Obsèques de Ouassenan Koné : émotions à l’arrivée du corps à Katiola





La tradition, par le jeu des alliances à plaisanterie, était au rendez-vous, à l’arrivée du corps à Katiola. (photos : poro  dagnogo)
La tradition, par le jeu des alliances à plaisanterie, était au rendez-vous, à l’arrivée du corps à Katiola. (photos : poro dagnogo)
La tradition, par le jeu des alliances à plaisanterie, était au rendez-vous, à l’arrivée du corps à Katiola. (photos : poro dagnogo)

Obsèques de Ouassenan Koné : émotions à l’arrivée du corps à Katiola

Le 28/10/23 à 09:31
modifié 28/10/23 à 09:31
C’est à 10h 45, hier, sous un soleil de plomb, que le corbillard qui conduisait la dépouille mortelle du général Ouassénan Koné est arrivé à Katiola, la localité qui l’a vu naître un jour de l’année 1939. Le véhicule qui était escorté par des motards a marqué alors un premier arrêt à environ deux kilomètres du centre-ville. Parmi les membres de la délégation qui accompagnait le corps, se trouvait le Grand Chancelier, Ally Coulibaly. Fils de la région, il représentait le Chef de l’État Alassane Ouattara à ces funérailles. On notait également la présence de hauts dignitaires du Pdci-Rda, le parti du défunt. Entre autres, Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif de cette formation politique.

C’est avec la fanfare que le corps a été accueilli. Après quoi, le cortège dans lequel se trouvait le corbillard emprunta l’artère principale de la ville. Le long de cette voie, étaient massées de nombreuses personnes, avec une forte présence d’élèves en tenue kaki et en bleu et blanc. L’atmosphère était lourde ; et sur les visages crispés, se lisait la tristesse. On entendait siffler de loin les sirènes de plusieurs véhicules de la gendarmerie nationale, les phares allumés.

Le cortège avançait lentement pour faire un tour d’honneur. Il sillonna plusieurs artères de la ville. Au niveau du marché, les populations étaient en grand nombre ! Non loin du marché, des dozos, ces chasseurs traditionnels, bien connus dans le nord du pays, tiraient plusieurs coups de fusils de chasse en l’air. Pour rendre hommage à leur manière à un digne fils de la région. Ces bruits assourdissants fendaient le ciel de Katiola !

Des ressortissants de l’ouest ; des Yacouba, reconnaissables par leurs tenues qu’ils arboraient, arrêtèrent le corbillard. Ils étaient au nombre de sept, dont trois femmes. Elles se roulèrent par terre. Les hommes, eux aussi, à travers des chants, montraient qu’ils sont durement touchés par cette disparition brusque, le 8 août dernier.

«Il ne nous a pas dit au revoir. Et s’il devait le faire, ce n’est pas de cette manière. Dites-lui de descendre de son véhicule, pour venir nous saluer, avant qu’il ne prenne la route du ciel», exhorta l’un d’entre eux. Les gardes du corps tentaient de s’interposer pour laisser passer le véhicule. Mais, certaines personnes qui savent bien qu’il s’agit de jeux d’alliance à plaisanterie, leur demandèrent de ne pas s’en mêler.

Tout devint calme d’un coup

Le corbillard resta bloqué, impossible d’avancer. Gervais Coulibaly, fils de la région, au nom de la famille, sortit de son véhicule et vint en négociations. Très sereins, ces alliés du peuple Tagbana restèrent formels sur leur décision. Ils maintinrent leur véto. Enfin de compte, M. Coulibaly parvint à desserrer l’étau. Il eut gain de cause, mais contre des espèces sonnantes et trébuchantes ! Le cortège peut alors continuer son tour d’honneur.

Au niveau du siège du Pdci-Rda, le cortège marqua un bref arrêt. Une manière pour l’illustre disparu de faire ses adieux à son parti politique. Le cortège reprit sa route. Il passa alors devant l’hôtel de ville ainsi que plusieurs administrations publiques. Ici, les travailleurs étaient sortis massivement de leurs bureaux pour rendre, à leur manière, un ultime hommage au général Ouassénan Koné. Qui, assurément, emprunta, pour la toute dernière fois, les artères de sa ville natale. Ici également, la tristesse se lisait sur les visages.

Le corbillard, ainsi que les autres voitures du cortège se dirigèrent maintenant tout droit vers l’imposante cour du général Ouassénan, dont la clôture reste assez atypique. Du fait qu’elle fut construite avec des pierres en latérite, savamment taillées. A la porte, tous les véhicules sont sommés de marquer un arrêt. Les enfants, petits-enfants, ainsi que tous les autres membres de la famille Ouassénan doivent descendre de leurs véhicules.

Pour la plupart, de blancs vêtus, ils formèrent alors deux haies, de part et d’autre du corbillard. C’est donc de cette manière que le corps du défunt général fit son entrée dans la cour familiale. L’émotion était à son comble. Tout devint calme tout d’un coup. Certaines femmes, fortement émues, n’ont pas pu retenir leurs larmes. Et ont donc éclaté en sanglots. Le corbillard, les membres de la famille et la foule qui s’est massée dans la cour progressent timidement vers la chapelle que le général a bâtie dans sa cour.

Devant cette «petite église», à la demande des membres de la famille, les agents d’Ivosep sortirent du corbillard le cercueil. Et ce sont les enfants qui le firent entrer dans l’enceinte de cette chapelle. Et seuls eurent le droit d’y entrer les membres de la famille. Après l’entrée du cercueil dans la chapelle, la porte se referma aussitôt derrière eux. Dedans, des chants religieux montèrent au ciel pour souhaiter le traditionnel Akwaba à l’illustre fils du Hambol dont la foi et la croyance en Dieu n’ont jamais failli.

ENVOYÉ SPÉCIAL A KATIOLA

Le 28/10/23 à 09:31
modifié 28/10/23 à 09:31