Anthony Nkinzo, DG de l'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements de la RDC
Anthony Nkinzo : « L’avenir du monde est en train de se jouer en RDC ».
Présent à Abidjan dans le cadre de la 9e édition du Business Forum de Makutano, premier réseau d'affaires d'Afrique centrale, le directeur général de l'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) et Président du Réseau International des Agences Francophones de Promotion des Investissements (RIAFPI) évoque ledit forum et explique l'intérêt d'une telle rencontre.
Vous êtes le directeur général de l'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) et Président du Réseau International des Agences Francophones de Promotion des Investissements (RIAFPI). Pouvez-vous nous présenter ces deux structures ?
L’ANAPI est un établissement public, organe conseil du gouvernement central et des gouvernements provinciaux de la République Démocratique du Congo en matière de promotion des investissements et d’amélioration du climat des affaires. Notre rôle, comme toutes les agences de promotion des investissements, c’est de faire la promotion de l’image positive de la RDC et des opportunités d’investissements qu’elle offre, de faire le plaidoyer sur les questions du climat des affaires et de jouer un rôle catalyseur dans le besoin de booster la croissance économique. Cela passe par la création des opportunités, la promotion des potentialités et par des incitations diverses. Celles-ci permettent aux investisseurs, qu’ils soient nationaux comme étrangers, de développer facilement leurs affaires. Notre mission se résume donc à la promotion des investissements, à l’amélioration du climat des affaires et à l’accompagnement des opérateurs économiques. En ce sens, le travail de l’agence est transversal ; nous travaillons en synergie avec toutes les institutions du pays, autant publiques que privées.
Le RIAFPI, pour sa part, est une Plateforme de concertation, d’échanges d’informations et d’expertises visant au renforcement des performances, de la coopération et de la solidarité entre les Agences de Promotion des Investissements Francophones. Le Réseau a été créé le 17 mars 2014 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il compte à ce jour 20 APIs : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, France, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Liban, Mali, Maroc, Niger, République Démocratique du Congo, République du Congo Brazzaville, Sénégal, Tchad, Îles Maurice, Haïti.
L’objectif principal du réseau reste celui de bâtir une communauté francophone économiquement dynamique, forte, prospère au service d’un développement humain durable.
A ce propos, vous vous mettez en mission de faciliter ce que vous appelez le dialogue public-privé. En quoi cela consiste ?
Il faut aujourd’hui un rapprochement entre le secteur public et le secteur privé. On ne peut pas faire de la croissance dans un pays, sans que le secteur public ne joue un rôle important. Or, pour savoir quels sont les vrais défis et challenges du secteur privé, il faut qu’il y ait une oreille attentive de la part du secteur public, un échange, un dialogue. Le secteur public a aussi le devoir de dire au secteur privé : voici l’ambition que nous avons dans le développement du pays. C’est dans ce cadre que nous avons les foras, les ateliers, les réunions. Nous avons mêmes des propositions de réformes qui émanent du secteur privé.
Justement, vous êtes en Côte d’Ivoire, dans le cadre d’un forum économique Makutano. En quoi consiste ce forum ?
Makutano, ça signifie le lieu « où les gens se rencontrent ». C’est un business forum qui nous permet de réunir les décideurs africains, les mobiliser et les fédérer autour du développement de l’Afrique. C’est déjà important. Ensuite, il faut que le continent se développe par lui-même. Si nous restons et demeurons sans rien faire, personne ne développera l’Afrique à notre place. Si nous sommes venus en Côte d’Ivoire, c’est pour montrer l’intérêt de ce lien entre les différents pays d’Afrique. Nous n’allons pas nous développer si nous ne sommes pas dans une inter-coopération. Vous vous rendez-vous compte qu’il faut des visas pour nous rendre dans nos différents pays ? L’une des grandes initiatives en cours aujourd’hui, c’est de parvenir à une libre circulation véritable de personnes et des biens de sorte qu’il puisse avoir une croissance économique conséquente. Vous rendez-vous compte que pour passer d’un pays africain à l’autre, il faut absolument transiter par un autre ? Il faut des initiatives qui permettent que les transitions se fassent directement. Vous rendez-vous compte que c’est plus difficile d’acheter dans un pays africain à partir d’un pays africain que d’acheter dans un pays étranger à partir d’un pays africain ? Il faut davantage promouvoir les relations et le business entre décideurs.
