SOS pays en danger de mort. (Ph:DR)
La chronique de Venance Konan : SOS pays en danger de mort
Mon ami Vincent Toh Bi Irié a récemment publié une excellente tribune qui a fait beaucoup de bruits. Il y dénonçait la paresse qui semble être devenue la principale activité dans notre pays, que cela soit dans le monde rural ou en milieu urbain.
Il y a une vingtaine d’années, j’avais écrit un livre intitulé « Robert et les Catapila », dans lequel je dénonçais le bradage des forêts par certaines populations de notre pays et leur détestation de l’effort physique.
Dans mon livre, je localisais ce phénomène dans une partie du pays. C’était le cas à l’époque, et ces populations étaient moquées par les autres pour leur paresse qui représentait leur signe distinctif. Aujourd’hui, comme le décrit si bien mon ami Toh Bi Irié, c’est tout le pays qui est gangréné. Effectivement, partout, au sud, au nord, à l’ouest, à l’est, au centre, on vend toutes les forêts. On ne cherche pas les moyens de les mettre en valeur, mais on les vend.
On les brade plutôt. Ou alors on les cède, pour très peu, aux orpailleurs qui les détruisent en polluant au passage tous nos cours d’eau. Les chefs de village, les autorités administratives, les gendarmes et policiers, tout le monde ferme les yeux sur cette destruction de nos terres, rivières, marigots et fleuves. Dans certaines régions on dit que les orpailleurs travaillent en réalité pour le compte de certaines autorités administratives ou politiques du coin.
Sinon comment comprendre que tout le monde laisse faire, alors que tout le monde voit les conséquences sur nos écosystèmes ?
Dans la région de Daoukro le fleuve Comoé est totalement pollué, au point qu’il a changé de couleur. Il en est de même du fleuve Nzi dans la région de Bocanda. Ne parlons pas des terres saccagées, que l’on ne peut plus cultiver, des villages spontanés qui se créent partout dans le sillage des orpailleurs avec toutes les nuisances que cela entraîne, à savoir, insécurité, prostitution, drogue, violence.
Dans de nombreuses régions, des élèves abandonnent l’école pour se livrer à l’orpaillage. On ne trouve plus personne pour aller travailler dans les plantations à cause de l’orpaillage. Parce que cette activité promet un enrichissement rapide qui souvent n’est qu’un leurre.
Combien de jeunes gens ne sont-ils pas morts dans des éboulements de terrain ! C’est ce rêve d’enrichissement rapide qui pousse aussi ces autorités administratives ou politiques à couvrir ces activités qui condamnent nos populations à leurs morts prochaines.
Vincent a aussi parlé de ces jeunes citadins qui ne veulent pas travailler. J’ai reconnu tant de jeunes de mon entourage proche ou lointain dans ses descriptions. Il y a tous ces jeunes gens qui, à longueur de journée, viennent me voir à Abidjan ou à Daoukro pour que j’aille chercher du travail pour eux.
Pour que, du haut de mon autorité, je passe des coups de fil pour les faire embaucher dans l’administration sans passer de concours, ou, pour que, fort de ma grande richesse, je leur donne de quoi aller payer je ne sais qui pour qu’ils entrent dans l’administration.
J’ai reconnu dans le papier de Vincent ce jeune homme de 32 ans à qui j’ai trouvé trois fois des stages, mais qui s’est fait renvoyer trois fois parce qu’il est trop pénible pour lui de se réveiller tôt pour arriver à l’heure au travail.
Actuellement la Côte d’Ivoire est en campagne électorale. C’est la « traite » pour tous ces paresseux. Ils savent que les différents candidats vont les arroser de billets de banques. C’est l’heure du chantage. « Si tu ne me donnes rien je ne voterai pas pour toi. »
Et après nous serons tous étonnés du faible taux de participation. Parce que ce qui intéresse bon nombre de jeunes gens dans les élections, c’est l’argent qu’ils pourront obtenir. Pour organiser des beuveries, leurs principales activités.
On récolte toujours ce que l’on sème. Des jeunes gens sont nos enfants. C’est nous qui les avons élevés. Avec quoi les a-t-on arrosés pour qu’ils grandissent et se développent ?
