien et il a aussi peu de besoin que possible ; or Dieu seul est sans besoin et il se réjouit lorsqu’il nous voit purs et ornés de la beauté intérieure, mais aussi revêtus de la beauté du corps, de cette robe sainte qu’est la chasteté ».
Pour lui, au-delà d’un certain humanisme, sur cette voie qui conduit la Côte d’Ivoire et l’Afrique au développement, une question fondamentale se pose. Quel type d’homme voulons-nous pour nos sociétés africaines ?
Le père Paulin Congo Degni estime, par ailleurs, qu’une telle problématique sous-tend certainement des questions subsidiaires dont l’une des plus importantes serait de nos jours, la relation au corps. Surtout une certaine mentalité érotique qui commercialise le corps, les tatouages du corps devenu de mode, les piercings qui donnent l’impression de jouer avec son corps ou de le maltraiter comme dans le cadre d’un certain sadisme. Le prêtre a évoqué les questions liées au genre avec la chirurgie esthétique qui donne pour le chrétien l’impression de refuser un corps reçu de Dieu à la conception. « Des hommes veulent être transformés en femmes et des femmes veulent devenir des hommes à cause des aléas de la société, ou selon leur bon désir ».
Le corps consommé comme un produit quelconque
Paulin Congo Dégni s’est aussi interrogé sur la question de la mentalité de consommation à outrance. Il a voulu savoir si elle doit déterminer les conceptions anthropologiques majeures de chacun. Avec le corps qui se consomme comme un produit quelconque, et serait un jouet laissé à la merci des caprices de l’humain. « Il ne serait plus pour le chrétien le temple du Saint-Esprit dont il faut prendre soin...Nous sommes loin d’une telle conception avec une société qui accepterait la chosification du corps », a-t-il souligné.
En citant également le Pape François qui fait remarquer qu’à notre époque, le développement des sciences et des technologies biomédicales exercent une forte incidence sur la perception du corps, induisant l’idée qu’aucune limite ne peut empêcher de le modifier. Il a fait allusion à la capacité d’intervenir sur l’Adn, la possibilité d’insérer des éléments artificiels dans l’organisme (ciborg) et le développement des neurosciences qui constituent une grande ressource, et soulèvent en même temps des questions anthropologiques et éthiques.
Mgr Boniface Ziri aumônier de l’académie était représenté à cette rentrée par le vicaire général d’Abidjan, Pierre Claver Yessoh. Le président de l’Académie, le Prof. René Dégni- Segui, était présent avec ses pairs. L'on a noté également la présence de personnalités au nombre des desquelles l’ancienne ministre, Martine Coffie Studer.
Le 19/02/24 à 19:08
modifié 19/02/24 à 19:08