Ce forum Makutano est à sa neuvième édition et c’est la première qu’il a lieu en dehors de la RDC...
C’est une véritable réussite que nous sommes en train de réaliser. La réussite, c’est d’avoir pu gagner le pari de venir dans un pays africain.
Votre délégation, on l’annonce très forte, mêlant opérateurs économique et acteurs politiques...
C’est la preuve du dialogue public-privé. Et la meilleure preuve de ce dialogue, c’est que nous avons notre Premier ministre. Il rencontrera son homologue ivoirien Patrick Achi. En plus, nous avons au moins sept ministres. Notamment, le vice-premier Ministre, ministre de l’économie et des finances et le ministre du commerce extérieur. C’est vous dire que le politique se met à côté du secteur privé afin de favoriser l’éclosion de l’entrepreneuriat et d’investissements étrangers intra-africains.
Quel est le rôle de votre pays au niveau de la Zlecaf ?
Est-ce qu’on peut se passer de la RDC lorsque vous regardez l’Afrique ? Déjà, le positionnement géostratégique. Nous sommes au centre de l’Afrique. Lorsque vous observez toutes les initiatives en cours, vous voyez bien que pour passer du sud au nord ou du nord au sud, il faut passer par la RDC.
La RDC, ça fait aujourd’hui combien d’âmes ?
Nous avons 110 millions d’habitants. Avec les 9 pays autour, nous avons 250 millions de consommateurs. Nous sommes le numéro un mondial du cobalt. Nous avons un potentiel agricole qui peut nourrir toute l’Afrique. Nous avons un potentiel hydroélectrique qui peut aujourd’hui donner de l’électricité toute l’Afrique. Nous ne négligeons pas les autres pays. Nous dévons nous mettre ensemble. Ensemble, nous irons plus vite. La RDC joue un rôle extrêmement important. On ne peut s’en passer. Savez-vous que l’avenir du monde est en train de se jouer en Afrique ? Cela revient à dire que l’avenir du monde est en train de se jouer en RDC.
Quel regard avez-vous sur la coopération économique entre la Rdc et la Côte d’Ivoire ?
Le président de la fédération des entreprises du Congo (FEC) est là. C’est pour vous montrer combien le secteur privé du Congo est en train de mettre en place ce partenariat avec le secteur privé de la Côte d’Ivoire. Et nous sommes en train de travailler sur la suppression des barrières. Les discussions entre les deux espaces se mettent en place pour arriver à une suppression des barrières à travers une libre circulation des personnes et des biens. Enfin, sur les questions de l’anacarde, du café, du cacao, nous devons profiter de l’expérience agricole de la Côte d’Ivoire. Aussi, ce partenariat qui se met en place doit-t-il prévoir des transferts de compétences et de technologies de sorte à faire prévaloir un label africain, précisément un label RDC-Côte d’Ivoire.
Au niveau des expériences économiques ivoiriennes et congolaises, quels sont les points des convergences que vous comptez booster et les points de divergences que vous comptez travailler à réduire ?
