Hommage à une grande combattante de la démocratie: Henriette Dagri Diabaté, grande chancelière honoraire
La Première dame ne croyait pas si bien dire. Le parcours de celle qu’on peut aussi appeler la ‘’Grande royale’’ est tout un programme et une source d’inspiration. Tous ceux qui ont lu ‘’L’aventure ambiguë’' du Sénégalais Cheikh Hamidou Kane connaissent le personnage de la ‘’Grande royale’’. C’est une femme d’autorité, responsable, pleine de grâce et de générosité. Une femme parmi les hommes qui a de l’influence. De l’autorité et le sens des responsabilités, Henriette Dagri Diabaté en a. Elle a dirigé le Rdr dans des moments de braise; les années 98-99 qu’on peut qualifier d’années d’inquisition. Les cadres étaient traqués. Loin de nous l’idée de raviver les moments de douleur ou de remuer le couteau dans la plaie. Il s’agit juste de montrer la résilience d’une femme dans son combat pour la liberté, pour la démocratie vraie. Elle a connu l'univers carcéral. En octobre 1999, elle est condamnée à deux ans de prison pour, selon les autorités de cette époque, incitation à la violence. Cette période était celle du délit de faciès et de boubou. Pour peu, on taxait des personnes d’étrangères. C’était sous le règne de la xénophobie.
Henriette Rose Dagri Diabaté s’est dressée, comme Rosa Park ou Ella Baker, contre cette dérive. Elle s’est retrouvée, pour cela, à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Ceux qui la côtoyaient témoignent que ses conditions de détention n`étaient pas des plus faciles, car si les membres masculins de son parti se sont retrouvés entre eux, elle, la seule femme du groupe, était complètement isolée, partageant sa cellule avec des prisonnières de droit commun. Malgré tout, elle avait le moral haut. Mieux, elle était le soutien moral des détenus de la Maca.

Ses proches rapportent qu’elle, l`intellectuelle, a repeint en vert les murs des cellules, distribué la nourriture fournie par les amis qui se pressaient aux portes de la prison, branché des ventilos dans l`étuve insoutenable, accéléré la procédure de jugement pour les oubliés des services de justice, mis sur pied des séances de gym, etc. Elle était devenue ‘’la cheffe de village’’.
En 2000, après des élections calamiteuses, elle est en première ligne du combat pour la reprise du scrutin. Elle est à nouveau inculpée pour atteinte à l'ordre public. Sans la comparer à la très Sainte Vierge Marie, Henriette Dagri Diabaté a vécu, dans la dignité, le supplice de son fils, Jean Philippe Kaboré, frappé à mort en décembre 2001 par les forces de défense et de sécurité.
Malgré toutes vicissitudes, sa foi en le Président Ouattara n’a jamais vacillé et sa loyauté ne s'est aucunement détournée. Cette femme de devoir et de conviction a su mener à bien toutes les missions qu'il lui a confiées. Une personnalité de sa trempe mérite une célébration toute particulière, un hommage grandiose. Et c’est ce qu’a fait le Président Ouattara en lui donnant le titre de Grande chancelière honoraire. Et c’est ce que nous faisons en lui consacrant cette page. Ses actions, à travers les différentes fonctions et portefeuilles ministériels qu’elle a occupés, ses choix et ses décisions ont eu un impact positif sur l’évolution de la Côte d’Ivoire. Elle est à l’origine de la naissance du Palais de la culture et du Marché des arts du spectacle africain. Il faut constamment l’honorer.