François Amichia, président du Cocan 2023 : « Nous répondrons valablement à toutes les attentes »

François Amichia, président du Cocan 2023. (Ph: Dr)
François Amichia, président du Cocan 2023. (Ph: Dr)
François Amichia, président du Cocan 2023. (Ph: Dr)

François Amichia, président du Cocan 2023 : « Nous répondrons valablement à toutes les attentes »

Le 03/12/23 à 02:06
modifié 03/12/23 à 02:06
Nous sommes à moins de deux mois de la Coupe d’Afrique des nations. Est-ce que la Côte d’Ivoire est prête à accueillir cette compétition ?
En 2014, lorsque nous avons déposé le dossier de candidature de la Côte d’Ivoire à l’organisation de la Can, l’objectif était d’organiser une belle Can, de respecter le cahier des charges de la Confédération africaine de football (Caf), de permettre à la Côte d’Ivoire de se repositionner sur le plan sportif et des infrastructures sportives. En 2017, lorsque le premier bureau du Comité d’organisation de la Can (Cocan) a été installé avec, comme président, Lambert Feh Kessé, l’objectif était clair : organiser la meilleure des Can. En juin 2021, lorsque le Président de la République m'a nommé à la tête du Cocan, il nous a répété cette instruction : faire de l’édition de la Can qui va se dérouler en Côte d’Ivoire, la plus belle de toutes les éditions qui ont été organisées sur le continent. C’est cet objectif que toutes les équipes mises en place se sont attelé à atteindre. A quelques semaines du 13 janvier, nous pouvons, avec certitude, dire que la Côte d’Ivoire respectera les engagements pris pour organiser cette Can.

La restauration, l’hébergement des hôtes, la logistique... Est-ce que tout est fin prêt pour ce rendez-vous ?

Il y a un cahier des charges précis de la Confédération africaine de football. Et c’est ce cahier des charges que nous respectons. Au niveau de l’hébergement, partout où nous ne pouvions pas avoir des hôtels de quatre à cinq étoiles, nous avons préféré construire des cités Can, avec des prestations de ce standing à Korhogo, Bouaké et San Pedro. A Abidjan et à Yamoussoukro, nous avons les réceptifs hôteliers qu’il faut. Pour la restauration, nous avons fait un appel d’offres pour sélectionner les meilleurs prestataires de services dans ces villes qui seront encadrés par une équipe de la Caf. Avec le ministère du Tourisme, des visites d’inspection ont eu lieu dans des maquis et des restaurants. Une liste a été dressée et soumise à la Caf. Qui va permettre à tous ceux qui effectueront le déplacement de regarder et de choisir ce qui leur convient.

Qu’en est-il des infrastructures routières ?

Vous êtes témoins des efforts faits par le gouvernement depuis quelques années pour aller dans les principales villes hôtes. En ce qui concerne la santé, selon le cahier des charges qui nous a été remis par la Caf, en relation avec le ministère en charge de la Santé et avec le Samu, dont le directeur est le président de la commission santé, les équipements requis par la Caf ont été commandés. Ils sont arrivés et sont en train d’être installés.

Pourquoi avoir attendu maintenant pour installer ces équipements de pointe ?

Nous n’avons pas voulu les installer trop tôt pour ne pas avoir de mauvaises surprises dans leur surutilisation. C’est seulement maintenant que nous les installons. En attendant, nous prenons le soin de former le personnel qui sera chargé de les utiliser, afin de rendre cet usage optimal. Tout ceci pour vous dire que dans tous les secteurs évoqués, toutes les dispositions ont été prises pour que nous soyons prêts et que nous puissions fournir les meilleures prestations pour satisfaire, non seulement, les athlètes, c’est-à-dire les équipes nationales, mais aussi les délégations officielles et les supporters qui feront le déplacement.

Vous avez parlé des routes, de l’hébergement et des hôtels. Qu’en est-il des stades ?
La Coupe d’Afrique des nations, c’est d’abord une manifestation sportive. Et ce qui importe, ce sont les pelouses et les infrastructures sportives. Le gouvernement ivoirien s’est attelé, à travers le ministère des Sports et l’Office national des sports (Ons), à respecter le cahier des charges. Je sais que les Ivoiriens ont en mémoire ce qui s’est passé à Ebimpé. Ils s’en étaient inquiétés à juste raison. Mais les dispositions ont été prises immédiatement pour régler la situation. Je crois que le match de qualification pour la Coupe du monde 2026, entre la Côte d’Ivoire et les Seychelles, devant les observateurs de la Caf et de la Fifa a rassuré tout le monde. Enfin, je crois que, de l’avis de tous, ce stade est prêt à accueillir la compétition.

Comment va se faire la mobilisation des supporters, surtout dans les stades de l’intérieur du pays ?
Dans la nomenclature des commissions demandées par la Caf, il n’y avait pas spécifiquement une commission mobilisation. Mais le Président de la République et le Premier ministre ont permis que nous mettions en place une commission ad hoc chargée de la mobilisation.

