Madagascar: quand déstabiliser et instrumentaliser deviennent des instruments du jeu politique

Madagascar: quand déstabiliser et instrumentaliser deviennent des instruments du jeu politique

Mardi 29 août, plusieurs médias ont donné écho à une fausse convocation devant la Tribunal de Première Instance du Président de la République de Madagascar, sur la base d'un document qui aurait donc fuité en toute illégalité. Cette méthode et la date de la convocation devait inciter à la prudence. Les fake news et documents falsifiés foisonnent ces dernières semaines sur les réseaux sociaux malgaches, et font écho plus largement au phénomène de désinformation qui bouleverse le continent africain.

La procureure de la République de Madagascar, Madame Rakotoniaina Narindra, a pu rétablir la vérité et démenti lors d'une déclaration officielle filmée qu'un tel document ait été émis, et rappelant l'absence de base légale pour qu’une telle convocation voit le jour.

Encore une fois, l'opposition malgache, à court d'arguments, tente d'instrumentaliser par tous moyens le non sujet sur la non constitutionalité de la double nationalité du Président Andry Rajoelina – débat pourtant tranché par un arrêt de la Haute Cour Constitutionnelle de la République de Madagascar.

En effet, et d’après les juristes sérieux qui se sont toutefois penchés depuis mardi soir sur ce document, un tel document n'a aucune valeur juridique sur le fond. Sans décret du gouvernement autorisant la perte de nationalité, le Président, comme des dizaines de milliers de concitoyens, peuvent porter la double (voire la triple) nationalité.

Cela a été confirmé par la HCC, dans sa fin de non-recevoir à la plaignante Fanirisoa Ernaivo, ex-magistrate radiée pour apologie de meurtre, dans son arrêt 04-HCC/AR du 22 août 2023, qui s'applique aux autres juridictions.

Que cette polémique ait pris depuis son origine médiatique étrangère suspecte, cette portée politique auprès d'une opposition désarmée sinon disqualifiée, envers et contre tous les éléments juridiques à disposition des citoyens, n'est en rien étranger à l'échéance électorale à venir. Si le Président ne s'est pas encore officiellement déclaré candidat à sa réélection, ces attaques sont le signe d'une manœuvre stérile pour éviter d'avoir à l'affronter, soulignant la menace, dans le cas où il se présenterait.

Il y a quelques semaines, Siteny Randrianasoloniaiko, candidat à l’élection mais surtout Président du comité olympique de Madagascar, surenchérissait dans sa polémique de non tenue ou désorganisation concernant les Jeux des îles de l’Océan indien, dont, pour rappel, Madagascar est pays hôte. Évènement qui se déroule depuis le 25 août dernier et connaîtra sa cérémonie de clôture ce dimanche 03 septembre.

D'autres voix de l'opposition ont saisi l’opportunité de dénoncer une corruption endémique au cœur du gouvernement. Dans l’intervalle, la Directrice de cabinet présidentiel a été limogée sans coup férir sur la base d'un soupçon d'une enquête anglo-saxonne et les autorités de lutte contre ce fléau publiaient leurs chiffres faisant apparaître un nombre sans précédent de procédures ouvertes et de mesures fermes du gouvernement depuis le début du mandat du Président.

La faiblesse de ces gesticulations rappelle ce mot d’esprit de l’humoriste Coluche : « Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison. »

Pendant que le président élu et en exercice court le pays, sans chercher à se pavaner sous les lumières des Jeux organisés dans son pays, pour inaugurer un guichet unique permettant à la population d'une ville de province de traiter plus simplement et à proximité leurs démarches administratives quotidiennes, ailleurs un des centres de santé attendu depuis des décennies, il semble bien que la désinformation et les polémiques qui circulent sur les réseaux sociaux soient la seule arme restant à disposition d'une opposition atomisée dans ses ambitions et unie dans son incapacité à donner sens à une alternative politique.

Face à cela, nos sources auprès du Président Andry Rajoelina, font état d'une grande sérénité du Président et de la concentration des équipes tant de la Présidence que du Gouvernement. Le déroulement des Jeux des Îles fait l’objet d’une grande implication depuis des mois et leur réussite est d'ailleurs saluée par délégations et athlètes.

Loin des polémiques instrumentalisées sur les réseaux sociaux, la candidature « ne constitue pas une priorité pour le moment. Le Président de la République annoncera sa décision quand le moment sera opportun", souligne la ministre de la Communication, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo.

Si le mandat qui s'achève a vu un investissement forcené pour redresser l'Etat et sa présence dans ses missions régaliennes – routes et transports, éducation et santé – il reste beaucoup à faire et l'envie des équipes du Président de poursuivre ce travail transpire de chaque échange que vous pouvez avoir avec eux.

Jean Samuel Kondo