Destruction des armes légères: gage de la lutte efficace contre le terrorisme







La destruction des armes légères et de petit calibre est une priorité du gouvernement de Côte d’Ivoire.
La destruction des armes légères et de petit calibre est une priorité du gouvernement de Côte d’Ivoire.
La destruction des armes légères et de petit calibre est une priorité du gouvernement de Côte d’Ivoire.

Destruction des armes légères: gage de la lutte efficace contre le terrorisme

Le 10/10/23 à 09:21
modifié 10/10/23 à 09:21
À la place d’armes Ouattara Thomas d’Aquin de l’état-major des armées (Abidjan-Plateau), ce 28 juillet 2023, l’heure est au recueillement et au souvenir. A la faveur de la célébration de la 3e édition de la fête des armées (commémoration de la création des armées ivoiriennes), l’occasion a été mise à profit pour honorer plusieurs soldats des Forces armées de Côte d’Ivoire (Faci). Trois d’entre eux, l’adjudant Tioté Ousmane, le sergent Konaté Zié et le soldat de première classe Kouamé Kouadio Henry Joël, ne passent pas inaperçus.

Handicapés physiques, assis dans des fauteuils roulants, ils sont conduits au milieu de la place d’armes pour recevoir leurs médailles des mains du Premier ministre, Patrick Achi. Victimes d’engins explosifs improvisés (Eei), le 13 janvier 2021, dans le nord du Mali, deux de ces militaires ne pourront plus jamais retrouver l’usage de leurs jambes, car devenus invalides à 80%. Le troisième, lui, handicapé à 60%, est une victime de l’attaque de Kafolo, le 10 juin 2020.

En effet, après l’attaque de Grand-Bassam en 2016, le nord de la Côte d’Ivoire qui partage la frontière avec le Burkina Faso (pays en proie au terrorisme) a été confronté à des attaques djihadistes, dès juin 2020. Au cours de cette année-là et de celle qui a suivi, au moins 18 éléments des forces de défense sont tombés au champ d’honneur, sous les balles assassines des djihadistes: Kafolo, le 11 juin 2020 et le 29 mars 2021; Kolobougou, le 29 mars 2021 et Tougbo, le 7 juin 2021.

Ici, le mode opératoire des groupes extrémistes violents, qui ont perpétré ces attaques, a fortement évolué. Des armes classiques qu’ils utilisaient jadis, ils sont passés à l’usage d’engins explosifs improvisés. A preuve, l’attaque du 11 juin 2021 au cours de laquelle trois militaires ivoiriens ont trouvé la mort, leur cargo ayant sauté sur un Eei, sur le tronçon Téhini-Togolokaye.

Le fait est qu’en plus des engins explosifs qu’ils utilisent, les terroristes qui s’adonnent à cœur joie aux actes terroristes dans le monde entier ont pour arsenal de prédilection, les armes légères et de petit calibre. «Les terroristes et les armes légères et de petit calibre sont comme des frères siamois», reconnaît le président de la ComNat Alpc, le contrôleur général de police Djokouehi Djibré Léon, pour montrer le lien étroit entre le terrorisme et ce type d’armes à feu.

Il n’a pas tort, car en Côte d’Ivoire comme dans les autres pays, les attaques terroristes se succèdent et se ressemblent. Leur dénominateur commun, c’est l’usage d’armes légères et de petit calibre. L’attaque de Grand-Bassam, le 16 mars 2016, est un exemple édifiant. Au cours de cet attentat revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), les agresseurs ont fait usage de fusils d’assaut AK47. Idem pour l’attaque sur l’axe Téhini-Zepo-Togolokaye, à Tougbo et aussi à Kafolo.

Machines à tuer

Au-delà de la Côte d’Ivoire, ce sont ces mêmes armes qui servent, en permanence, de machines à tuer, utilisées par les terroristes pour semer la désolation, la consternation et le désordre dans le monde entier. Ainsi, au cours de l’attaque terroriste de Ouagadougou (novembre 2016) qui a fait 30 morts, en plus d’engins explosifs, ce sont des armes automatiques qui ont été utilisées pour commettre ce massacre.

Une année avant (novembre 2015), au cours de l’agression perpétrée par l’État islamique (Ei) au Bataclan, à Paris, ce sont des AK47 et des ceintures et gilets explosifs qui avaient été utilisés. Toujours à Paris, dans l’attaque du journal satirique Charlie Hebdo (janvier 2015), 137 personnes ont trouvé la mort, les armes qui ont servi d’assaut sont des kalashnikov-AKM, autre catégorie d’armes légères de petit calibre.

«Les armes légères et de petit calibre ont une présence constante et de plus en plus marquée dans les actes terroristes. Les explosifs et les armes à feu étant les plus utilisées lors des attentats des Groupes armés terroristes (Gat) », conclut le président de la Commission nationale de lutte contre les armes légères et de petit calibre (ComNat-ALPC).

