La menace qui plane sur les têtes de liste

Ph: aip

La menace qui plane sur les têtes de liste

Le 21/09/23 à 06:01
modifié 21/09/23 à 06:01
Après le scrutin du 2 septembre, une autre élection attend les conseillers municipaux. Et elle a débuté depuis : c’est celle des maires. Tout n’est donc pas gagné pour celui qui était la tête de la liste vainqueur. Les textes sont clairs à ce sujet. Pour les municipales, on parle, en règle générale, de l’élection des conseillers municipaux. Si dans les faits, on voit un leader qui est au four et au moulin pendant la campagne électorale, devant la loi, tous les conseillers municipaux sont égaux.

Après l’élection de la liste et non de la personne qui la conduisait, tout membre du conseil peut se porter candidat pendant l’élection du maire qui se tient lors de la première réunion du conseil municipal. Après quoi, il y a aussi celle de ses adjoints. On peut conduire une liste de conseillers municipaux et ne pas être le maire. C’est le cas à Tioroniaradougou où celui qui était au-devant de la liste, Coulibaly Nanga Dieudonné, de surcroît maire sortant, n’a pas pu se faire réélire par le conseil municipal qui lui a préféré le conseiller municipal Silué Sékou. Cela n’est ni une trahison ni une duplicité.

Après les moments d’émotion, il faut savoir que c’est une preuve de l’expression de la démocratie tant souhaitée par tous. Le maire est élu au suffrage universel indirect. Les populations élisent les conseillers municipaux qui deviennent les grands électeurs. L’attribution des postes de conseillers municipaux, qui se fait en fonction du pourcentage obtenu par les listes qui ont gagné ou perdu les élections, peut être un atout pour le conseiller qui a caché son jeu.

Cette menace, comme une épée de Damoclès, plane sur la tête de tous ceux qui conduisent une liste. En effet, 13 octobre 2018, coup de tonnerre à Daloa. Le maire sortant, Samba Coulibaly, est tombé face à Auguste Stéphane Gbeuly, simple conseiller sur la liste à qui on ne prêtait aucune ambition. Candidat à l’élection du maire, il a coiffé au poteau celui qui avait pourtant porté la liste, en obtenant 24 voix contre 22 pour le maire sortant.

Avant ce fait, il y a un autre plus ancien. C’est le coup de poker de Me julien Konan Mondon, maire de Koumassi de 1985 à 1988. En 1985, dans le cadre de la démocratie en interne dans un contexte de parti unique, deux listes s’affrontent : celle du maire sortant Adhout Cyr Saint Omer, administrateur de société, ‘’Union pour Koumassi dans la continuité’’ et le listing d’Adou Assalé, planteur, ‘’Koumassi 85’’. Après consultation des populations, la dernière liste sort vainqueur de cette confrontation. Selon Adou Assalé, tout baigne. Il s’attend à être élu maire. Mais le jour du vote, un simple conseiller municipal de sa liste se porte candidat. Il s’agit de Me Julien Konan Mondon, bien connu pour avoir été président du Stade d’Abidjan, club de football. Il sort vainqueur de cette élection et devient maire de Koumassi jusqu’en 1988. Sous la plume d’Alfred Dan Moussa, on peut revivre cet épisode dans Fraternité Matin du mardi 31 décembre 1985 au mercredi 1er janvier 1986. Quolibets, propos enflammés. Tout y est passé. Une bataille rangée aurait pu éclater, n’eut été l’intervention des forces de l’ordre.

Au Plateau, en 2019, Jacques Éhouo l’a échappé belle. Il affrontait l’un de ses camarades de parti, le Pdci-Rda, le pharmacien Parfait Kouassi. Avec 13 voix contre 12, il s’est installé dans le fauteuil de maire. La démocratie a des exigences qu’il faut respecter.



Le 21/09/23 à 06:01
modifié 21/09/23 à 06:01