Le premier point de convergence, c’est la volonté politique. Cette volonté politique, elle est là qui consiste à faire en sorte que les pays africains fassent confiance aux pays africains. Nous avons, à ce propos, échangé utilement avec le premier ministre Patrick Achi en Rdc dernièrement. Le deuxième point de convergence, ce sont les similitudes sur les questions climatiques. Si vous regardez les cultures ou les productions agricoles, vous vous rendez compte qu’elles sont les mêmes (le café, cacao, huile de palme etc.). Cela amène à constater que nos techniques doivent être les mêmes. Le point de divergence, c’est au niveau de la monnaie. Vous êtes dans la zone Cfa. Nous avons notre monnaie. Nous sommes arrimés au dollar. Vous êtes arrimés à l’Euro. Le défi, c’est de voir comment tout ceci peut arriver à s’harmonier sur le plan monétaire. L’autre divergence, c’est que nous sommes issus de régions de coopération économique souvent différentes. Là aussi, il faut de la volonté afin d’arriver à des ajustements nécessaires, dans le sens de rapprochements, sans pour autant aliéner la souveraineté des différents pays. Cela relève d’un processus.
Interview réalisée par Benoît Hili
Le RIAFPI, pour sa part, est une Plateforme de concertation, d’échanges d’informations et d’expertises visant au renforcement des performances, de la coopération et de la solidarité entre les Agences de Promotion des Investissements Francophones. Le Réseau a été créé le 17 mars 2014 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il compte à ce jour 20 APIs : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, France, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Liban, Mali, Maroc, Niger, République Démocratique du Congo, République du Congo Brazzaville, Sénégal, Tchad, Îles Maurice, Haïti.
L’objectif principal du réseau reste celui de bâtir une communauté francophone économiquement dynamique, forte, prospère au service d’un développement humain durable.
A ce propos, vous vous mettez en mission de faciliter ce que vous appelez le dialogue public-privé. En quoi cela consiste ?
Il faut aujourd’hui un rapprochement entre le secteur public et le secteur privé. On ne peut pas faire de la croissance dans un pays, sans que le secteur public ne joue un rôle important. Or, pour savoir quels sont les vrais défis et challenges du secteur privé, il faut qu’il y ait une oreille attentive de la part du secteur public, un échange, un dialogue. Le secteur public a aussi le devoir de dire au secteur privé : voici l’ambition que nous avons dans le développement du pays. C’est dans ce cadre que nous avons les foras, les ateliers, les réunions. Nous avons mêmes des propositions de réformes qui émanent du secteur privé.
Justement, vous êtes en Côte d’Ivoire, dans le cadre d’un forum économique Makutano. En quoi consiste ce forum ?
Makutano, ça signifie le lieu « où les gens se rencontrent ». C’est un business forum qui nous permet de réunir les décideurs africains, les mobiliser et les fédérer autour du développement de l’Afrique. C’est déjà important. Ensuite, il faut que le continent se développe par lui-même. Si nous restons et demeurons sans rien faire, personne ne développera l’Afrique à notre place. Si nous sommes venus en Côte d’Ivoire, c’est pour montrer l’intérêt de ce lien entre les différents pays d’Afrique. Nous n’allons pas nous développer si nous ne sommes pas dans une inter-coopération. Vous vous rendez-vous compte qu’il faut des visas pour nous rendre dans nos différents pays ? L’une des grandes initiatives en cours aujourd’hui, c’est de parvenir à une libre circulation véritable de personnes et des biens de sorte qu’il puisse avoir une croissance économique conséquente. Vous rendez-vous compte que pour passer d’un pays africain à l’autre, il faut absolument transiter par un autre ? Il faut des initiatives qui permettent que les transitions se fassent directement. Vous rendez-vous compte que c’est plus difficile d’acheter dans un pays africain à partir d’un pays africain que d’acheter dans un pays étranger à partir d’un pays africain ? Il faut davantage promouvoir les relations et le business entre décideurs.
Ce forum Makutano est à sa neuvième édition et c’est la première qu’il a lieu en dehors de la RDC...
C’est une véritable réussite que nous sommes en train de réaliser. La réussite, c’est d’avoir pu gagner le pari de venir dans un pays africain.
Votre délégation, on l’annonce très forte, mêlant opérateurs économique et acteurs politiques...