Chacun pourra rejeter la responsabilité sur les autres, sur la société toute entière, sur le gouvernement. Il serait bon que les parents que nous sommes, nous nous regardions sérieusement dans le miroir de nos consciences.
Venance Konan
Dans mon livre, je localisais ce phénomène dans une partie du pays. C’était le cas à l’époque, et ces populations étaient moquées par les autres pour leur paresse qui représentait leur signe distinctif. Aujourd’hui, comme le décrit si bien mon ami Toh Bi Irié, c’est tout le pays qui est gangréné. Effectivement, partout, au sud, au nord, à l’ouest, à l’est, au centre, on vend toutes les forêts. On ne cherche pas les moyens de les mettre en valeur, mais on les vend.
On les brade plutôt. Ou alors on les cède, pour très peu, aux orpailleurs qui les détruisent en polluant au passage tous nos cours d’eau. Les chefs de village, les autorités administratives, les gendarmes et policiers, tout le monde ferme les yeux sur cette destruction de nos terres, rivières, marigots et fleuves. Dans certaines régions on dit que les orpailleurs travaillent en réalité pour le compte de certaines autorités administratives ou politiques du coin.
Sinon comment comprendre que tout le monde laisse faire, alors que tout le monde voit les conséquences sur nos écosystèmes ?
Dans la région de Daoukro le fleuve Comoé est totalement pollué, au point qu’il a changé de couleur. Il en est de même du fleuve Nzi dans la région de Bocanda. Ne parlons pas des terres saccagées, que l’on ne peut plus cultiver, des villages spontanés qui se créent partout dans le sillage des orpailleurs avec toutes les nuisances que cela entraîne, à savoir, insécurité, prostitution, drogue, violence.
Dans de nombreuses régions, des élèves abandonnent l’école pour se livrer à l’orpaillage. On ne trouve plus personne pour aller travailler dans les plantations à cause de l’orpaillage. Parce que cette activité promet un enrichissement rapide qui souvent n’est qu’un leurre.
Combien de jeunes gens ne sont-ils pas morts dans des éboulements de terrain ! C’est ce rêve d’enrichissement rapide qui pousse aussi ces autorités administratives ou politiques à couvrir ces activités qui condamnent nos populations à leurs morts prochaines.
Vincent a aussi parlé de ces jeunes citadins qui ne veulent pas travailler. J’ai reconnu tant de jeunes de mon entourage proche ou lointain dans ses descriptions. Il y a tous ces jeunes gens qui, à longueur de journée, viennent me voir à Abidjan ou à Daoukro pour que j’aille chercher du travail pour eux.
Pour que, du haut de mon autorité, je passe des coups de fil pour les faire embaucher dans l’administration sans passer de concours, ou, pour que, fort de ma grande richesse, je leur donne de quoi aller payer je ne sais qui pour qu’ils entrent dans l’administration.
J’ai reconnu dans le papier de Vincent ce jeune homme de 32 ans à qui j’ai trouvé trois fois des stages, mais qui s’est fait renvoyer trois fois parce qu’il est trop pénible pour lui de se réveiller tôt pour arriver à l’heure au travail.
Actuellement la Côte d’Ivoire est en campagne électorale. C’est la « traite » pour tous ces paresseux. Ils savent que les différents candidats vont les arroser de billets de banques. C’est l’heure du chantage. « Si tu ne me donnes rien je ne voterai pas pour toi. »
Et après nous serons tous étonnés du faible taux de participation. Parce que ce qui intéresse bon nombre de jeunes gens dans les élections, c’est l’argent qu’ils pourront obtenir. Pour organiser des beuveries, leurs principales activités.
On récolte toujours ce que l’on sème. Des jeunes gens sont nos enfants. C’est nous qui les avons élevés. Avec quoi les a-t-on arrosés pour qu’ils grandissent et se développent ?
Chacun pourra rejeter la responsabilité sur les autres, sur la société toute entière, sur le gouvernement. Il serait bon que les parents que nous sommes, nous nous regardions sérieusement dans le miroir de nos consciences.
Venance Konan