Ppa-CI: Le parti de Gbagbo ne décolle pas

Le Président Laurent Gbagbo, président du PPA CI. (DR)
Le Président Laurent Gbagbo, président du PPA CI. (DR)
Le Président Laurent Gbagbo, président du PPA CI. (DR)

Ppa-CI: Le parti de Gbagbo ne décolle pas

Le 13/11/23 à 16:55
modifié 13/11/23 à 16:55
Créé en octobre 2021, deux ans après, le Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire fait du sur place.
Tristesse, amertume et colère. Les sentiments s’entremêlent chez Laurent Gbagbo après les résultats des municipales et régionales du 2 septembre 2023. La moisson est bien maigre pour le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire de l’ancien Président Laurent Gbagbo. Deux communes sur 201 et zéro conseil régional.

À Ouragahio, au nord de Gagnoa, ville de naissance et fief historique de l’ancien Président, Pierre Dacoury-Tabley est sorti vainqueur avec 51,46 % des suffrages. Antoine Kanga Kacou tire également son épingle du jeu à M’Batto, dans le Moronou, situé dans le centre-est du pays.

Si Laurent Gbagbo, en politicien madré, dans une posture officielle, parle de fraude, argument de mauvais perdant, il sait que quelque part, le système de l’équipe qu’il a mise en place en octobre n’a pas fonctionné. Cette contre-performance du Ppa-CI était prévisible. Il n’avait pas pu aligner des candidats partout en Côte d’Ivoire.

Dans la bataille du maillage du territoire, le Ppa-CI est arrivé en dernière position, loin derrière le Rhdp qui avait des candidats partout, aussi bien aux municipales qu’aux régionales; loin également derrière le Pdci-Rda et même le Fpi à qui, dit Laurent Gbagbo, le contenu de l’enveloppe a été arraché.

Aux régionales, le parti de l’ancien Président avait des candidats dans 22 régions sur 31. Aux municipales, il en avait aligné 129 pour 201 fauteuils municipaux. A côté de cela, les principaux animateurs parlent plus qu’ils n’agissent.

Après les avoir laissé vitupérer et expliquer sous toutes ses formes leur débâcle, Laurent Gbagbo qui sait qu’on ne garde pas une équipe qui perd a décidé de faire monter en première ligne de nouvelles personnalités.

Ainsi, Sébastien Dano Djédjé est le nouveau président exécutif du Ppa-CI. C’est un fidèle de l’ex-Chef d’État. Il a été ministre de 2001 jusqu’à la chute de Laurent Gbagbo. Il a notamment eu la charge du portefeuille de la Réconciliation, entre 2007 et 2010. Il a également occupé plusieurs responsabilités au sein du Front populaire ivoirien (Fpi), l’ex-parti de Laurent Gbagbo.

C’est aussi un ancien député de Gagnoa, considéré comme le bastion imprenable de Gbagbo qui, sur le terrain, ne l’est plus trop. Sébastien Dano Djédjé remplace Hubert Oulaye dont la nomination, en 2021, semblait être une surprise générale. A cette période déjà, on pensait à Sébastien Dano Djédjé. Il a été le président du congrès constitutif du Ppa-CI.

Hubert Oulaye paye-t-il sa défaite aux régionales face à Anne Ouloto ? A la réalité, il paye simplement la lourde défaite du Ppa-CI à cette échéance électorale, véritable test avant la présidentielle de 2025. Il n’est désormais plus que le deuxième vice-président du Ppa-CI à côté d’un autre cacique, Assoa Adou, premier vice-président.

Sébastien Dano Djédjé sera appuyé dans sa tâche par Stéphane Kipré. L’ancien gendre de Laurent Gbagbo a réussi à s’imposer comme une figure incontournable de son parti. On l’a vu au four et au moulin en juin 2021. Jouant le rôle de protocole, de bodyguard. Il est chargé de l’implantation, de l’animation des coordinations et des fédérations du Ppa-CI.

Damana Pickass n’est plus le secrétaire général. La nomination de ce pur produit du Fpi originel, qui a fait ses classes à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), avait été perçue, par de nombreux observateurs, comme une main tendue de Gbagbo à la jeunesse.

Mais Pickass aurait été victime de torpille. Certains auraient indiqué qu’il rançonnait au nom de Laurent Gbagbo. Vrai ou faux, il est remplacé par Jean-Gervais Tchéidé qui jouera également le rôle de porte-parole adjoint.

Député de Bloléquin, dans l’ouest, on dit qu’il est très populaire auprès de la frange du Fpi restée fidèle à Gbagbo. Tchéidé avait organisé plusieurs marches d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (Eds), une plateforme politique qui réunissait les pro-Gbagbo, avant que l’ancien Président ne revienne en Côte d’Ivoire.

Il a pour adjoint Justin Koua, une ancienne figure de la Gbagbosphère. Justin Katinan Koné, l’acrimonieux aux griffes acérées, n’est plus le porte-parole du Ppa-CI. C’est désormais à Me Habiba Touré, l’avocate de Laurent Gbagbo, qu’est dévolue cette fonction.

Ces changements peuvent-ils relancer la machine du Ppa-CI ? Pas trop sûr. Pour y arriver, il faudrait que ce parti ait une offre politique. La vie politique en Côte d’Ivoire ne se résume plus à un suivisme béat du leader. Il faut avoir un programme qui séduit. Ceux qui l’ont compris innovent à chaque moment.

Le Président Ouattara est passé de ‘’ADO solutions’’, ‘’Avec ADO’’ à ‘’Une Côte d’Ivoire solidaire’’. Le Ppa-CI est en retard. Certains d’entre eux parlent de la Refondation. Les Ivoiriens ont vu cette refondation à l’œuvre. La Côte d’Ivoire était dans un véritable marasme économique.

Que peut donc proposer Laurent Gbagbo aux Ivoiriens ? On comprend mieux ses propos, le 22 août, lors de sa conférence de presse : ‘’Je ne suis plus en envie d’être Président’’. Ce n’est pas qu’il a tout vécu, mais qu’il n’a plus de propositions.

L’enthousiasme d’octobre 2021 laisse progressivement la place au spleen. On cherche des solutions partout. Mais il faut le dire, ce sera un exercice difficile. De nombreux grosses têtes ont lâché l’opposant historique. Mamadou Koulibaly, Pascal Affi N’Guessan, Simone Gbagbo, Charles Blé Goudé, pour ne citer que ces quatre-là. Laurent Gbagbo en panne ? Tout semble l’indiquer.


Le 13/11/23 à 16:55
modifié 13/11/23 à 16:55