C’est la preuve du dialogue public-privé. Et la meilleure preuve de ce dialogue, c’est que nous avons notre Premier ministre. Il rencontrera son homologue ivoirien Patrick Achi. En plus, nous avons au moins sept ministres. Notamment, le vice-premier Ministre, ministre de l’économie et des finances et le ministre du commerce extérieur. C’est vous dire que le politique se met à côté du secteur privé afin de favoriser l’éclosion de l’entrepreneuriat et d’investissements étrangers intra-africains.
Quel est le rôle de votre pays au niveau de la Zlecaf ?
Est-ce qu’on peut se passer de la RDC lorsque vous regardez l’Afrique ? Déjà, le positionnement géostratégique. Nous sommes au centre de l’Afrique. Lorsque vous observez toutes les initiatives en cours, vous voyez bien que pour passer du sud au nord ou du nord au sud, il faut passer par la RDC.
La RDC, ça fait aujourd’hui combien d’âmes ?
Nous avons 110 millions d’habitants. Avec les 9 pays autour, nous avons 250 millions de consommateurs. Nous sommes le numéro un mondial du cobalt. Nous avons un potentiel agricole qui peut nourrir toute l’Afrique. Nous avons un potentiel hydroélectrique qui peut aujourd’hui donner de l’électricité toute l’Afrique. Nous ne négligeons pas les autres pays. Nous dévons nous mettre ensemble. Ensemble, nous irons plus vite. La RDC joue un rôle extrêmement important. On ne peut s’en passer. Savez-vous que l’avenir du monde est en train de se jouer en Afrique ? Cela revient à dire que l’avenir du monde est en train de se jouer en RDC.
Quel regard avez-vous sur la coopération économique entre la Rdc et la Côte d’Ivoire ?
Le président de la fédération des entreprises du Congo (FEC) est là. C’est pour vous montrer combien le secteur privé du Congo est en train de mettre en place ce partenariat avec le secteur privé de la Côte d’Ivoire. Et nous sommes en train de travailler sur la suppression des barrières. Les discussions entre les deux espaces se mettent en place pour arriver à une suppression des barrières à travers une libre circulation des personnes et des biens. Enfin, sur les questions de l’anacarde, du café, du cacao, nous devons profiter de l’expérience agricole de la Côte d’Ivoire. Aussi, ce partenariat qui se met en place doit-t-il prévoir des transferts de compétences et de technologies de sorte à faire prévaloir un label africain, précisément un label RDC-Côte d’Ivoire.
Au niveau des expériences économiques ivoiriennes et congolaises, quels sont les points des convergences que vous comptez booster et les points de divergences que vous comptez travailler à réduire ?
Le premier point de convergence, c’est la volonté politique. Cette volonté politique, elle est là qui consiste à faire en sorte que les pays africains fassent confiance aux pays africains. Nous avons, à ce propos, échangé utilement avec le premier ministre Patrick Achi en Rdc dernièrement. Le deuxième point de convergence, ce sont les similitudes sur les questions climatiques. Si vous regardez les cultures ou les productions agricoles, vous vous rendez compte qu’elles sont les mêmes (le café, cacao, huile de palme etc.). Cela amène à constater que nos techniques doivent être les mêmes. Le point de divergence, c’est au niveau de la monnaie. Vous êtes dans la zone Cfa. Nous avons notre monnaie. Nous sommes arrimés au dollar. Vous êtes arrimés à l’Euro. Le défi, c’est de voir comment tout ceci peut arriver à s’harmonier sur le plan monétaire. L’autre divergence, c’est que nous sommes issus de régions de coopération économique souvent différentes. Là aussi, il faut de la volonté afin d’arriver à des ajustements nécessaires, dans le sens de rapprochements, sans pour autant aliéner la souveraineté des différents pays. Cela relève d’un processus.
Interview réalisée par Benoît Hili