Pourquoi spécifiquement cette commission ?
L’objectif des autorités ivoiriennes à cette Can de l’hospitalité est qu’aucun match ne se joue devant des tribunes vides. Cette commission a été mise en place et elle travaille à sensibiliser, informer et mobiliser toutes les catégories sociales du pays. Afin que l’affluence dans les stades soit respectable. On l’a vu pour les matchs tests de la Côte d’Ivoire à Ebimpé et au stade Félix Houphouët-Boigny. Tout le monde a été témoin de la mobilisation. Mieux, on a eu des matchs tests de la Women Champions League. Ce sont des jeunes filles qui jouaient, mais on a vu la mobilisation dans les stades, à San Pedro et à Korhogo.

Quel est le degré d’implication des collectivités locales dans cette organisation ?

Il y a à peu près un mois que nous avons installé les comités locaux d’organisation de la Can (Colocan) dans les villes hôtes. Le président du Colocan est le préfet de région. La vice-présidence est assurée par le maire de la ville. Nous avons installé ces structures un peu tardivement parce que nous attendions les résultats des élections locales du 2 septembre dernier. Les maires des villes hôtes ont été installés. Il reste celui de San Pedro, qui sera élu à l’issue de l’élection partielle du 2 décembre. Au niveau des régions, le président de l’Assemblée des régions et districts de Côte d’Ivoire (Ardci), Eugène Aka Aouélé, a désigné le ministre-gouverneur Philippe Legré comme le point focal des régions, en vue de travailler à la mobilisation. En ce qui concerne les autres entités étatiques ou para-étatiques, des dispositions sont également prises pour pouvoir travailler sous la responsabilité du Colocan de la ville. Les collectivités territoriales sont impliquées dans l’organisation, et plus particulièrement dans l’aspect mobilisation.

Qu’en est-il des communautés africaines vivant en Côte d’Ivoire ?

C’est pour vous dire que déjà, dans les villes hôtes de l’intérieur et à Abidjan, toutes les dispositions sont prises pour que les stades soient pleins. A côté de notre propre organisation, il y a aussi ce que les communautés des pays frères organisent. Nous avons déjà eu des séances de travail avec les communautés de la Cedeao et avec les ressortissants des pays frères du Maghreb et des nations arabes qualifiés pour la Can. Cette campagne de sensibilisation et de mobilisation continue. Nous sommes conscients des attentes, non seulement des autorités ivoiriennes, des autorités de la Caf, mais aussi de la jeunesse africaine. C’est pourquoi je suis convaincu que nous serons prêts sur ce plan, et nous allons valablement répondre à toutes les attentes.

Peut-on affirmer à ce jour que toutes les conditions sont réunies pour organiser cette Can jamais organisée en terre africaine ?
Les Ivoiriens sont réputés pour leur sens de l’accueil, pour leur sens de la fête. On a fait des matchs tests. On a vu l’ambiance qui a régné dans les stades dans et autour des stades. Dans les collectivités, dans les communes, les gens sont en train de s’organiser. Le nombre de demandes d’autorisation de création de villages Can que nous recevons est énorme. Mais nous n’en accordons pas autant. Parce que, notre objectif est d’abord de remplir les stades. Mais pour les villes qui n’ont pas de stades, pour les localités qui ne sont pas de villes hôtes, nous donnons l’autorisation de faire des villages Can. Afin que les populations puissent vivre collectivement ce grand événement sportif. On peut dire que la Côte d’Ivoire est prête pour l’organisation de cette Can.

Il n’empêche qu’il y a encore quelques travaux à peaufiner...
Il est vrai que dans le souci de recherche la perfection, et parce que nous nous sommes donné comme leitmotiv l’exigence d’un haut niveau de réussite, nous travaillons encore sur des détails. Le Premier ministre Robert Mambé Beugré nous a enjoint de travailler désormais sur les détails pour tout peaufiner. Et nous le faisons point par point pour ne rien omettre, pour ne rien négliger. Afin que la fête soit totale. Non seulement sur les pelouses et dans les tribunes, mais aussi dans les villes et hameaux de Côte d’Ivoire.

Qui peut et doit organiser un village Can ?
Ce qu’il faut retenir, c’est que la compétition appartient à la Caf. Il y a des règles bien précises. Ce qui est mentionné dans les cahiers des charges, c’est les fan-zones. Chaque ville hôte peut créer une fan -zone. Pour Abidjan, qui est une grande ville, nous avons obtenu la création de deux fan-zones. Dans les villes de Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo et San Pedro, il n’y aura qu’une fan-zone. C’est une structure encadrée par la Caf, avec des sponsors. Elle comporte des tribunes et un dispositif de sécurité pour permettre à ceux qui n’auront pas de places dans les stades de suivre les matchs.

Comment doivent s’y prendre les commerçants qui souhaitent éventuellement vendre sur ces sites ?
A côté des fan-zones, il y a les villages Can. Et ces villages Can, les collectivités peuvent en offrir à leurs populations. Des opérateurs économiques peuvent en construire pour les populations, des animateurs culturels peuvent le faire également. Mais il faut que cela soit contrôlé. Parce qu’il faut garantir la sécurité physique et alimentaire des personnes. Il faut aussi garantir la sécurité du sponsoring pour qu’il n’y ait pas de doublons avec les sponsors officiels de la Caf. Donc il y a un certain nombre de dispositions. C’est pourquoi nous souhaitons que les demandes parviennent au Cocan, qui répond en donnant les critères et les conditions pour réaliser un village Can.

