Accusée de harcèlement sexuel par des athlètes : La direction technique de taekwondo vole en éclats

L'équipe ivoirienne pour Tokyo poursuivra sa préparation dans l'Ouest du pays. (Ph: Dr)
L'équipe ivoirienne pour Tokyo poursuivra sa préparation dans l'Ouest du pays. (Ph: Dr)
L'équipe ivoirienne pour Tokyo poursuivra sa préparation dans l'Ouest du pays. (Ph: Dr)

Accusée de harcèlement sexuel par des athlètes : La direction technique de taekwondo vole en éclats

Le 28/12/23 à 09:34
modifié 28/12/23 à 09:34
La Fédération ivoirienne de taekwondo vit des moments ignobles. La sale affaire de harcèlement sexuel sur des athlètes de sexe féminin qui secoue la maison vient d’avoir raison du Directeur technique national (Dtn), Me Christophe Ediémou, et de l’entraîneur national, Me Tadjou Attada.

Ils ont été limogés et remplacés le 23 décembre 2023, par Me Thierry Koné.

Le premier paye sûrement pour n’avoir pas réussi à gérer l’affaire. Tandis que le second est le véritable mis en cause. Nous ne l’aurions pas nommé, si l’affaire n’avait pas franchi le seuil de la fédération pour prendre la direction du ministère délégué en charge des Sports et du Cadre de vie, du Comité national olympique et des instances internationales.

Tout est parti des courriers adressés à la Dtn et au président de la fédération par une athlète frustrée et désabusée. Mariama Cissé, 25 ans, athlète de haut niveau, étudiante en master, contrôle de gestion audite à l’Institut national de la Jeunesse et des Sports (Injs) de Marcory. Elle voulait comprendre pourquoi elle n’a pas été sélectionnée lors des dernières compétitions internationales.

« Je ne comprends pas ma non-sélection alors que j’étais l’athlète la mieux placée au ranking de la World taekwondo, dans ma catégorie et celle qui avait remporté le plus de médailles lors des dernières compétitions auxquelles la Côte d’Ivoire a participé. J’étais surprise de voir une athlète juniore sélectionnée à ma place », écrit la taekwondo-in au 17 médailles nationales et médaillée de bronze aux championnats d’Afrique 2022.

Elle venait de comprendre que le coach avait mis en route son rouleau compresseur, pour l’obliger à accepter ses avances. « Je suis victime de mon refus d’accepter les avances de l’entraîneur Tadjou Attada, lesquelles ont fini par impacter ma carrière d’athlète de haut niveau », s’indigne-t-elle.

Ses courriers à la direction technique nationale et au président de la fédération sont restés sans suite. Il a fallu qu’elle saisisse le ministère des Sports et le Comité national olympique pour que la maison taekwondo se mette à bouger.

Limogé, le directeur technique sort de son silence. «... Vous m’aviez rassuré de la recevoir dès que l’occasion se présente. Je suis donc surpris qu’en lieu et place d’un autre rendez-vous à fixer avec elle, je reçois un lettre de révocation, au nom d’une commission dite d’éthique inconnue de nos structures », écrit Christophe Ediémou, qui récuse sa révocation par le président Yacé et refuse d’être mêlé à cette sale affaire de harcèlement sexuel.

Les langues se délient

C’est qu’après avoir reçu le courrier de l’athlète, le 2 décembre 2023, le Dtn Ediémou avait immédiatement saisi le président Jean-Marc Yacé. Par manque de temps ou par négligence, ce dernier a multiplié les rendez-vous avec l’athlète sans les respecter.

La question, c’est pourquoi le président Yacé ne reçoit-il pas son collaborateur, le Dtn, en ce qui concerne cette grave affaire pour l’entendre, lui et le coach concerné, afin d’établir un procès-verbal d’audition ? Mettre en congé le Dtn et l’entraîneur national résout-il le problème ?

C’est que la plainte de Mariama Cissé a délié les langues au sein de la communauté. Audrey Aka du club Chelsea de Grand- Bassam, l’une des Éléphantes sortie de l’équipe nationale, pour avoir refusé de monnayer sa virginité contre une place en équipe nationale ne décolère pas. Les jeunes filles qui évoluent en équipe nationale de taekwondo souffrent.

Les autres, aujourd’hui, mariées et qui ne veulent plus entendre parler de taekwondo, à cause des mauvais souvenirs vécus sont légion. Elles disent toutes avoir le même bourreau, Me Tadjou. Nous avons tenté de le joindre, en vain. Aucune trace de lui à la fédération, non plus.

En attendant les réactions officielles de la tutelle et du Comité national olympique, Mariama Cissé ne compte pas baisser les bras. Cette affaire risque d’entacher la réputation du taekwondo ivoirien. Un sport fièrement servi au monde entier (entre 2009 et 2021) par le président Bamba Cheick Daniel et son équipe.


Le 28/12/23 à 09:34
modifié 28/12/23 à 09:34