En termes de chiffres, selon les données officielles de la ComNat (qui s’appuie sur une enquête de Fondapol (Fondation pour l’innovation politique en France), au cours des attentats islamistes dans le monde (2013 à 2021), il a été enregistré 15 710 attentats par explosifs, 13 166 par armes à feu, 1798 autres par armes de contact (couteaux, machettes...) et 658 attentats par armes incendiaires».

Ainsi donc, de Grand-Bassam à Tougbo, en passant par Kafolo ; de Paris à Ouagadougou en passant par Bamako, les armes légères et de petit calibre occupent une place de choix, en termes de ressources militaires utilisées, hélas, par les hommes sans loi ni foi, les terroristes. Selon l’Onu, depuis la dernière décennie, 680 millions d’armes légères et de petit calibre circulent irrégulièrement dans le monde. Dont 8 millions et environ 40% des Alpc sont aux mains des civils, en Afrique de l’Ouest. Les armes légères et de petit calibre ont donc une «présence de plus en plus marquée dans le terrorisme», conclut le patron de la ComNat-Alpc

Du coup, se pose avec acuité, le problème des moyens à mettre en œuvre pour faire cesser la circulation illégale de ces armes. De toute évidence, cela requiert un contrôle efficace. En Côte d’Ivoire, pour l’autorité en charge de gestion de la circulation des armes légères de petit calibre (ComNat-Alpc), ce contrôle passe par la gestion et la sécurisation des armes et munitions, le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité, la sensibilisation accrue des populations ainsi que l’appropriation des instruments juridiques internationaux de contrôle des Alpc.

En Côte d’Ivoire, selon un bilan dressé par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le général Vagondo Diomandé, à la date du 10 juillet 2023, «dans le cadre du Plan d’action de la Commission nationale de lutte contre les armes légères et de petit calibre créée en 2009, la Côte d’Ivoire a pu collecter et détruire, à ce jour, 24 345 armes, 2 635 mines anti- personnel et 6 336 munitions non explosées ».

Vaste réseau

En outre, il a rappelé que ce plan a permis de restaurer les armureries des forces de défense et de sécurité et de procéder à un renforcement de capacités des gestionnaires des stocks d’armes et de munitions. Il a été, par ailleurs, procédé au marquage des armes des forces armées. Enfin, ce programme national a permis de mettre sur pied une base de données nationale des armes et des munitions.

En termes de sensibilisation, les actions que mène la ComNat sont nombreuses. En effet, elle a mis en place, sur toute l’étendue du territoire national, un vaste réseau de points focaux.

«Ces points focaux ont pour rôle, d’une part, de collecter des données périodiques liées à la circulation et à la prolifération des Alpc dans leur zone. D’autre part, d’initier et d’accentuer les activités de sensibilisation aux dangers liés à leur utilisation, en vue du dépôt volontaire des armes et munitions illégalement détenues», a assuré, en novembre 2022, la secrétaire exécutive de la ComNat-Alpc.

Concernant la législation, la Côte d’Ivoire dispose de textes règlementaires pour canaliser la circulation des armes légères. Il y a le décret n° 99-183 du 24 février 1999 portant réglementation des armes et munitions. Il définit «les catégories d’armes prohibées » sur le sol ivoirien. Et prévoit aussi des exceptions à la règle, en termes d’acquisition, de fabrication, de commercialisation, d’importation et de transport.

En fait, depuis la fin de la crise post-électorale en 2011, dans son combat contre la circulation illicite des armes légères, le gouvernement a pris le taureau par les cornes. Il a mis en place un plan d’action contre les Alpc. Il est articulé autour des cinq piliers majeurs, avec un accent particulier mis sur la promotion de la paix, la mise en œuvre de programmes de sensibilisation sur les dangers liés aux Alpc, etc.

Pour le ministre Vagondo, les résultats actuels en matière de lutte contre la circulation illicite des armes légères sont encourageants. Mais il reste à relever un certain nombre de défis, dans l’actuel contexte marqué par des menaces sécuritaires nouvelles telles que le terrorisme. C’est pourquoi, à la cérémonie marquant la Journée internationale de la lutte contre les armes legères et de petit calibre, le 10 juillet 2023, il a annoncé le renforcement, bientôt, du cadre juridique des Alpc.

A travers, notamment, l’adoption d’un projet de loi portant régime juridique des armes légères, des munitions et du matériel connexe. Il a également annoncé qu’il sera adopté, avec toutes les parties prenantes, «une stratégie nationale pour la prévention, le contrôle et l’éradication des Alpc», en rapport évidemment avec la stratégie de l’Union africaine et celle de la Cedeao. Aussi a-t-il invité l’ensemble de la communauté nationale à faire sienne le combat pour l’éradication les Alpc. « J’en appelle à la mobilisation de tous pour une Côte d’Ivoire débarrassée des Alpc», a-t-il exhorté.

MARCEL APPENA

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#accroche

Le combat contre le terrorisme passe par l’éradication des armes légères et de petit calibre.

Le 10/10/23 à 09:21
modifié 10/10/23 à 09:21