Peut-on avoir une idée de ces conditions ?

Il ne faut pas que le village Can soit proche d’un stade de la compétition. Parce que l’objectif premier est d’avoir des stades pleins. En plus, il faut pouvoir garantir la sécurité alimentaire et physique des personnes qui y viennent. Il faut que ces dernières repartent chez elles sans difficulté après les matchs. Il ne faut pas que les sponsors des villages Can soient des concurrents des sponsors officiels de la compétition. Et il faut une certaine discipline pour que tout se déroule dans des conditions optimales. L’idée est de ne surtout pas surmultiplier les villages Can. Parce que l’essentiel est d’aller au stade. Nous avons un stade de 60 000 places à Ebimpé, un stade de 40 000 places à Bouaké, des stades de 20 000 places à San Pedro, Yamoussoukro et Korhogo. Il faut les remplir en priorité.

Y a-t-il une caution à payer pour créer un village Can ?
Il y a un type de modèle. Si vous le choisissez, vous payez la prestation à l’entreprise qui le fait. Les communes ont l’habitude d’organiser des villages Can. Beaucoup l’ont déjà fait lors des éditions précédentes organisées ailleurs. Il y a une caution à payer au Bureau ivoirien des droits d’auteur (Burida) pour les œuvres artistiques et culturelles que vous allez exploiter et il y a l’occupation du domaine public (Odp) à solder. Il n’y a pas de taxes supplémentaires en dehors de ce qui se fait habituellement.

Quel est l’enjeu véritable de cette Coupe d’Afrique des nations de football en Côte d’Ivoire?

Il faut revenir au contexte. Nous étions en 2014. La Côte d’Ivoire sortait d’une grave crise en 2011. Le pays était sur la voie de la réconciliation. Une image négative s’est collée à la Côte d’Ivoire. Le Président Alassane Ouattara se dit qu’il faut repositionner le pays sur les plans politique, économique, social et sportif. La Côte d’Ivoire à partir de 2013 organise l’Afrobasket masculin, après le Championnat du monde de taekwondo (2012). Et surtout les Jeux de la Francophonie en 2017. Donc la Coupe d’Afrique de football permet à notre pays de répondre, non seulement, aux attentes du milieu sportif, mais aussi de tout le monde. Les investissements qui ont été réalisés dans le cadre de la Can, ou qui vont faciliter son organisation, sont des investissements qui profitent aux populations ivoiriennes. Si on prend le cas des infrastructures sportives, depuis l’arrêt des fêtes tournantes de l’indépendance, on n’avait pas construit de stades. Et ces dernières années, la plupart des équipes de l’intérieur qui participent au championnat national de football viennent toutes jouer à Abidjan. Parce qu’il n’y a pas de stades dignes de ce nom à l’intérieur. Avec la construction de quatre nouveaux stades et la réhabilitation de deux anciens stades, le pays est désormais couvert en infrastructures sportives. Sans oublier que nous attendons à peu près 1 500 000 personnes, qui vont venir pour assister aux différents matchs durant un mois. Cela va favoriser l’économie locale... Ce sont des données qui ne sont pas toujours quantifiables, mais elles montrent que la Côte d’Ivoire du Président Alassane Ouattara est une Côte d’Ivoire de l’hospitalité, un pays accueillant, qui connaît une croissance régulière et qui met des moyens à la disposition de ses populations.

Qu’avez-vous à dire aux Ivoiriens qui sont encore sceptiques...

Je ne donnerai pas mon sentiment sur ce sujet. Tout le monde sait d’ailleurs ce que j’en pense. Je l’ai dit depuis le début, la Côte d’Ivoire sera prête. Mais cet événement a un propriétaire, c’est la Caf. Le président de cette faîtière, le docteur Patrice Motsepe, était en Côte d’Ivoire pour la finale de la Women Champions League. A cette occasion, il a rendu visite au Chef du gouvernement, le Premier ministre Robert Mambé Beugré qui est également ministre des Sports et du Cadre de Vie. Il a dit au sortir de l’audience qui lui a été accordée que la Côte d’Ivoire est prête. Qu’il est fier des installations qu’il a vues, et qu’il ne veut plus qu’on lui pose la question de savoir si la Côte d’Ivoire est prête. Quand le propriétaire de l’événement, lui-même, vous dit que vous êtes prêts, et qu’au retour de Korhogo, il envoie une lettre à la Fédération ivoirienne de football et au gouvernement ivoirien pour les remercier et les féliciter de ce qu’il a vu, on ne peut que partager ce point de vue. Et dire aux Ivoiriens qu’ils peuvent s’approprier cet événement. Ils doivent se l’approprier. Ils peuvent en être fiers.

Interview réalisée


Le 03/12/23 à 02:06
modifié 03/12/23 à 02:06